11-mai-40 (Victoires : 23 sûres et 16 probables, Pertes : 18)
En France :GC I/1 (Marignane et Couvron – MB 152) :De 06h08 à 07h30, une patrouille double légère effectue une mission de couverture sur alerte de Crépy-en-Valois. RAS, mais la DCA amie réagit, heureusement sans faire de dégâts…..
Entre 9h et 9h20, 5 patrouilles assurent la couverture du terrain.
Décollant de Couvron, une patrouille double décolle à 12h00 pour une mission en coopération avec le GC III/2 et le GC III/7. A l’arrivée sur secteur, les MS. 406 se battent avec des chasseurs ennemis. Les 6 Bloch effectuent sans encombre leur mission et prennent le chemin du retour, mais se font surprendre par un groupe de Bf 109, à qui ils font face. Les allemands n’ont été que légèrement touchés, tandis que :
-l’A/C Levasseur est abattu en flammes (gravement brûlé)
-le Cdt Soviche est touché
-le S/C Starké est égualement touché (l’appareil de ce dernier, criblé de balles, est inutilisable).
A 18h40, une patrouille triple effectue une seconde mission ; elle intercepte 3 Do 215, dont un est abattu. A 18h50, à Namur, point de ralliement,
-le S/C Coader est attaqué par 3 Bf 109 mais il parvient à se déguager.
-l’A/C Levasseur, quant à lui, a été attaqué par l’arrière et a dû se parachuter.
GC II/1 (Etampes – MB. 152) :Le groupe effectue des missions de couverture de la base d’Etampes et du parc de Châteaudun. RAS.
GC III/1 (Moerbecke – MS. 406) :Une patrouille simple apperçoit 9 Ju 88, mais ne peut les rejoindre.
A 17h15, 5 appareils du groupe effectuent une mission de protection en Hollande, en coopération avec 5 autres du III/3. Le Nigen apperçoit un He 111, mais le III/1 n’intervient pas.
Une patrouille de 2 appareils rencontre 4 Bf 110, et en abattent 1. Mais Calmel, l’un des pilotes, doit atterrir car il est gravement blessé.
GC I/2 (Toul-Ochey – MS. 406) : De 4h40 à 6h00, une patrouille simple ( ? Brzezinski, ?) effectue une mission de couverture du terrain : RAS.
A 4h50, une deuxième double décolle sur alerte (Adj Streiff et Lt Monty) ; elle est rejointe 10 minutes plus tard par une autre (Adj Streiff, Lt Monty, S/C Goile). Les tirs de DCA les dirigent vers 5h30 vers 2 He 111, qui sont déjà attaqués par 3 Curtiss (les Lt Houzé, C/C Janeba et Hanzlicek du II/5). Mais ils repèrent un avion isolé, comme le relate le S/C Goile : «
Mon chef de patrouille et sous-chef tirent à plusieurs reprises l’avion isolé. Une fumée grise importante se déguage du moteur gauche. Ils rentrent au terrain.
Je continue la poursuite du He 111, qui cherche à se cacher dans la couche de stratus. Je prends de l’altitude sur sa gauche. Je vois alors 3 Curtiss prononcer une attaque convergente vers l’arrière. Je vois les balles arriver sur les moteurs qui fument de plus en plus. Les fumées s’arrêtent, mais l’avion a perdu beaucoup de vitesse. Après plusieurs attaques des Curtiss et 4 ou 5 passes personnelles, l’ennemi largue ses bombes. Peu après, je vois le train sorti.
Les 3 Curtiss et moi cessont nos attaques, mais comme l’avion ne descend pas et semble rentrer chez lui, nous nous plaçons pour une nouvelle attaque convergente. J’attaque le premier et lâche une rafale, canon seul.
Au même instant, le moteur gauche flambe abondamment. L’avion se met en piqué. Un de ses membres d’équipage reste accroché à l’empennage, son parachute en torche dans la queue de l’avion. Un deuxième saute normallement et atterit dans un bois. L’avion percute au milieu d’un bois et flambe intégralement. ».
Pendant ce temps, une patrouille double a décollé sur alerte à 6h15 en couverture du terrain (Cne Hyvernaud, Lt Marchelidon et Adt Chabert, S/C Givelet, Sgt Gloanec). Vers 06h40, la DCA leur signale 11 Ju 88. Les Morane attaquent de suite en piqué, mais l’Adj Chabert voit l’escorte (5 Bf 109).
