6-juin-40 (Victoires : 28 sûres et 11 probables. Pertes : 30)
Les armées françaises flanchent. La Somme est désormais franchie sur l’ensemble de son cours.
GC I/1 (Chantilly – MB. 152) : A 15h45, le terrain est l’objet d’un bombardement par un seul appareil, alors que l’échelon roulant est déjà parti en prévision du repli vers Chavenay-Villepreux. Les bombes de l’appareil allemand ont grièvement blessé à la jambe le général Pinsard, au visage le Cdt Mauriot, tué 3 soldats et a fait de nombreux blessés, sans compter la coupure des communications téléphoniques.
A 16h45, une patrouille quadruple commandée par le Cne Coutaud effectue une mission de couverture du secteur Montdidier-Roye. A 5000m, ils sont attaqués par des Bf 109 :
-Le Sgt Leprovost, tiré par un Bf 109, déguage trop sec et part en vrille
-Le S/C Teillet tente de grimper à son secours, mais il est égualement attaqué par l’appareil aux croix noires qui emporté dans son élan, vire devant Teillet ; le gibier se faisant chasseur, Teillet l’ajuste et l’abat
Sur le retour, la patrouille croise une formation de bombardiers et de Bf 110, que le Cne Coutaud attaque et abat l’un d’eux.
GC II/1 (Brétigny – MB 152) : Plusieurs appareils effectuent une mission de protection. Dans la région de Soissons, ils doivent faire face à des Bf 109 :
-Le sgt Chenelot, séparé de la patrouille, attaque 6 chasseurs ennemis ; il en abat un mais est à son tour abattu en flammes et saute en parachute. Mais les chasseurs allemands tirent sur le parachute, qui prend feu et le sgt Chenelot trouve la mort.
-Le sgt-chef Gaudron, l’appareil criblé de projectiles, tente de se poser mais son circuit pneumatique endommagé, il tente d’abaisser les volets. Un seul descend : il part en tonneau, suivi d’une vrille qu’il ne peut redresser. Il percute le sol et se tue sur le coup.
-L’adj Croq abat lui aussi un Bf 109 à 5 Km de Soissons
-Le Sgt Robert abat un dernier Bf 109
-Le capitaine Jatrzebski, abattu lui aussi, est porté disparu jusqu’au 22 juin.
GC I/2 (Damblain – MS. 406) : A 8h15, le Lt Chalupa effectue une mission de couverture du terrain. Il repère plus bas un Bf 109, mais l’information arrive trop tard.
Entre 10h40 et 11h10, une patrouille double effectue une couverture du terrain sur alerte. RAS.
A 11h30, une autre patrouille (de 5 pilotes) décollent, cherche vainement un Bf 109 qui est signalé.
Une patrouille triple s’oppose à des appareils ennemis, avec le GC II/5.
Le groupe a effectué 11 sorties en 2 missions.
GC I/3 (Meaux-Esbly – D. 520) : Une première mission de protection de bombardiers est effectuée par 12 avions se déroule de 10h45 à 12h25 dans le secteur de Péronne, en coopération avec des appareils des GC II/7 et GC III/7. Cependant, 2 doivent rentrer plus tôt que prévu pour cause de problèmes moteur. Le reste repère un « mouchard », puis ils rentrent.
Vers 14h00, 6 pilotes décollent pour un vol sur Paris, mais ils reviennent bredouilles après une heure de vol.
De 18h45 à 20h00, une dernière mission, de protection des bombardiers et Breguet d’assaut dans la région de Rozières-en-Santerre, est effectuée par 9 pilotes dans la région de Nesles, en coopération avec une patrouille moyenne du GC II/6 et une basse du GC I/8. Des Bf 109 attaquent la formation, et le combat s’engage :
-L’adj-chef Bourbon abat un « Emil », mais il est pris en chasse par un autre qui endommage son appareil. Cependant, le S/Lt Meudon vient à sa rescousse et abat deux appareils ennemis.
-Quant au S/L Blanck, il abat un dernier ennemi. Seule la dernière victoire sera confirmée.
-Le S/L Meudon s’offre ensuite un second Bf 110 dans le même secteur ; il lui sea comptabilisé commme « probable ». Puis il se joint à des Dewoitine et des Bloch qui venaient d’attaquer des Do 17 : l’un d’eux, qui a quitté sa formation en laissant échapper une fumée noire, lui sera homologué en collaboration avec le S/L Ronin du GC II/6
-Bourbon se pose sur le ventre dans un champ, il est brûlé aux pieds.
GC III/3 (Illiers-L’Evêque – MS. 406 et D. 520) : Le groupe effectue une mission de protection de Br. 693 dans la région d’Abbeville ; le Lnt Morin est légèrement blessé en combat aérien. Vers 16h, une patrouille de 7 appareils enguage des Bf 109, dont deux seront abattus respectivement par le Lnt Cizek et le sgt Stehlik.
GC I/4 (Evreux-Fauville – Curtiss H-75) : Décollant à 18h40, 18 appareils escortent dans l’après-midi un Potez 63.11. Les appareils doivent faire face à plusieurs patrouilles allemandes, qui font abandonner sa mission au potez et abattent 3 ou 5 Curtiss. 2 tués sont à déplorer :
-Le S/L de la Taille-Trétinville a sauté, mais son parachute ne s’est pas ouvert
-Le Lnt Audemard d’Alençon s’est écrasé avec son appareil près d’Horvillers
-Le Lnt Weiss est porté disparu, mais on ne retrouvera jamais son corps
-Le Lt Burda, en panne d’essence, se pose en campagne
-Le caporal-chef Sticka, blessé, s’écrase au sol ; son appareil est détruit.
Cependant, les français ont abattu 5 Bf 109 sûrs, et 3 probables.
GC II/4 (Orconte – Curtiss H-75) : Décollant à 6h30, une patrouille double effectue une mission de couverture sur le même secteur que précédemment. 6 Bf 109 tombent soudainement sur la patrouille haute : «
Plubeau fait demi-tour en reprenant de l’altitude, mais il ne peut arriver avant que les Boches n’aient réussi à faire du grabuge.
Fauconnet en a un dans le dos tout de suite. Il a pris une bonne giclée qui a mis son avion hors de combat. Lui-même, blessé à la jambe, n’a plus grand-chose à faire : rentrer au terrain où nous le voyons arriver sans fierté, et où, après avoir vainement tenté de sortir le train, il est obligé de se poser sur le ventre. Jaussaud a pu, au cours du combat, se mettre dans la queue d’un messerschmitt, et l’arroser copieusement : il est fort probable qu’il l’a descendu. Il l’a abandonné avec de la fumée caractéristique aux fesses, mais il y en avait un autre derrière qui devenait mordant et a dû se dégager. Il ne ressort de l’issue de ce combat qu’une assez forte confusion dans l’ordonnance de nos patrouilles. Seuls Plubeau et Hlobil se retrouvent sur le secteur.
