Avions et moteurs Salmson

Le quizz permet une fois de plus le partage de documentation.
Quelques photos en sus du bien connu dossier historique de Gérard Hartmann --> https://hydroretro.net/etudegh/salmson.pdf

Le premier des avions Salmson connus est le Salmson 2A2, biplace de reconnaissance et d'attaque de la Grande Guerre, produit à environ 3.000 exemplaires à partir de 1917, notamment par Latécoère ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Salmson_2 ) - CPA :



Ces appareils seront produits après la fin de la Grande Guerre, en tant qu'appareils civils, pour le transport de riches passager, et de courrier, tel cet appareil, décollant du Bourget pour porter le courrier en Angleterre :



Dans les années 30, la société de Boulogne-Billancourt a également produit des avions de transport, tels ce Salmson D2 Phrygane N°2 F-ANIA de 1934 ( https://en.wikipedia.org/wiki/Salmson_Phrygane ) - Photo constructeur :

Un autre appareil produit à 340 exemplaires environ, popularisé par l'aviation populaire : le Salmson Cri-Cri D-6 & D-7.
--> https://www.passionair1940.fr/Armee%20de%20l%27Air/Appareils/Entrainement/Salmson-D6/Salmson-D6.htm
--> https://aviation-ancienne.forumactif.com/t7844-aviation-populaire-salmson-d6-cri-cri

Un de ces avions est actuellement en fin de restauration à Cerny/ La Ferté-Alais :







Un bénévole très compétant des "Casques de Cuir" m'a expliqué les éléments de son moteur 5 cylindres Salmson 5A :


Plus sur cette magnifique restauration --> https://www.lescasquesdecuir.fr/cricri-salmson/

Mais les premières création dans le domaine de l'aéronautique ne furent pas des avions, mais des moteurs. Pour cela, Henri Salmson, fabriquant de pompes, engagea 2 ingénieurs suisses, Georges Marius Henri-Georges Canton et Pierre Unné. Les premiers moteurs qu'ils conçurent étaient selon une architecture tombée aujourd'hui en désuétude : les moteurs à barillet ...

Le premier moteur produit : le type A de 2 x 7 cylindres et de 7,7 litres de cylindrée, développait 50CV en 1910 :


Parmi les derniers, ce Salmson type K de 11 litres de cylindrées en 2 x 7 cylindres développait 85 CV en 1912-13 ; il est au MAE :



Sources : https://jnpassieux.fr/www/html/SalmsonP9.php et https://www.hydroretro.net/etudegh/salmson.pdf
Voir aussi : https://aviation-ancienne.forumactif.com/t3907-moteur-statax-moteur-a-barillet

Mais dès 1912 la société passe à des fabrication plus classiques : des moteurs en étoile, mais refroidis par eau.

Un des premiers moteurs construits en grande série est le P9 de 150 CV, souvent appelé Canton-Unné plutoôt que Salmson, que l'on peut voir sur le Voisin LA5, avec ses radiateurs. L'appareil reconstruit est décoré comme l'avion de Frantz et Quesnault :





Mails il existe aussi au MAE un exemplaire qui a été exposé il y a une petite dizaine d'années :

Le Salmson 9Z fut produit à environ 3.000 exemplaires dès 1917. Il était toujours refroidi par eau et donnait 250 CV à 1.300 tours/minutes pour une cylindrée de 18,7 litres. Il sera encore utilisé dans les années 20 ...





Détails de l'embiellage et de la distribution sur cet exemplaire conservé au MAE :

.."Photographié à la volée et dans son stockage provisoire, ce petit Salmson, probablement un 9AD d'environ 50 CV, était destiné aux avionettes. Dominique, tu pourras peut-être nous en dire plus ? ...





P.S. Le texte sur la première photo de ce moteur est "REVISE MARS 19.. " suivi de "A.A.L. LY.. " (Lyon ?).

Comme promis Marc, et avec beaucoup de retard, voici quelques informations sur le moteur Salmson de la photo. Ce moteur appartient à la famille des moteurs « Ad » et vu son nombre de cylindres il s’agit bien d’un Salmson 9 Ad, parfois connu sous les désignations Ad 9, 9 AD ou encore A 9 Ad, etc. Dans les années 20 et début de années 30 on trouve toutes les variantes possibles, tant dans la presse spécialisée ou non, que dans les documents constructeurs traitant des aspects techniques ou produits à des fins publicitaires. Il semble qu’il était assez difficile de faire appliquer les normes de désignation chez certains constructeurs.