-3 des 5 Bf 109 tombent sur le Cne par l’arrière et le touchent ; il ouvre sa verrière mais n’a plus la force de sauter et il s’écrase au sol, son appareil l’entraînant dans la mort
-le S/L Marchelidon subit la même contre-attaque, mais parvient à ramener son appareil à la base… criblé de 50 impacts : son appareil est inutilisable
-le S/C Givelet rentre avec son appareil criblé lui aussi, un plan fixe à moitié arraché par un obus : même sort
-seule la patrouille de l’Adj Chabert, après avoir vu son Ju 88 lui échappér, vient aider un MB 152 aux prises avec 3 Bf 109. Il touche l’un de ces derniers, mais il a du déguager à cause d’un second Bf 109 avant de pouvoir voir le résultat. L’appareil de Chabert et du S/C Givelet ont été endommagés.
A 7h30, la patrouille polonaise décolle sur alerte. RAS.
A 11h45, une patrouille triple décolle, en couverture du terrain (A/C Coubé, S/L Husson, Sgt Weber – Lt Brzezinski, S/L Chalupa, Sgt Beda – Lt de la Bretonnière, Sgt Meunier et Sgt de Puybusque). Vers 12h30, elle tombe sur 5 Ju 88 :
-le S/L Chalupa et le Sgt Beda vident leurs chargeurs sur un des Junkers, qui a son moteur droit en flammes…. Mais vole toujours (il est considéré comme probable, mais on saura plus tard qu’il est tombé)
-le S/L Chalupa ramène une balle dans son avion, tandis que 3 autres ont eu des problèmes de radio, moteur ou fuite d’huile.
A 14h55, 7 pilotes décollent pour une dernière patrouille du terrain. RAS.
Au cours de la journée, le groupe a donc obtenu une victoire sûre, 2 probables, totalisant 27 sorties en 5 missions. On dénombre un tué et 3 avions perdus.
GC II/2 (Le Plessis-Belleville – MS. 406) :A 4h30, une patrouille double d’alerte décolle, afin de couvrir la zone de la 9ème armée. Elle prend contact vers 4h50 avec un He 111 :
-après plusieurs passes, son mitrailleur arrière abat l’appareil du sgt Moreau à la deuxième passe : le pilote meurt carbonisé dans son avion qui s’écrase
-ses équipiers, après avoir eux aussi effectués plusieurs passent, abandonnent leur proie qui a largué ses « friandises » et a un moteur droit fumant
Vers 5h10, une autre patrouille (Cne Alexandre, A/C Berland, Sgt Parent) attaque un Do 215. Celui-ci, dès la première passe, perd de l’altitude, s’allège de ses bombes et part chercher refuge au ras du sol. Ses poursuivants le rattrapent, et un des français fait fumer l’un des moteurs du bombardier. Cependant, ils doivent abandonner leur proie alors qu’elle est abattue. Le Cne Alexandre doit se poser en campagne près de Chimay, à cause d’une baisse de pression d’huile.
A 5h30, une nouvelle patrouille double (dont le Cne de Calonne) décolle pour prendre le relais de la 1ère. Une demi-heure plus tard, elle croise un autre Dornier, qui réussit à s’échapper malgré les attaques des français qui ont épuisé leurs munitions.
A 18h00, une patrouille double (Cne de Gail et S/L Robiaud) effectue une couverture de terrain. Elle se fait surprendre par un Bf 110. Les 2 pilotes effectuent sur lui une passe, mais leur gibier les sème facilement. Au retour, la patrouille veut attaquer un peloton de bombardier, mais elle en est empêchée par d’autres Zestorer.
A 18h30, 12 appareils sont chargés de protéger l’attaque des 18 Br 693 effectuée sur les colonnes Tongres-St Trond-Waremme. Il n’y a pas de pertes.
Le groupe n’a donc pu se mettre que 3 victoires probables sous la dent dans la journée, pour un pilote perdu.
GC III/2 (Niergnies – MS. 406) : A 18h30, une patrouille triple (Lt Lechat, Adj Danse, Sgt Bouttier) enguage à faible altitude, vers Tirlemont, un Do 17, qui parvient à s’échapper en rase-mottes malgré plusieurs tirs à courte distance.