Quelques minutes après, 6 Me 109 leurs tombent sur le paletot. Plubeau vire à gauche en battant des plans, mais Hlobil, qui aime le sport, en a vite un dans la queue qui lui envoie des giclées fantastiques, sans qu’il fasse autre chose que de rendre légèrement la main…Il y a un Dieu pour les jeunes pilotes, car le Me 109 dégage et laisse le brave Hlobil continuer sa navigation en ligne droite. Quant à Plubeau, il n’a pas perdu de temps : il s’est mis aussitôt dans le dos du troisième et a pu facilement tirer quelques rafales avant de dégager » devant la menace de ceux qui suivaient. Résultat : le messerschmitt s’est écrasé. »
Quant à Paulhan, il a vécu un combat pour le moins épuisant : «
9 contre 3, je suis poursuivi par 4 boches. Il y a combat et chute probable de l’un d’eux puis je suis seringué et descendu à la suite d’ennuis de moteur. Le pas de l’hélice avait sauté, il s’est emballé, tout vibrait : cela ne m’a pas permis de lutter dans de bonnes conditions. ».
A l’arrivée de Plubeau au terrain, un junkers 88 passe au-dessus du terrain au moment où Plubeau coupe son moteur. «
De la Chapelle et Jaussaud, qui sont encore en l’air, réussissent à surprendre le Fritz : l’engagement commence à 4000m pour se poursuivre en rase-mottes vers l’est…Ils se débrouillent si bien que De la Chapelle n’a bientôt plus de munitions et que Jaussaud qui en a encore un peu, n’est pas sûr du résultat…et ils doivent abandonner, car ils n’ont guère d’essence. ».
Une deuxième mission est effectuée dans la journée : une patrouille double décolle pour une couverture de la région de Soissons. Le S/L Fauconet, blessé à la jambe et à l’appareil touché par un Bf 109, pose son appareil train rentré sur le terrain.
GC I/5 ( ? et Evreux – Curtiss H-75) : Parmi les pilotes envoyés en renfort du GC I/4 à Evreux, le cptne Vatsako et le Lnt Rouquette, revendiquent chacun 1 Ju 87 dans la région de Rouen.
GC II/5 (Toul-Croix de Metz – Curtiss H-75) : Le matin, une mission est effectuée. RAS.
Dans l’après-midi, 9 appareils effectuent une mission de destruction et protection de bombardiers, en coopération avec le GC II/9. Jean Gisclon nous en relate le déroulement : «
La mission de l’après-midi décolla avec 1 heure de retard. Les chasseurs eurent quelques difficultés pour entrer en liaison avec les bombardiers dont ils devaient assurer la protection. Le rendez-vous fut finalement réalisé au nord de la Seine, entre un dispositif de 9 Bloch 152 [du II/9] et 15 Curtiss et une dizaine de Lioré 45.
Sur le secteur Noyon-Coucy-le Château, les bombardiers qui volaient à 1500m, altitude proescrite par l’Etat-major, alors que les Heinkel et Dornier largaient leurs bombes de 3000m (…), furent soumis à un violent tir de barrage de la Flak et 4 d’entre eux explosèrent en vol. Il n’y eut que 3 parachutes.
La patrouille supérieure de protection qui évoluait vers 4500m et qui, composée de 9 Curtiss était commandée par Huvet, fut soudain attaquée par 6 He 113 [encore…], nouveaux venus depuis la veille et 12 Me 109. Les Curtiss, bien groupés, firent face aux assaillants, mais leur formation ne tarda pas à éclater et la lutte se transforma, comme à l’accoutumée, en un ensemble de combats individuels chèrement disputés. Dès le début de l’action, Huvet s’accrocha avec un He 113 piloté par un virtuose :
“Je le tire entre 50 et 100m. Son pilote doit être un fameux lapin, car il se défend comme un lion. A la sortie d’un virage très serré, il réduit brusquement les gaz et donne de violents « coups de bottes ». Je le vois grandeur nature… Pour éviter de l’ « encadrer », j’imite sa manœuvre. Je passe sur sa droite au moment où il éxécute un retournement déclenché. Je le suis. Des traçantes passent à droite et à gauche. J’ai un 109 derrière moi. Je déguage à droite. Voile noir, puis 2 « 109 », tout près, en vol de patrouille, qui font face. Je fais quelques tours avec eux…Je vire plus vite et jai l’un d’eux dans le collimateur à 30m. Je suis fortement secoué par les turbulences. J’écrase mon bowden. Le Fritz effectue un double tonneau, au cours duquel son réservoir d’essence explose. Je traverse le souffle de l’explosion à quelques mètres de lui. J’ai l’impression de le doubler sur sa droite, lorsqu’il part en pièces détachées.
Je n’ai pas le temps de savourer ma satisfaction. Un tintamarre de tous les diablesretentit derrière moi. La rafale d’un « 109 » me crible d’impacts. Je vire encore comme une brute. Sensation pénible du cœur sur les lèvres, des genoux qui rentrent dans le ventre et des papillons gris dans les yeux…Et je part en vrille…2 ou 3 tours, 4 peut-être…Jé rétablis et je pique. Badin à 700m, altimètre qui tourne. Le sol me paraît soudain diablement prêt. Ressource brutale qui renouvelle les « phénomènes physiologiques ».
Et je regarde derrière moi. 3 « 109 » me suivent à la queue-leu-leu…Virage de 360° en cabrant, et lorsque j’en sors, je suis placé à 50m derrière le dernier de la file. Pression sur le Bowden. Rien. Je réarme. Toujours rien. Munitions épuisées. Quelle poisse !...Nouveau piqué que je redresse à quelques mètres au-dessus des eaux apparamment calmes de l’Aisne. Je suis enfin seul et je rentre à Connantre.”
Un de ses équipiers, Angiolini, se porta à l’aide de son coéquipier Hême, pris en sandwich par 2 « 109 ». Blessé à la jambe, ce handicap avait fait perdre à Hêmé sa virtuosité habituelle. L’arrivée d’Angiolini le tira d’un mauvais pas :
“Je tire l’un d’eux, qui déguage en cabrant et en lâchant un très long jet de fumée noire. Le « gars » a embrayé sa superpuissance. Inutile de le suivre. Un bruis insolite dans le dos me rappelle que le ciel est vraiment surpeuplé dans le coin… Je me paye un retournement très sec, suivi de la vue des champs qui grimpent à une allure folle….650 au badin, 2000m de piqué. Je redresse en virant à gauche sous un angle très fort, en montant. Cette manœuvre me met dans la queue d’un « 109 » qui me paraît être la en touriste. Une rafale longue qui porte. Il ne réagit pas tout de suite. J’insiste. Il pique vers le nord sous un angle faible, sans se défendre. Celui-là est pour moi…
2 « 109 » arrivent sur mes côtés. Je vire sur eux. Ils défilent au-dessous de moi, sans velléité de bagarre. Je monte alors en spirales serrées, en direction d’un gros combat qui se déroule entre 1500 et 2000m au-dessus de moi. Je vois un parachute qui descend à peu près à la verticale des lieux que les Lioré ont bombardé tout à l’heure au nord de l’Aisne. Je le perds de vue en montant toujours et j’ai la chance de pouvoir déguager un autre Curtiss qui me paraît en difficulté. C’est Janéba qui part aussitôt en piqué. Un autre Curtiss qui est Quéguiner, est accroché avec un He 113 [encore…] qui fume abondamment. 2 autres appareils du dispositif nous rejoignent : Ruchoux et Lachaux, ce qui rétablit un peu la balance des forces. Les Allemands se dispersent d’ailleurs assez vite, par groupes de 2 ou 3, toujours en prenant de l’altitude.