Pour revenir à la genèse de notre moteur, la guerre terminée, au début des années 1920, afin de satisfaire la « petite aviation » et de se créer de nouveaux débouchés, la firme Salmson s’intéresse aux moteurs de petits puissances et crée toute une gamme ayant comme point commun un ensemble « cylindre/piston/biellette/distribution haute » identique à tous les moteurs.

Les caractéristiques principales sont un alésage de 70 mm, une course de 86 mm et le rapport volumétrique est fixé à 5,6. Les cylindres disposés de façon radiale seront aux nombres de 3, 6 ou 9. Ce cylindre en acier à la particularité d’être borgne et donc de venir de fonderie avec sa culasse intégrée en alliage d’aluminium. L’embiellage est des plus classique avec bielle maitresse et biellettes, bye-bye les embiellages à pignons des brevets Canton-Unné.
La gamme se décline dans un premier temps en 3 puissances avec :
• le 3 cylindres type 3 Ad 12 ch homologué en juin 1923 ;
• le 6 cylindres type 6 Ad 25 ch homologués en juin 1925 ;
• le 9 cylindres 9 Ad 40 ch homologués en juin 1925.

Afin de réduire les coûts, il faut noter que le 6 cylindres reprend la totalité du carter moteur (en deux parties) du 9 cylindres. Les 3 logements aux cylindres vacants sont fermés par des plaques d’obturations fixées par les goujons qui retiennent normalement les cylindres.

Un peu plus tard viendrons s’ajouter 3 déclinaisons du moteur 9 cylindres :
• le 9 Adb 45 ch avec un double allumage et un régime de rotation de 2200 tr/min,
• le 9 Adr 60ch équipé d’un réducteur qui permet au moteur de tourner à 2700 tr/min sans pénaliser le rendement de l’hélice ;
• le 9 Aers 75 ch (1934) qui est un 9 Adr suralimenté parfois improprement désigné 9 Adrs.

Pour le Salmson 9 Ad (cylindres de première définition) qui nous intéresse, voici ses caractéristiques :

Architecture : radiale
Nb. Cylindres : 9
Alésage : 70 mm
Course : 86 mm
Cylindrée totale : 2,979 litres
Longueur : 0,690 m
Diamètre : 0,630 m
Masse du moteur complet en ordre de marche avec moyeux d’hélice, carburateur et magnéto sans silencieux : 68 kg.
Sans de rotation : positif
Allumage simple par magnéto Salmson type : AT 9
Consommation : 245 gr/ch/h

Évidemment tout ceci ne sont que des grandes lignes qui ne traitent pas chaque moteur dans le détail, mais notez q u’au fil du temps les moteurs Ad subiront quelques améliorations, les plus visibles seront la modification du refroidissement par une augmentation de la surface d’échange thermique avec un ajout d’ailettes sur le cylindre avec diminution du pas et surtout en coiffant le sommet du cylindre des vraies ailettes qui lui manquaient dans sa première définition, la culasse verra ainsi sa température beaucoup mieux régulée. Autre modification très visible, la mise en place d’une distribution entièrement protégée avec des fourreaux pour les tiges de culbuteurs et des boitiers « étanches » pour la culbuterie.

Coté histoire aéronautique, peu de moteurs peuvent revendiquer un tel palmarès. Plus de 15 records du monde de distance en ligne droite, en circuit fermé, d’altitude, de vitesse sur 100 km sur avions et hydravions légers de 2ème et 3ème catégorie.
Ce moteur est vraiment phénoménal, et comme dit la chanson, son nom mériterait d’être dans le journal de Claire C. …Il se contentera des « Ailes », de « L’Aérophile », « L’auto », « Paris soir », « Le Matin », etc…Je vous renvoie à la lecture des deux premiers pour avoir toutes les infos ou encore les compilations réalisées dans l’« Année Aéronautique » à partir de 1925.

Pour terminer je vous propose une liste non exhaustive des appareils français ayant été motorisés de façon permanente ou ponctuelle par un des moteurs « Ad ». Si vous avez des montages (sourcés) sur d’autres appareils français je suis preneur.