A 19h00, plusieurs appareils effectuent une mission de couverture, en coopération avec 3 autres du III/7 sur Namur. Le dispositif rencontre vers 19h10 une douzaine de Bf 110 :
-le S/C Flanek en descend un, mais il doit rompre le combat et se poser à Laon-Chambry suite au tir d’un autre ennemi
-le Sgt Monribot, appareil touché lui aussi, doit se poser à Maubeuge-Elesmes
-le Sgt Hubacek abat un Messerschmitt, mais est lui-même touché ; il doit atterir en campagne.
Le groupe est très actif, et revendique pas moins de 4 victoires, dont 2 confirmées (dont 1 Hs 126 en coopération avec la patrouille du GC III/7). On note que le groupe obtient une autre victoire, particulière : l’un des appareils abat par erreur un Fairey Fox Belge du III./3. Aé).
GC III/3 (Beauvais-Tillé – MS. 406 et D. 520) :A 13h30, le groupe protège l’attaque effectuée par 18 Br 693 contre les blindés situés dans le quadrilatère Hasselt-St Trond-Liège-Maëstricht.
Dans l’après-midi, une escadrille participe, en coopération avec le II/6, à l’escorte de la mission menée par les GB I/12 et II/12. A la verticale de Verviers, vers 16h30, les chasseurs rencontrent 30 Bf 109 :
-le C/C Slouf abat un Bf 109, son pilote est capturé
-le Sgt Hubacek abat un autre Bf 109, mais il est gravement blessé au bras et à l’épaule, mais il réussit à atterrir dans les lignes françaises.
-le Lt Clostres doit se pose près de Namur, il rejoindra le terrain
-La journée voit également l’avion du lnt de Chezelles se faire abattre par la flak, mais il se parachute et retrouvera son groupe.
A 17h15, 5 appareils du groupe effectuent une mission de protection en Hollande, en coopération avec 3 autres du III/1. Le Nigen apperçoit un He 111, le rejoint et met en feu un de ses moteurs, avant de rompre le combat.
Le groupe revendique donc 2 victoires sûres dans la journée.
GC I/4 (Dunkerque-Mardyck – Curtiss H-75) : A 16h10, 26 avions décollent afin de dégager une colonne blindée bloquée depuis 2 heures du matin sur la route Anvers-Breda par un violent bombardement aérien :
«
16h30 : nos chasseurs débouchent dans le secteur nord-est d’Amiens, à 500m des appareils allemands [6] Do 17, qui ont immobilisé la colonne française. Les pilotes des Curtiss répètent le signal et ils foncent à perdre le souffle : les mitrailleurses françaises crépitent. Sous la violence de l’assault, les Dorniers s’éclipsent. Mais 40 chasseurs Messerschmitt 109, qui les protégeaient, font face résolument. Les détonations des canons de bord de la Luftwaffe ébralent l’atmosphère. Nos pilotes ripotent. Un combat tournoyant s’enguage. »
-Le cptne Barbier est blessé au-dessus de l’œil par un tir de Bf 109.
-Hertaut succombe : «
16h40 : entraîné par son élan, un Messerchmitt abandonne, dans un mauvais déguagement, l’avantage qui lui conféraient la surprise et la supériorité de la hauteur. Hertaut en profite pour riposter, car son œil est juste et sa main sûre. En bonne position de visée, il tire 2 rafales courtes contre le chasseur allemand dont l’avion pique et s’enflamme. (…)
16h42 : Hertault est assailli par un nouvel adversaire. Il se défait rapidement de la manœuvre classique, un virage très serré à droite en excès de vitesse. Mais 2 autres messerchmitt viennent à la rescousse. Un éclat d’obus crève la coque du Curtiss qui reçoit en plein ventre un autre projectile. Hertault vire au centre du cercle sur lequel ses adversaires se suivent scrupuleusement. (…) Haletant, Hertaut regarde partout. Il cherche désesperemment une issue. En vain. (…)
16h45 : Hertaut tente le tout pour le tout : choisir définitivement un adversaire. (…) Il vire. D’un seul coup, les Allemands intterrompent leur ronde et se précipitent à sa suite. L’un d’eux le gagne de vitesse. (…) Le Messerschmitt surplombe le Curtiss et plonge. Sous une rafale d’obus explosifs, l’avion français se cabre, la queue de l’empennage vers le sol. Un choc violent prolongé par une énorme vibration, secoue l’appareil tout entier. (…) Chaque coup porte. (…) L’avion s’immobilise un instant. Puis il se renverse sur l’aile droite et pique à la verticale. (…)
A 16h50, Hertaut ferma les yeux et attendit la mort. Dans la seconde, le Curtiss s’écrasa au sol. ». Il périt dans l’appareil.