Le combat a duré une vingtaine de minutes. Nous nous regroupons et n’apercevant pas Janéba, nous filons vers Connantre. ” (…)
[i]Séparé de ses 2 équipiers dès le début de l’action, Quéguiner et Janéba revinrent vers Houzé assez rapidement. Il résolut sans doute de rester sur le secteur où se déroulait, 2000m plus bas, une violente bataille terrestre.
Il identifia bientôt, au-dessus de sa patrouille, 8 Me 110 qui, vers 3500m patrouillaient en toute tranquilité. Il les désigna à ses 2 équipiers et ils montèrent, dans le soleil, jusq’uà 4500m, afin de bénéficier d’un confortable avantage d’altitude. Ils plongèrent alors sur leurs adversaires. Au moment où ils s’apprêtaient à ouvrir le feu, une formation de « 109 » et de « He 113 » [encore…] entra dans la danse. Mis en flammes, Houzé se parachuta. Quéguiner fut enguagé par un adversaire.-le sgt-chef Quéguiner descend un Bf 109
-Le sgt Hême est blessé à la jambe droite, il parvient à regagner le terrain
-Le sgt-chef Janeba est descendu par un Bf 109, il se pose sur le ventre entre les lignes victimes de graves ennuis mécaniques.
-Houzé mourra la nuit suivante dans une grange où il avait été transporté.
GC I/6 ( ?-MS. 406) : Entre 8h25 et 10h00, une patrouille simple attaque les blindés présents au nord du village d’Hattencourt, tous rentrent.
GC II/6 (Châteauroux-Céré – MB 152) :Dans la matinée, repli sur Vouarces-Anglure.
De 5h20 à 6h00, un patrouille effectue une mission de reconaissance (Lt Karwowski, A/C Shreiner, S/C Boyer). RAS.
Pendant ce temps, deux patrouilles simples effectuent la couverture du terrain : une de 05h20 à 06h00 (AC. Schreiner, S/L Karwowski, S/C Boyer) et l’autre de 06h10 à 07h20 (A/C Deniau, S/C d’Elbée, Sgt de Brémond d’Ars). RAS.
A 8h10, 3 patrouilles simples sont mises en l’air (S/C Touret, Sgt Delhoume, S/L Carcopino/ Adj Laguet, Lt Sassard, Sgt Geillon/ S/L Riss, S/C Vagnot et Lt Anders). Elles sont dirigés jusqu’à 6000m par le guet qui signale 13 bombardiers protégés par 10 chasseurs. Seul le Lt Riss peut atteindre les ennemis vers 7000m, mais il ne peut attaquer, étant isolé.
A 8h20, le terrain est attaqué par 5 He 111, qui endommagent 3 appareils.
Décollant à 13h50, une patrouille de 9 Bloch (S/L Ronin, Lt Karwowski, ?) effectue une mission de protection des bombardiers et Breguet d’assaut dans la région de Nesles, en coopération avec une patrouille du GC I/6 et une du GC I/8. La patrouille du I/8 n’est pas au rendez-vous, tandis que l’adj Laguet enguage le combat contre une dizaine de Bf 109 à l’ouest de Roye, alors en escorte de bombardiers :
-il tire sur 3 chasseurs, dont un touché en virage émet de la fumée blanche
-le S/L de Seynes tire sur le même appareil
2 Bf 109 sont revendiqués.
Arrivée sur le secteur, la patrouille Shreiner (A/C Shreiner, S/C Boyer/ S/L Karwowski) perd de vue le dispositif, et mettant le cap au nord-est, elle rencontre à 14h15 environ 40 Do 215 :
-Shreiner attaque l’un d’eux légèrement à la traîne ; le bombardier est touché au plan droit, son moteur droit crache des flammes et commence à descendre. A la deuxième passe, il est pris à partie par plusieurs Bf 109 ; touché aux empennages, il doit rentrer.
-la patrouille
-Le S/L Ronin abat un Do 17 (en coopération avec le S/L Madon du GC I/3), on compte en outre un autre dornier.
Pendant ce temps, vers 14h, une patrouille décolle pour une mission de destruction avec d’autres groupes. L’A/C Deniau se souvient : «
De 2000 à 10 000m, les appareils français pullulaient, on aurait dit une immense cheminée d’avions : Morane, Curtiss, Bloch, D. 520. On était peut-être 400, on n’avait jamais vu ça, c’était impressionant. Je jubilais, pensant à la sévère raclée qu’on allait infliger aux avions allemands qui pouvaient manquer d’arriver.
Nous prenons tous la direction d’Abbeville, suivant les ordres. A peine avons-nous dépassé Chantilly, j’apperçois des points noirs arrivant droit sur nous. Je pense d’abord que ce sont les nôtres qui viennent nous relever, mais en un instant je suis entouré de croix noires ! Immédiatement, les combats commençent. Pendant une demi-heure, je tire sans arrêt. Je prends un « fritz » dans le collimateur, ne le quitte pas, et je tire, je tire…Il déguage en piquant et je me retrouve tout seul, sans rien voir pendant 10 secondes et puis, hop, j’en apperçois un autre. Et ca recommence.
A ce moment, je vois un Bloch, celui du Lnt Carcopino je crois, talloné par un Messerchmitt et ne parvenant pas à s’en débarasser. J’arrive sur celui-ci à pleine vitesse, je le tire, et il aprt en vrille aussitôt. Je le regarde descendre pour voir où il va tomber, quand soudain, j’entends un bruit sur ma droite. Je me retourne : à 20m, juste au-dessus de mon plan, j’apperçois très nettement le pilote allemand qui vient de me mitrailler…et de me louper, grâce à Dieu ! Il rit de toutes ses dents, je ne sais pourquoi il a l’air de tant s’amuser. Je n’ai pas le temps de me le demander, je donne un grand coup de pied pour em déguager. Mais je suis désaxé et le temps de me rétablir, il a disparu. Impossible de savoir où il est passé.
Du coup, je ne peux repérer l’endroit où est tombé mon messerschmitt. Ca flambe en 5 ou 6 endroits au sol, comment savoir ?
Je n’ai plus de munitions, je prends la base. Vers la Patte d’Oie de Gonesse près du Bourget, j’apperçois un Potez 63 au ras des arbres, pourchassé par un Messerschmitt. Bien que ne pouvant plus tirer, je pique sur l’allemand. Il ne sait pas que je ne suis pas dangeureux et il est loin de chez lui. Effectivement, me voyant arriver, il rompt et s’éloigne. Le Potez est sauvé, le mitrailleur arrière me remercie d’un geste, en se serrant les mains.
Le soir, nous sommes comptés : il manquait 14 pilotes. Certains avaient été abattus, d’autres avaient dû se poser ça et là pour faire de l’essence. Le lendemain, tout le monde était rentré, sauf un gars descendu assez loin et qui ne rejoignit que quelques jours plus tard. ». Le sgt Geillon est descendu en combat aérien ; le pilote est blessé et l’avion détruit. Du côté des victoires, on compte un Do 215 (A/C Schreiner), deux Bf 109 (un par l’Adj Laguet et le S/L de Seynes, un par l’A/C Deniau).