3 Ad 12 ch : Boishardy "Aviette", Dewoitine D 7, Farman Aviette, Salmson Béchereau SB 4

6 Ad 25 ch : Aviette Gateu

9 Ad 40 ch: A.A.L.L. 28 X, A.A.L.L. FL 04 , Abrial A3 "Oricou", Albert A 100 "Hirondelle", Albert A 100 R "Hirondelle", Albert A 120, Albert A 120 R, Albert TE 1, Albessard "Triavion" AL 1, Bassou FB 31, Bassou Rubis, Bourgois-Sénemaud AT 40, Brochet MB 31, Brochet MB 50 "Pipistrelle", Caudron C 109, Couzinet 30, Desmons, Dessenis "La Mouette", Dessenis AD 1 "L'Espérance", Farman F 230, Farman F 230 bis, Farman F 236, Farman F 360 "F-ALEM", Grenet G 47 n°01, Huc-Raynaud-Guiraud "Coutouli", Lacroix Nazaris LN 4 "Autoplan", Léger RL 2, Leopoldoff L3 "Colibri", Peyret Mauboussin PM XI, Williams 28 X, Indraéro Aéro 30, Mauboussin Zodiac 112 ou XII ???, Morane Saulnier MS 180, Morane Saulnier MS 185

9 Adb 45 ch : Bassou FB 31 n°2, Bastet 01, Brochet MB 70 n°1, Couyaud GC 01, Couzinet 100, Indraéro Aéro 110 n°01, Indraéro Aéro 20 n°01, Jodel D 11, Leopoldoff L3 "Colibri", Lucas L 4 "Baby-Lucas", Peyret Mauboussin PM 111, Peyret Mauboussin PM XII, Piel CP 211 "Pinocchio", Rigault RP 01 B, Starck AS 70 "Jac"

9 Adr :
Aéro-club de Suresnes A.C.S. n°01 "Abeille", Aucouturier Dugoua AD1 ou ADB, Blanchet JB 60-2 n°01 "Chanteclerc", Cabanes-Saissac CS 01 3, Caudron C 109, Chapeau JC 1 n°01 "Lévrier", Couzinet 103, Dessenis AD 1 "L'Espérance", Farman F 361, Jodel D 116, Mauboussin M 120/32 "Corsaire", Mauboussin M 120/34 "Corsaire", Mauboussin M 123 "Corsaire", Miettaux Ortolan, Parquet, Peyret Mauboussin PM 110, Salmson D 6 "Cricri", Starck AS 72, Zodiac M 120

9 Aers :
Romano R 15, Abrial "C 260", Mauboussin M 122 "Corsaire Major"

P.S. Le texte sur la première photo de ce moteur est "REVISE MARS 19.. " suivi de "A.A.L. LY.. " (Lyon ?).

Pour l'Amicale de l'Aviation Légère de Lyon créée en 1934

Eh bien, ça valait la peine d'attendre !!!
Déjà, une photo du Salmson 9ADb du Peyret-Mauboussin PM XI N°02

Le moteur Salmson 9ADr restauré par le Musée de l'Air et de l'Espace dans les années 2010 :

Marc_91 a écrit:

.."Photographié à la volée et dans son stockage provisoire, ce petit Salmson, probablement un 9AD d'environ 50 CV, était destiné aux avionettes. Dominique, tu pourras peut-être nous en dire plus ? ...



P.S. Le texte sur la première photo de ce moteur est "REVISE MARS 19.. " suivi de "A.A.L. LY.. " (Lyon ?).

Hypothèse sur l’origine de ce moteur marqué A.A.L.L.

Pour moi, ce moteur est très probablement celui qui équipa l’A.A.L.L. 28 X - F-PEAT dont la construction démarra avant la guerre. Le Max « Williams » Mourlot X 28 sera transformé avec un Salmson 9Ad 40 cv équipé d’une hélice bipale et obtient son CNRA en 1948 puis vola jusqu’en 1957, les propriétaires sont Georges Beraud et Jean Ferron de l’Amicale de l’Aviation Légère de Lyon (A.A.L.L.) A une date inconnue il sera remotorisé avec la Salmson Adr équipé d’une hélice tripale. Cet avion était à un moment stocké au GPPA avec peut être son Salmson 9 Adr.

Le moteur Salmson 9Ad désinstallé du 28 X sera remonté sur le Fellot Lacour FL3 qui devient ainsi le A.A.L.L. FL4 ou 04 - F-PJCV qui sera détruit suite à une panne de carburant vers 62-63. A ma connaissance ce sont les deux seuls avions de l’A.A.L.L à avoir été équipés de ce même moteur et je n’ai pas connaissance qu’il y eu un deuxième 9Ad à l’Amicale. Ce moteur est donc très probablement celui qui a équipé ces deux avions.
Marc, sais-tu où la photo a-t-elle été prise ?