-Le sgt Lacroix est abattu en flammes et tué
-Naudin est blessé, contraint d’atterrir sur une route
-L’appareil du Lnt Verry, qui a auparavant abattu un bombardier, est abattu à son tour à bout portant par un Bf 109, ce qui blesse le pilote au talon gauche ; le pilote réussit à sauter en parachute, mais il est blessé lors de sa descente par des mitrailleuses légères belges.
-Enfin, le sgt-chef Debethune, qui a abattu un Bf 109, est gravement blessé à la cuise après un tir de Bf 109 : il rentre à Mardyck mais il détruit l’appareil à l’atterrissage car il ne peut sortir son train.
Si les Curtiss ont tenu tête à leurs assaillants pendant 2 heures, il revient du combat très touché : s’il a obtenu 5 victoires confirmées et une probable, il a perdu son cdt de groupe et le sgt Lacroix.
GC II/4 (Xaffevilliers – Curtiss H-75) :Le terrain est à nouveau l’objet d’une attaque effectuée à 5h, sans dégâts importants. L’escadrille réagit dans la journée, avec plusieurs patrouilles.
Lors de l’une d’elles, deux appareils rencontrent 18 He 111 protégés par une douzaine de Bf 109. Camille Plubeau nous raconte le déroulement ce cette mission : «
Je suis, avec comme équipiers l’adj Tesseraud et le sgt-chef Jaussaud, en couverture de notre terrain. (…)
Vers 10h, je suis orienté vers un groupe de bombardiers ennemis, avec comme indications : altitude haute, venant de l’est.
Comme nous sommes à 4000m, je prends rapidement de l’altitude. Par radio, je demande aux batteries de DCA de Domptail, situées à 4km au NE de notre terrain, de marquer l’expédition ennemie par des éclatements d’obus.
Quelques instants plus tard, alors que nous sommes à 7000m, j’apperçois un premier peloton d’une quizaine de bombardiers protégés par une douzaine de messerschmitt 109. Les bombardiers sont à 6500m environ, et leur protection vers 7300m.
Je me pose rapidement la question : qui dois-je attaquer ? Si je me porte sur les chasseurs, j’arriverai à leur altitude difficilement et à faible vitesse. Ce n’est pas intéressant. Les Me 109 qui, probablement, ne nous ont pas encore vus, mais qui doivent être prévenus de notre présence par les bombardiers, cafouillent légèrement. Il y a du flottement et de l’hésitation dans leurs patrouilles. C’est le moment propice.
Suivi par mes équipiers, je plonge et j’attaque, par l’avant, l’aile gauche des bombardiers. La passe faite, je bats des plans pour que mes équipiers me suivent et, à grande vitesse, je passe sous les chasseurs allemands. Seul Jaussaud, qui veut renouveller l’attaque, se fait accrocher par les chasseurs ennemis. Il nous perd de vue, dégage et rentre vers le terrain où il se joint à la patrouille du S/L Duperret, qui vient de décoller sur ma demande radio.
Pendant ce temps, avec Tesseraud, nous attaquons, par l’avant, le deuxième peloton de bombardiers. Il est égualement protégé par quelques Messerschmitt 109 (je ne remarque qu’un seul Bf 110).
La protection ennemie se tenant un peu loin des bombardiers, nous avons le temps de renouveller nore attaque par l’arrière. J’ai l’ailier gauche dans mon collimateur, tout près. Je tire sur le moteur gauche, je tire sans arrêt sous les rafales de projectiles de bombardiers, jusqu’au retour des Messerschmitt 109 qui m’obligent à rompre le combat sans être sûr de la victoire.
Mais, du terrain ; où nos mécaniciens sont tout heureux d’apprendre le crépitement des mitrailleurs dans le ciel (les jumelles sont sorties), on peut voir les dernières phases du combat. Ils voient le Heinkel que je viens d’attaquer quitter la formation et faire demi-tour. On apprendra qu’une demi-heure plus tard, un He 111 s’est abattu à 80 Km de là, moteur gauche en feu. Mais cet avion est réclamé par la DCA.