A 18h40, une patrouille triple décolle pour une mission de protection sur zone dans la région Chambres-Rosières-en-Santerre. La patrouille doit constituer l’échelon moyen d’un dispositif comprenant également une patrouille haute du GC I/3 et une basse du GC I/8. Sur secteur, ils enguagent des Bf 109 en protectoon de Do 17 :
-au moment d’attaquer, l’A/C Deniau voit des traçantes sur sa droite venant d’un 109. Il se déguage, attaque un Do 17 en retrait. Après deux passes, il est attaqué par des chasseurs d’escorte. Il se déguage, et voit avant de rentrer un Bf 109 descendre en flammes et s’abattre au sol
-le S/C d’Elbée, en virage, se fait prendre à partie par deux Bf 109 ; il réussit à s’en débarasser. Le S/C Touret, son équipier, est dérangé par un Bf 109 au moment où il allait prononcer son attaque. Il déguage, mais voit deux Potez 63 attaqués : il les déguages de leur assaillant qui se trouvait derrière. Lorsqu’il se rétablit à 1000m, il s’apperçoit qu’il a perdu son équipier. Après avoir attendu, il rentre seul. Le S/L Ronin, troisième équipier, attaque une vague de Do 17 avec des MB 152 et des D. 520 des GC I/3 et GC I/8. Il attaque par deux fois par l’arrière avec des D. 520 ; l’attaque porte ses fruits : le gibier fume noir et blanc, pique vers le nord et se retourne vers le sud ; il est suivi par ses pourchassants jusqu’à 500m. Trouvant des Breguet 693 rentrant de mission, ils l’abandonnent. D’autres Do sont attaqués à cette altitude, sans résultat. Le S/L Ronin rentre munitions à sec.
-a 19h30, le S/L Riss voit la patrouille intermédiaire attaquée par deux Bf 109. Il les dégage, et voit les allemands partir en piqué. Il voit la formation attaquée piquer vers l’est, voit un avion en flammes avec un parachute ouvert. Restant en altitude, il remarque un appareil britannique et le déguage d’un Bf 109. Vers 19h50, il se joint à une formation de MB 152 qui était sous lui, et rentre. Ils sont rejoints par le S/L Ronin.
Le S/L Ronin se voit attribuer un Do en coopération avec le S/L Meudon du GC I/3
Vers 20h20, le Lt Karwowski décolle sur alerte avec deux autres équipiers. RAS.
Dans la journée, le groupe effectue donc 48 sorties.
GC II/7 (Marey-sur-Tillé – D. 520) : Le groupe a terminé sa transformation sur D. 520.
Il participe aux attaques contre les colonnes de blindés. Une patrouille triple participe, d’autre part, à un dispositif composé d’appareils du GC I/3 et GC III/7.
GC III/7 (Coulommiers – MS. 406) :
24 avions s’opposent à une nuée de Bf 109 au-dessus de Péronne, combat au cours duquel le Cdt Arnoux périra. Jean Gisclon nous raconte ce combat : «
Vers 11h, le III/7 reçut l’ordre de participer, de 12 à 13h, à une mission de protection sur zone de bombardement, entre Péronne et Ham. Une patrouille double [5 appareils] fut mise sur pied, conduite par Maurice Arnoux, avec le cptne Houpeurt et le sgt-chef Kosina comme coéquipiers. (…) La formation servait de guide à un dispositif dont les étages moyens et supérieurs étaient formés par 2 patrouilles triples de D. 520 des GC I/3 et II/7. »
Le cptne Bouvarre écrit dans son compte-rendu de mission : «
Dès le départ, les liaisons radio sont inexistantes, comme à l’ordinaire. (…)
Nous atteignons le secteur, soleil dans le dos. Devant nous, un peu à droite, et plus bas, une douzaine de 109 montent à notre rencontre. Le Cdt Arnoux continue son chemin, impertubablement. Je pense qu’il veut jouer son rôle de « cobaye ». Les 109 vont sûrement tenter un grand virage en montant pour essayer de nous tomber dessus en venant du soleil, et sans voir les Dewoitine qui sont au-dessus. Pourvu que ceux-ci aient vu l’affaire ! Impossible de communiquer avec eux.
Les 109, dès qu’ils nous ont vus, mettent « pleins gaz » et défilent à contre bord, très près. Guillaume tente une passe vers l’avant. Tout le monde vire aussitôt et le combat s’enguage.
Les 109 n’insistent pas beaucoup et déguagent en grimpant. Pas question de suivre…Aucun Dewoitine ne se montre.
En me repliant sur le point de ralliement (Montdidier), je vois passer un Dewoitine qui plonge à la verticale. Pas de 109 derrière….
Nous nous retrouvons, sans difficulté, au-dessus de Montdidier, à 2000m. Plus question des 520, qui nous ont perdus. (…)
Dès que nous sommes reformés, le Cdt Arnoux met le cap sur les lignes. Très haut, au-dessus de nous, par patrouilles de 4, les 109 croisent. En revenant sur nos lignés, nous les laissons dans notre dos et dans le soleil.
Par 2 fois, je m’approche, avec Guillaume, du chef de dispositif pour lui faire comprendre que je n’approuve pas cette manœuvre. Finalement, je vais m’intercaler entre son équipier de gauche et lui, et plan dans plan, ayant ouvert ma cabine, je lui indique par gestes, que les 109 sont au-dessus de nous, que je voudrais qu’il décroche nettement à l’intérieur des lignes pour reprendre de l’altitude ensuite et revenir à notre plafond sur le secteur. Il semble avoir compris car il fait demi-tour vers le sud, vers St Just-en-Chaussée.
Pendant ce mouvement, les patrouilles, que l’on distingue toujours très au-dessus de nous, nous escortent. Un avion, seul, nous suit à 2 ou 3 Km, à notre niveau. Je crois d’abord que c’est un Dewoitine qui, ayant perdu sa patrouille, se raccroche à nous. Mais il reste à distance.
Le sgt Guillaume, qui nous couvre, le surveille tout en patrouillant, à tel point qu’il se laisse distancer. A un moment donné, il cesse d’évoluer et met plein moteur pour tenter de combler son retard. Je vois alors l’avion qui nous suit mettre « toute la gomme » (fumée noire : c’est un 109) et se précipiter sur Guillaume. Je vire face à lui pendant que Guillaume passe sous moi. Dans mon virage, je vois les patrouilles d’en-haut qui nous dégringolent sur le dos. La 1ère nous attaque, Guillaume et moi. Nous évoluons très sec et sans cesse. Pas possible de tirer… Une deuxième patrouille pique et, emportée par sa vitesse, passe devant Arnoux qui se laisse tomber derrière un 109, sans voir qu’une 3ème vague lui arrive dans le dos.
Je vois son Morane [n°132] presque à la verticale, piquant vers le sol, train sorti, puis un avion qui brûle. A moins qu’il n’ait sauté eu dernier moment, il est perdu.