Marc_91 a écrit:

Le moteur Salmson 9ADr restauré par le Musée de l'Air et de l'Espace dans les années 2010 :

Un beau 9 Adr dans une version à l'ailettage amélioré, le mien (j'ai la chance d'en avoir un!) est de la première génération avec des cylindres à l'ailettage plus primitif.

Dommage de voir des fils H.T. en si mauvais état à la sortie de magnéto sur un moteur qui semble sortir de restauration.

Quelques photos du Max Williams X-28 F-WEAT puis F-PEAT, trouvées sur le net :

• 
  https://www.peanut-scale.fr/cervia/68p1641.pdf et https://www.peanut-scale.fr/cervia/68p1643.pdf
  
  
• 
  Les Ailes du 5 Octobre 1947 page 12
  
  
• 
  https://www.secretprojects.co.uk/threads/french-light-civil-aircraft-helicopter-projects-and-prototypes.16010/
  
  
• 
  Page Spotter du N° de Septembre 1966 d'Aviation Magazine International

C'est une hypothèse très séduisante ...
Ce qui me retient, c'est la présence d'un disque entre le moteur et l'hélice de l'exemplaire récupéré, et la couleur de l'hélice.

Marc_91 a écrit:

C'est une hypothèse très séduisante ...
Ce qui me retient, c'est la présence d'un disque entre le moteur et l'hélice de l'exemplaire récupéré, et la couleur de l'hélice.

Pour moi aucune retenue, et c'est même plutôt une confirmation, sachant que ce disque n'est autre que le support de fixation du cône de l’hélice dont était équipé l’A.A.L.L. FL 04 (surnomé l'Ancêtre) bien visible sur cette photo.

Là, ça devient évident ! ...

Bravo pour cette belle enquête !!!

Pour agrémenter..

autres vues de l'A.A.L.L. F.L. 04 et de l'A.A.L.L. X 28

Pour relancer le sujet, Quelques photos prises lors de la restauration du moteur 9AB de 180CV de l'appareil de Pateras-Pescara dans les ateliers du MAE en 2008 :









Intégré dans le fuselage du Pescara 2R, avant montage des pales :

Pour donner suite à ce que j’ai écrit sur les moteurs Salmson « X » Ad, voici deux vues du 6 Ad, moteur peu connu car peu monté.



À ma connaissance, seuls deux appareils en ont été équipés, le premier est l’Avionnette de Léon GATEU qui lors de sa participation au concours de VAUVILLE 1925 a troqué son vieux moteur Anzani 3 cylindres de 1911 à bout de souffle contre un Salmson 6 Ad.



Le deuxième est le Roques-Lefolcalvez DS (S pour Salmson) F-AIDZ qui n’est rien d’autre qu’un avion hollandais Pander type D importé et initialement motorisé lui aussi par un Anzani.

Léon Gateu arrive avec son avionnette à Vauville le 23 Juillet, c’est la première avionnette française arrivée sur site.
Le 1er août Léon Gateu fait un joli vol de 300 à 400 mètres à bord de son avionnette. Il fausse son train d’atterrissage qui sera réparé en moins de 2 heures.
Le 2 août, lors des éliminatoires, les deux vols du matin et de l’après-midi se terminent sur panne « moteur ». Contrairement à ce que laisse sous-entendre l’article de l’Aéronautique il ne s’agit pas d’un problème lié au moteur, mais au réservoir qui a libéré des particules de rouille dans le circuit carburant.
Le 5 Août Léon Gateu tente à nouveau un vol comptant pour les éliminatoires mais une fuite à une canalisation de carburant le contraint à revenir au terrain après 2 tours. Réparation faite, il repart et réalise un joli vol de 50 km et un peu plus de 37min, alors qu’il doit monter à 2000 mètres pour valider son vol, il ne réussit pas à dépasser 420 m…
Au final, bien que n’ayant pas réussi les éliminatoires, Léon Gateu emporte le 1er prix de hauteur « André Gigault » d’un montant de 600 fr.

domavan a écrit:

Le deuxième est le Roques-Lefolcalvez DS (S pour Salmson) F-AIDZ qui n’est rien d’autre qu’avion hollandais Pander type D importé et initialement motorisé lui aussi par un Anzani.

Le voici avec son Anzani en Y :



Puis avec son Salmson 6Ad (airwar.ru) :