La chasse ennemie s’agite et nous faisons face. Tesseraud et moi-même sommes chacun rapidement dans la queue d’un Me 109. Tesseraud tire sans de très bonnes conditions, mais doit déguager, par suite de l’intervention d’un autre messerschmitt. A bonne portée de tir, peut-être 120m, je lâche une rafale. Le Messerchmitt accuse le coup. Une autre rafale, il tangue et pique. Le pilote doit être touché, car face au sol, sans objectif devant lui, il tire.
Ses amis venus le secourir, je l’abandonne pour me déguager. Le Messerschmitt 109 sera retrouvé au sol à 2km au sud de Blamont, soit à 17-18 Km de notre terrain [Il sera partagé entre Plubeau, Tesseraud et Jaussaud]
Je me reprends de l’altitude et je me retrouve avec Tesseraud. Les bombardiers ont disparu.
Jaussaud a reçu une balle explosive et uen incendiaire dans son avion, une autre a éraflé le côté droit de l’empennage du mien. Les Messerschmitt 109 de ce jour m’ont semblé avec un fuselage plus gros que les Me 109 habituellement rencontrés. »
Après le déjeuner, une nouvelle alerte est donnée : des Bf 109 sont aperçus, mais l’attaque des avions français ne donne aucun résultat : ni victoire, ni perte.
GC I/5 ( ? – Curtiss H-75) : A l’aube, Accart participe à patrouille double décolle sur alerte, pour une mission de couverture sur Rethel. Il nous raconte cette mission : «
Je décolle dès les premiers rayons de soleil avec une patrouille double légère. Mon équipier est P[érina] toujours, et la 2ème patrouille est formée des 2 chefs barmen [Morel et Vuillemain].
Nous volons sur Bétheniville pour intercepter une formation qui a été signalée sur Reims, quand « Nadia » m’annonce que Mourmelon subit un bombardement. Je fais demi-tour et nous nous portons plein gaz sur Suippes, ce qui a l’avantage de couvrir notre terrain et de nous mener sur la route probable de retour des bombardiers allemands.
Nous ne sommes qu’à 3500m et approchons à la verticale de notre PC, quand je distingue dans le loitain 9 bimoteurs qui filent vers le Nordet. Faible changement de direction, et nous commençons la poursuite en montant légèrement vers les silhouettes grises et brunes qui se détachent maintenant plus nettement sur le bleu sans nuages de notre ciel de France ?
La distance qui nous sépare d’eux ne diminue guère, et je commence à m’inquiéter. 2, 3, 5 minutes se passent, et nous ne gagnons qu’insensiblement. Mes équipiers comprennent qu’il n’est plus question de me suivre, mais d’arriver coûte que coûte à rejoindre les avions allemands. Morel, puis Vuillemain, me dépassent, leurs moteurs titants un peu mieux que le mien. Par contre, P[érina] est distancé et je l’apperçois à 300m plus bas.
Les bombardiers se sont scindés en 2 : 6 d’entre eux ont pris la direction de l’est et vont nous échapper ; les 3 autres conservent leur route, et bientôt nous les distinguons nettement. Ce sont des He 111. (…)
Ils doivent nous voir tout à coup, car ils obliquent brusquement vers la droite comme pour se rapprocher des 6 autres. Peine perdue, ceux-ci sont déjà loin et nous arrivons sur la malheureuse section d 3.
Morel et Vuillemain, à peu près sur la même ligne, ont attaqué en même temps, le 1er l’ailier gauche, le 2nd l’ailier droit. Devant moi, Morel va me gêner dans un instant s’il ne déguage pas, car j’arrive à mon tour à 150m, mais il déguage en virage à gauche au moment où j’ai l’impression qu’il va percuter son adversaire tant il passe près. Déjà un bimoteur fume. Je tire à mon tour et vois le train d’aterissage du Heinkel sortir et les deux jambes se balancer mollement sous le plan. 2 attaques chacun, et l’ailier gauche se me en virage à gauche en descente, hors de combat.
Nous sommes au niveau de Clermont-Argonne. Sans nous attarder à achever ce premier bombardier, P[érina] est derrière nous pour l’obliger définitivement à atterir en territoire français, Morel et moi donnons un coup de main à Vuillemain qui a déjà bien avancé son affaire : l’ailier droit perd de l’huile et son moteur droit fait concurrence à une cheminée d’usine. Sous nos 3 assaults conjoints, en moins de 2 minutes, il déclare forfait et déguage en piquant à gauche, sans doute dans l’espoir de rejoindre les régions occupées par l’armée allemande. Morel et Vuillemin le suivent, et je suis tranquille sur son compte.