Le combat se déchaîne ensuite, mais plus de surprise possible. Les Morane se démènent en tiraillant sur tout ce qui se présente, et les rafales des 109 passent à côté.
Nous rentrons séparement, en rase-mottes. Le cptne Houpeurt, blessé, ramène son avion dans un piteux état. Le cdt Arnoux ne rentra pas. Il s’était écrasé près du village d’Angivilliers, à 7 Km de St-Just-en-Chaussée. Le maire de la commune et quelques paysans se portèrent au secours de pilote. Ils durent à plusieurs reprises abandonner leur tâche, les 109 continuant à mitrailler les débris de l’avion au sol. ».
GC I/8 (Claye-Souilly – Bloch) : Dans l’après-midi, le groupe s’oppose à des chasseurs et bombardiers ennemis dans le secteur Roye-Chaulnes-Noyon. Vers 16h, le cptne Peyregne est abattu en combat aérien ; le pilote est carbonisé.
Vers 19h, une patrouille effectue une mission de protection des bombardiers et Breguet d’assaut dans la région de Nesles, en coopération avec 9 pilotes du GC I/3 (patrouille haute) et une patrouille moyenne du GC II/6 ; elle constitue la patrouille basse du dispositif.
Le groupe effectue dans la journée 24 sorties, remporte 7 victoires dont 5 sûres, mais n’a plus que 12 avions disponibles au soir et a perdu un homme.
GC II/8 (Deauville – MB. 152) :Une mission de protection d’un croiseur est effectuée.
GC II/9 ( ? – MB. 152) : Dans l’après-midi, 9 appareils effectuent une mission de protection de bombardiers dans la région de Soissons-Noyon, en coopération avec 15 Curtiss du II/5. L’appareil du sgt-chef Cucumel est abattu en flammes par la Flak, le pilote grièvement blessé est fait prisonnier.
GC I/145 (Dreux – CR. 714) :Une mission de couverture sur alerte est effectuée par une patrouille double (6 avions).
Patrouille de défense de l’usine de Tours (Tours – MB 151, Potez 631) : 3 appareils rencontrent une formation de Do 17Z. 1 victoire confirmée et 1 probable sont attribuées aux français.
Patrouille DAT de Chartres (Chartres – MB 151, MS. 406, D. 510) : Un décollage est effectué suite au signalement d’un avion suspect à haute altitude, qui se révèle être un Potez 630. Le Potez, piloté par un pilote de la maison du constructeur, effectue un vol d’essai. Ce dernier ne les reconnaît pas, tire quelques coup et s’échappe. Ambruz, un des deux tchèques qui ont décollé, décide de lui tirer dessus pour de bon, et le touche.
GB I/11 et II/23 ( ? et Oysonville – LeO 451) : Vers 15h, 4 LeO 451 du I/11 et 3 du II/23 sont envoyés dans la région de Roye-Chaulnes-Péronne (Somme).
Contant, du n°183, raconte le déroulement de la mission : «
Au début, tout alla normallement : la visibilité était excellente. Le drame commença dès que les bombardiers abordèrent la Somme. Une immense fumée montait de Roye qui venait de subir un terrible bombardement et flambait. (…) Après avoir traversé la nappe de fumée, l’ « avion-guide » se heurtait à 5 « bouts carrés » (…) mais ils avaient l’air de s’éloigner sur la droite ; peut-être protégeaient-ils un point sensible par là ? Le chef de bord [Lnt Mayer] pensait qu’il ne valait mieux ne pas s’en occuper et aller droit à l’objectif tout proche, à Chaulnes.
Soudain les Messerschmitt faisant demi-tour, revenant sur les bombardiers, grimpèrent à leur altitude ; l’ « avion-guide » accélera sa vitesse, espérant trouver la chasse française qui le déliverait ; vain espoir. Les ennemis ne lâchaient pas leur proie. Ce n’était pas 5, mais 15 messerschmitt, dont 5 en altitude, qui s’efforçaient de « coiffer » le LeO 45. (…)
Alors les nôtres font face. ». Le n°183, poursuivi pendant ¼ d’heure par 6 Bf 110 ; 3 de ces derniers sont abattus par la défense (2 sûrs, un probable) : «
Le canonnier Baert lâchait une rafale quand les avions ennemis passaient au-dessus de lui. Le mitrailleur Verlet faisait crépiter ses balles quand l’attaque était en-dessous. Le pilote virait brusquement à gauche pour faire lâcher prise à l’ennemi qui s’acharnait. Les rafales se succédaient impitoyablement. Soudain, un un bruit sourd. Un obus avait touché le LeO 45, le téléphone était coupé. Par gestes, le chef de bord commandait : « A gauche », et l’avion volait droit ; les commandes ne répondaient plus. Le canon et la mitrailleuse s’étaient tus. Par contre, à des intervalles réguliers, des obus et des balles de mitrailleuses frappaient sans arrêt le bombardier.
Vers l’arrière, le sgt Baert, le sgt Verlet se tenaient debout, ensanglantés, près de la porte. Ils attendaient les ordres.
Baert avait tiré tout son chargeur, et au moment d’en changer avait constaté que le feu prenait à la nourrice arrière. Tout brûlait à son poste. Il avait un éclat d’obus dans la jambe, et était blessé au visage.
Verlet avait tiré comme un forcené, et vu tomber l’un de ses adversaires. Soudain, sa mitrailleuse avait basculée devant lui, fauchée par une rafale. Lui-même était touché à la tête.
Le moteur gauche brûlait aussi, et le plan était perçé sur plus d’un m².
Le pilote, sgt-chef Cadiou, tenait les commandes avec un calme héroique, et ne réagissait même pas en entendant les claquements des rafales de mitrailleuses dans la plaque de blindage qui constituait son dossier. Cadiou avait 2 éclats d’obus dans le bras droit.
Le chef de bord, comprenant qu’il était inutile de lutter davantage, ordonnait au pilote de « réduire et cabrer » pour évacuer le LeO 45 en flammes. Mais au moment à Baert poussait la porte, un obus venait frapper celle-ci, le conçait et projetait des éclats sur le visage de Verlet et l’avant-bras de Barlet qui, miraculeusement, protégeait les yeux de son camarade.
Baert, résigné, attendait ; mais Verlet frappait la porte à grands coups de pied, et finissait par la faire céder. Le radio-mitrailleur et le canonier sautèrent. Cadiou, le pilote, ne voulait pas évacuer sans avoir vu son chef de bord prêt à sauter aussi.
Le réservoir brûlait maintenant, barrant la sortie d’un immense jet de flammes et de parcelles métalliques en fusion (…) Cadiou glissait dans le vide. Mayer sautait le dernier. 3 secondes après, le LeO 45 basculait pour s’écraser.
Le chef de bord, lnt Mayer, se laisser tomber en chute libre pour éviter le feu des poursuivants, et n’ouvrait son parachute qu’à 150m du sol. Alors il s’appercevait qu’il était plein de sang, ayant un éclat d’obus dans la main, un autre dans la cuisse, et le visage brûlé. Dans les lignes françaises, tout l’équipage se retrouvait à terre miraculeusement rescapé. ». L’appareil termine sa course dans un champ ; Les Lnt Touret, sgt-chef Mas et Grandchamps sont indemmes, mais Contant, touché au pied, devra être amputé.
2 appareils du I/11 sont abattus peu avant l’objectif par des Bf 109 : le n°150 (I/11) est coupé en deux par l’explosion de ses bombes et entraîne dans la mort son équipage (S/L Paulet, adj Gatinois, sgt Laberty et sgt-chef Midonnet).
-Le n°307 (I/11) s’écrase au nord de Roye et explose en heurtant le sol, entraînant lui aussi son équipage dans la mort (Lnt Puech CA, adj Colomer pilote, adj-chef Labiche canonnier et sgt Dartigues radio).
-Le n°3022 (I/11) voit son moteur et l’arrière du fuselage incendié par des Bf 109 ; le pilote réussit à faire un aterissage de fortune à 10km au nord-ouest de Roye ; les 4 membres d’équipage, blessés, (cptne Tournes CA, adj Cros pilote, sgt-chef Barras canonnier et adj-chef Henquel radio) réussissent à s’extirper de l’avion avant qu’il n’explose.
-Le n°183 (I/11) enguage un combat tournoyant pendant 20 minutes, combat au cours duquel il parvient à abattre 2 de ses 6 messerchmitt assaillants. Il finira lui-même par être abattu. Le lnt Touret (CA), le sgt-chef Mas (pilote) et Grandchamps (canonnier) sont indemmes. Le sgt-chef Contant (radio), touché au pied, devra être amputé.
-Le n°204 (II/23) réussit à échapper aux Bf 109 après avoir largué ses bombes sur l’objectif, il est le seul à rentrer au terrain
-Le n°260 (II/23) est abattu par la Flak à Gruny (Somme) (Cne Bienvenu, A/C Canaux et A/C Jean morts, le radio parachuté est fait prisonnier)
-Le n°214 (II/23) est mis à mal par la Flak et achevé près de Roye (S/L-pilote Defendini et Adj-radio Mariani morts, Cne Marchand et C/C canonier Boileau grièvement blessés).
GB I/12 et II/12 (Dôle – LeO 451) : Une mission est effectuée, avec un décollage en début d’après-midi d’un appareil du I/12 (sur les 4 prévus) et de 4 du II/12 (au lieu des 5 prévus), pour bombarder les colonnes allemandes dans la région de Chaulnes (Somme). Les appareils du I/12 doivent faire demi-tour. Quant au II/12, il est attaqué par 10 Bf 109 et 5 Bf 109 dès le franchissement des lignes, comme nous l’explique René Genty du n°151 : «
Il faisait un soleil éclatant, un temps de vacances ; pas un nuage, du bleu à perte de vue. Non, vraiment le ciel n’était pas avec nous : mais qui était avec nous dans ces jours sombres ? Personne… (…)
Nous devions trouver la chasse de protection en couverture sur le secteur – c’était devenu depuis quelques temps l’habitude : finies les missions d’accompagnement direct. Et, de fait, à proximité de l’objectif et dans l’axe d’approche, des points noirs évoluaient, minuscules encore là-haut sur notre gauche. Morane 406, Bloch 152, Dewoitine 520 ? Peu importe, l’essentiel était qu’ils soient au rendez-vous.
Je n’ai plus qu’un seul ailier, bien collé à moi – le deuxième a dû faire demi-tour pour ennui de moteur. L’autre section est là à ma gauche. Tout va bien. Je prépare les séquences de bombardement. Mais à peine ais-je le temps de procéder au réglage du viseur qu’un cri me fait lever le nez : « Messerschmitt à l’avant ! ». Les sinistres bouts carrés noirs sont là, en face : 5, 6, 15 qui fondent sur nous en tirant de toutes leurs armes sur la formation.
Le temps d’ordonner au pilote un rapide changement de cap, les traçantes nous encadrent, les ailes commencent à crépiter : une vitre explose devant moi.
La première passe est terminée, en une fraction de seconde ; mais à coup sûr, ils ne vont pas nous lâcher comme cela. Je rappelle à mon mitrailleur la consigne : ménager les munitions, ne tirer qu’à coup sûr : à 600 cps/min, le canon a tôt fait de liquider les 60 obus du camembert et il vaut mieux ne pas avoir à le recharger. (…)
La première passe a disloqué la formation. J’apperçois mon ailier isolé, l’autre section est plus loin encore. Trop tard pour se regrouper : il ne nous reste qu’à subir et à nous défendre chèrement en isolé. Mais pourvu que nos chasseurs soient aussi dans le ciel. (…)
Comme un essaim de guêpes, les Me nous assaillent à nouveau, par l’arrière cette fois ; les attaques s’enchaînent sans répit dans le vacarme assourdissant des moteurs poussés à fond et le crépitement de nos armes qui secouent l’avion : courtes rafales de canon, claquement des mitrailleuses… (…)
Le LeO évolue brutalement dans tous les sens, aux réflèxes du pilote qui tente de se dérober aux visées ; mais le tambourinage continue incessant, déchirant l’avion.
Car ils conaissaient bien maintenant les points faibles de notre défense, à l’arrière et un peu au-dessous, dans l’angle mort des dérives où le canon ne peut les atteindre et qui les masquent à la mitrailleuse de cuve. (…)
C’est maintenant dans l’avion blessé un vacarme infernal qu’aggrave le sifflement de vent s’engouffrant dans toutes ses plaies béantes.
Dans un tourbillon sauvage, où chacun à son poste mène son propre combat, je m’efforce de diriger la maneouvre : siffoqué par le souffle qui déferle par l’avant éclaté, je crie, je hurle des ordres, mais sont-ils entendus ? Un coup violent dans l’estomac me plie en avant, une balle s’est écrasée sur mon relais de poitrine, des éclats déchirent mon casque, d’autres me pénètrent le visage, les bras, les jambes.
Dans le fracas, je saisi un appel, un cri de victoire : « J’en ai un ! » puis des plaintes, des râles : un Me 109 culbute devant nous et je vois le pilote évacuer : nous le frôlons au passage. Un autre nous dépasse, traînant derrière lui un filet de fumée noire qui grossit rapidement.
Où en sommes-nous ? J’appelle l’équipage mais ma voix ne passe plus : le fil de mon laryngophone est coupé au ras du menton. Incapable de reste plus longtemps sur mon siège, en témoin impuissant, je me glisse à l’arrière.
Dans la cuvée éclaboussée de sang, sgt Jacquot, le radio, est affalé, à moitié culbuté sur son arme. Je le relève : c’est fini pour lui. Il est mort foudroyé par une rafale.
Dans le compartiment arrière, la nourrice est en feu : le courant d’air créé un effet de chalumeau qui propage l’incendie. Le Sgt Caillet, le canonnier, me voyant, veut s’approcher : il se débat un instant dans les flammes, il s’écroule. Je me précipite sur lui, je l’attire : le sang coule à flots de sa gorge ravagée par une affreuse blessure. Il meurt dans mes bras, à l’instant même. (…)
Alors, je remarque seulement que le calme est revenu, aussi brutalement qu’il avait été rompu. Ils nous ont abandonnés, sûrs de leur victoire. Les flammes me font reculer. Le sgt-chef Petit, le pilote, est lui aussi blessé au visage, son bras droit pend inerte le long de son corps, sa combinaison en rouge de sang. Il me montre du menton le moteur droit en flammes. C’est fini, il faut évacuer. Il faut abandonner nos camarades. Je lui fais signe de cabrer et de sauter. De son bras valide, il agite le manche dans tous les sens : les commandes ne répondent plus, coupées ou fendues.
Je cherche à ouvrir la verrière au-dessus de lui, impossible de la larguer. Il n’y a plus qu’une sortie, la porte.
J’attire Petit à moi. C’est à ce moment seulement que je m’aperçois que je n’ai pas mis mon parachute : il est là tour près dans le couloir. Je le boucle rapidement pendant que Petit saute dans les flammes qui ont maintenant gagné le plan. A mon tour, je me laisse aspirer et je tire aussitôt la poignée d’ouverture commandée : rien ne se passe. Je tombe en roulant comme un cailloi et je vois à chaque tour voler au-dessus de moi le câble d’extraction sorti de son logement. Il risque de me paralyser en s’enroulant autour de moi : je m’efforce de l’écarter cependant que je secoue de toutes mes forces la poignée, tellement, tellement, qu’elle reste dans ma main : un coup violent dans les reins, mon parachute s’est enfin ouvert. »
-Au n°151, donc, le CA Lt Genty et le pilote Sgt-chef Petit, blessés, se sont parachutés. Le radio-mitrailleur (Sgt Jacquot) et le canonnier (Sgt Caillet) sont morts.
-L’équipage du n°44 abat 2 Messerchmitt, et parvient à regagner le terrain.
-Dans le n°152, abattu en flammes par la chasse, l’équipage, blessé, se parachute (Lt Mayer CA, Sgt-chef Cadiou pilote, Sgt Verlet radio-mitrailleur et Sgt Baert canonnier)
-Le dernier appareil, le n°38 du sgt-chef Paumier a été abattu, tuant son équipage : le sgt-chef Paumier (pilote) saute en parachute, mais il est mitraillé lors de sa descente par les messerschmitt, tandis que le Lnt Saussine (CA), le sgt Gentier (radio-mitrailleur) et le sgt Arachequesne (canonier) périssent dans l’épave.
-Seul le n°49 (S/Lt Leprette) réussit à bombarder l’objectif, puis à descendre un Bf 109, avant de rejoindre son terrain.
GB I/15 et II/15 ( ? – Farman 222) : 2 appareils du I/15 et 2 du II/15 bombardent Laon.
GB I/19 et II/19 (Dadonville – Douglas DB-7) : A 18h35, 5 appareils du I/19 et 4 du II/19 sont envoyés contre les blindés autour de Chaulnes, Maricourt, Péronne et Marchelepot. Au retour du raid, les appareils du II/19 se heurtent à des Hs 123, et en revendiquent 1 (probable).
GB I/21 et II/21 : La nuit, le I/21 envoie 2 Amiot 354 contre des objectifs situés au nord-est d’Amiens et au nord-ouest de Péronne, tandis que le II/21 envoie 4 Amiot 351/354 et 1 MB 210 sur les sorties d’Albert et de Bapaume, puis l’axe Péronne-Ham-St Quentin.
GB II/23 ( ? - ?) : 3 appareils décollent pour intervenir contre les blindés. Face à la flak et la chasse, un seul (Lnt Berrard) parvient à l’objectif qu’il bombarde, puis il rentre.
Robert Boileau, canonier du LeO n°214, nous relate le récit de la mission : «
Les moteurs ronflent, le pilote est moins doux que d’ordinaire, et en sortant le LeO du camouflage donne un coup de gaz un peu fort, et un chêne rend oblique la dérive droite, le gouvernail fonctionne alors que nous prenons la piste. Point fixe, et départ, et effaçons la piste. Défendini coupe les gaz, nous reprenons la piste. Nous l’effaçons à nouveau et roulons dans du blé très haut. (…) Défendini arrache le taxi (…). Nous tournons en cercle en attendant nos équpiers, le LeO du capitaine Bienvenu et du Lnt Berrard.
Ceux-ci décollent sans histoire, et au moment de prendre notre cap, beaucoup de bras s’agitent à terre, nous faisons au revoir, nous aussi. En fait ce n’était pas au revoir, mais coupez les moteurs que l’on voulait nous dire, mission annulée, personne n’avait pensé à utiliser la radio. (…)
C’en est fait, chacun à son poste, les 3 LeO volent de concert, le 214 en tête, à ma droite. Bienvenu et à son bord le canonnier adjudant-chef Jean qui m’avait dit « Dès que je verrai des Allemands, je tirerai 3 coups de canon, tu seras averti. »
Nous n’allons pas directement vers notre but, afin de pouvoir bombarder avec comme allié le soleil, si beau dans le ciel bleu. Peu de temps après nous apercevons au loin de la fumée et des flammes. En un instant, nous survolons ce qui brûle : c’est Montdidier et tout un serpent de feu qui, à mon avis, doit renseigner l’aviation ennemie sur l’avance de ses troupes au sol. A partir de ce moment, le ciel est obscurci et l’odeur de la poudre vous prend au nez et à la gorge.
Je vois des points noirs au loin ! Je pense de suite : c’est la chasse ! Mais tout va très vite, comme je regarde à nouveau de ce côté, je vois 3 nuages blancs qui sortent du canon de l’adj-chef Jean, j’ai compris que ce ne sont pas des Morane. J’en ai compté 47. Je n’ai pas le temps de rêver, maintenant des nuages naissent autour du canon, c’est la Flak qui nous acceuille.
A ce moment, une trouille impensable me secoue de la tête aux pieds : c’est comme une décharge électrique, et tout à fait aussi brève. J’arme mon canon, je suis prêt, j’ai passé le mur de la peur.
Le chef de bord a pris ses dispositions. Les trappes du lance-bombes sont ouvertes, j’entends les ordres au téléphone.
Les chasseurs qui arrivent en groupe derrière nous se disloquent et cherchent leur cible eux aussi ; ce sont bien des Me 109. Un groupe de 7 se dirige vers nous. L’un d’eux pique et tire : je crie « Attaque à gauche ! ». Défendini amorce une manœuvre, mais Marchand ordonne : « Non, tout droit ! ». Tout va très vite : Mariani lâche une longue rafale, le chargeur de la MAC a dû y passer. Deux 109 se planquent derrière chaque dérie, un cinquième dans l’axe du fuselage. Je les ajuste l’un après l’autre, mais mon canon refuse de tirer. Ces aviateurs connaissent bien le LeO, ils s’amusent avec moi. Ils sont tout près, protégés par l’angle de garde du canon. Peu de temps avant, un LeO est tombé intact entre leurs mains ; ils l’ont étudié savamment.
Un 7ème 109, resté beaucoup plus haut, plonge vers nous, et tire de loin. Il continue d’approcher alors que je l’ai dans mon collimateur. Alors, plein but sans correction de tir, je lui lâche une rafale. Je vois 3 de mes obus traçants s’écraser sur le 109 : 1 sur le cockpit et 2 autres sur l’avant en plein moteur. Comme après chaque traçant, j’avais 2 ordinaires, cela faisait au minimum 7 impacts mortels. L’avion partit aussitôt en abattée suivi d’une large traînée de fumée noire. En arrivant au sol, il explosa. Je l’avais eu, je n’en ressentais aucune joie.
Je m’apprêtais à chercher une autre cible, lorsque dans un bruit infernal, je ressentis en même temps sur ma cuisse gauche un choc, un souffle qui me colla au sol de ma cabine. J’allais me relever, quand une autre rafale fracassa le tableau de bord placé à la hauteur de mes épaules quand j’étais debout.
Je me relève, je sens quelques chose de chaud qui coule le long de ma jambe droite. Je dis : « Je suis touché ! ». Il y a un trou de 40cm de diamètre dans le flanc gauche de la carlingue.
L’avion a reçu un coup mortel, il y avait des flammes. Marchand donne l’ordre d’évacuer, la moitié des bombes ont été larguées. Ma trappe d’évacuation est hors service. Je passe dans le couloir, vers la porte du fuselage. Pendant ce trajet de 3m environ, j’essuierai 6 rafales.
C’est la curée. Ils tirent avec des balles incendiaires. Je vois des traits de feu qui passent de part et d’autre de la carlingue. Je me fais tout petit. J’arrive près de la porte. Je vois Défendini, le regard fixe. Il tient l’avion en ligne droite. Je lui parle, il ne répond pas. Est-il mort ? Je n’en sais rien. Mariani a sauté, je vois son câble d’ouverture automatique accroché. Marchand encore à son poste.
Je n’accroche pas mon câble. Je pose un pied sur l’aile. L’avion, en piqué plein moteurs, va très vite. Je suis arraché de la carlingue, alors que j’essuie une dernière rafale. Je tombe à travers les flammes. Je m’évanouis, très peu de temps. Je suis sur le dos. Je vois 2 doigts arrachés à ma main gauche. Là, je repars dans les pommes.
Lorsque je reviens à moi, je me sens comme immobile dans l’air. Je tourne sur moi-même. J’apperçois les avions. Je reprends mes esprits, je tire sur la poignée du parachute, rien. Je tire plus fort : alors un choc formidable. Je me retrouve comme un pantin au bout de mes ficelles. ».
-Le n°214 est en effet touché par la flak, il est achevé par la chasse allemande et tombe près de Roye, entraînant dans la mort le sgt-chef Defendini (pilote) et l’adj Mariani (radio) ; les deux autres membres (cptne Marchand, CA et caporal-chef Boileau, canonier), grièvement blessés, ont réussi à sauter en parachute.
-Le n°260 explose en plein vol, victime d’un coup direct de la flak ; seul le radio (adj Favre-Bulle) est parvenu à sauter ; blessé il sera fait prisonnier. L’adj-chef Canaux (bombardier), le ctne Bienvenu (pilote) et l’adj-chef Jean (canonnier) périssent dans l’appareil.
GB I/31 et II/31 (Nangis - ?) : 2 appareils sur 5 prévus au I/31 et 6 sur 7 prévus au II/31 décollent pour bombarder les colonnes allemandes.
Les appareils du I/31 ne peuvent atteindre leur objectif à cause de la chasse, mais ils peuvent rentrer sans dommage. Le n°202 se délésta de ses bombes à cause de la Flak.
Au II/31, le n°271 est abattu par la chasse ennemie à 6 km au sud de Roye (Lt Millet CA, Adj-chef Magnan pilote, et Adj-chef Proteau canonnier indemmes. Le radio, sgt-chef Caudry, est grièvement blessé).
GB I/38 ( ? - ?) : Le groupe effectue 5 sorties de bombardement sur La Fère, et 2 de reconaissance sur Berry-au-Bac et La Fère.
GB II/38 ( ? - ?) : Le groupe effectue une mission de reconaissance sur Montcornet.
GB I/62, II/62, I/63 et II/63 (Damville – Martin 167): Vers midi, 4 appareils du II/62 et 6 du II/63 décollent avec une escorte pour bombarder respectivement le canal de l’Oise et les ponts de l’Ailette ; la mission se déroule sans incident.
De 19h à 19h30, 15 appareils (4 du I/62, 5 du II/62, 1 du I/63 et 5 du II/63) bombardent des blindés au nord de Roye et au nord-ouest de Peronne.
-Le n°147 du I/62 explose en vol suite à un coup direct de la flak. Son équipage est éjecté par la déflagration des bombes (les S/L Painchaux et S/L Rigaux tombent parachute non ouvert, tandis que le 3ème, le sgt Hardy, est retrouvé mort).
-Le lnt Salva, blessé, parvient à ramener le n°25 du I/62 malgré que l’appareil ait été touché par la flak ; l’avion est détruit à l’aterissage.
-Le n°75 du I/62, attaqué par des Bf 110, parvient à leur échapper, mais le sgt-chef Bontemps (mitrailleur) est blessé à la tête par les violentes manœuvres du pilote.
GBA I/51 : En fin de matinée, 5 appareils décollent à 11h40 attaquent les colonnes allemandes entre Noyon et Chauny.
8 redécollent à 14h30 pour attaquer les blindés dans la région de Chaulnes.
-Le Br 693 n°27 est abattu en flammes par la chasse : le pilote (Sgt Le Coq de Kerland) est blessé, le mitrailleur (Sgt-chef Bousquet) tué.
-Le n°63, touché très sérieusement par la chasse, s’écrase égualement (le pilote Sgt Nievremont est indemme, le mitrailleur caporal-chef Barbiron sucommbe à ses blessures).
GBA II/51 ( ? – Br. 691) : Au cours d’un vol d’entraînement, un appareil est détruit accidentellement à l’aterissage. Le pilote (Sgt-chef Chaillon) est indemme, mais le mitrailleur (Lt Collombet) est blessé.
GBA II/54 (Orléans-Brécy – Br. 693) : Décollant à 15h, 8 avions surprennent un rassemblement de chars en train de se ravitailler, au nord de Chaulnes. Ils s’en donnent à cœur joie. Pas moins de 8 vagues seront effectuées les 5 et 6 juin par les avions d’assaut contre les colonnes allemandes.
-Un appareil (n°29) est abattu par des Bf 109, son équipage (Adj Mitton pilote et Sgt-chef Uteza) est gravement blessé.
-Le n°1013 parvient à rentrer malgré avoir subi les assaults de Bf 109 ; son mitrailleur (Sgt-chef Badel) est blessé.
GAR I/36 ( ? – Potez 63.11) : Lors d’une mission de reconaissance à vue et photographique dans la région d’Amiens, un appareil est abattu en flammes par 30 Bf 109, malgré la protection de 15 Curtiss du GC I/4. L’équipage (Cpt Chastenet observateur, Adj Mayencon pilote, Sgt Jost mitrailleur) est tué.
T2 (Cherbourg – Latécoère 298) : Le 6, 3 Laté de l’escadrille bombardent le carrefour des routes Le Tréport-Amiens et Abbeville-Beauvais, à Airaisnes. Tous rentrent.
Dans la nuit du 6 au 7 juin, 4 appareils bombardent une concentration de véhicules au sud d’Abbeville, sans résultats visibles vu l’obscurité.