Un coup d’œil en arrière m’a rassuré au sujet du 1er Heinkel atteint, car j’ai apperçu P[érina] le harcelant.
Reste le chef de section, qui fuit plein moteur vers l’est en direction d’un banc de nuages qui s’étend sur 1500-2000m. Il ne s’agit pas de laisser couler ces précieuses minutes ; aussi je m’installe derrière lui, à 100m, et par petites rafales, pour ne pas perdre de balles, je l’assaisone méthodiquement.
Le mitrailleur ne réussit qu’à me placer une balle inoffensive dans le bout du plan gauche. Mes projectiles, par contre, font merveille et grâce aux impacts, je règle mon tir dont je constate rapidement les effets : les deux jambes du train d’aterissage tombent presque simultanément et remuent au hasard des secousses autour d’une position moyenne voisine de la verticale (…).
Un moteur lâche et la vitesse diminue, bien que nous soyons en légère descente. Je n’ai plus de munitions qu’à une seule arme de capot qui tire avec une lenteur désespérante ; je voudrais en finir immédiatement sans être obligé de rester sous le feu du mitrailleur, mais je crains de voir arriver le moment où mes dernières cartouches seront épuisées.
Je m’applique, comme au stand de tir, à mettre en panne le 2ème moteur : enfin de la fumée bleue en sort. Il a l’air de tousser à plusieurs reprises, et, les deux moteurs au réduit, la descente s’accélère. Nous approchons des nuages aux contours blancs irisés de lumière, quand ma mitrailleuse se tait définitivement. Quelques secondes, et nous pénétrons dans le brouillard.
Je conserve la même ligne de descente en m’écartant à gauche de quelques degrés pour retrouver le Heinkel à la sortie, sans toutefois risquer de l’accrocher. En effet, nous débouchons sous le plafond à peu près ensemble. Il m’apparaît alors dans toute sa splendeur, à 200m par le travers. (…)
Je me suis rapproché et, ne trouvant pas de réaction, je viens tout contre lui, prêt à déguager cependant. Je reste en vol de groupe avec lui, et rien ne bouche aux postes de mitrailleuses arrière. Plus de munitions, servants blessés ? Je ne saurais jamais. (…) Nulle haine entre nous, j’en aurais mi ma main au feu.
Un dernier regard, et je le laisse continuer sa descente : il est à 150m d’altitude et n’ira pas jusqu’en Allemagne, car nous sommes près des étangs de Sarrebourg et il aurait eu beaucoup moins de chemin à faire pour gagner la frontière s’il n’avait pas filé plus tôt vers le nord.
Quant à moi, j’ai juste assez d’essence pour gagner le terrain où j’aterris après un retour au régime économique. (...) J’apprends alors, en faisant mon plein, que P[érina] a repris, comme Morel et moi l’avions prévu en l’air, le Heinkel de gauche. Après quelques rafales, l’avion allemand a exécuté une suite de mouvements désordonnés pour s’écraser au sol en explosant avec ses occupants en bordure de la forêt d’Argonne. Quant à l’équipier de droite, son équipage, tiré sans arrêt par Morel et Vuillemain, s’est précipitament posé en campagne [sur le ventre]. »
Dans l’après-midi, une autre patrouille triple décolle pour intercepter 9 He 111. Aucune victoire n’est inscrite, mais la formation ennemie a pu être disloquée.
GC II/5 ( ? – Curtiss H-75) :A l’aube, 9 appareils décollent pour une mission de destruction dans la région de Montmédy.
Vers 5h, une patrouille triple décolle (Lt Houzé, C/C Janeba et Hanzlicek), et se frotte à une formation de 2 He 111. Des apapreils du I/2 les rejoignent, et les Lt Houzé, C/C Janeba et Hanzlicek abattent un bombardier en coopération avec le S/C Goile (du I/2).
A 7h, une alerte retentit, et l’escadrille d’alerte (9 appareils) décolle : «
Il était temps, car les Heinkel survolent déjà à 4000m le terrain et les premières bombes tombèrent alors que la dernière patrouille quittait le sol. Les Curtiss, grimpant pleins moteurs, rejoignirent les Allemands, une douzaine d’appareils sans protection de chasse et purent ainsi descendre 3 d’entre eux. Pendant qu’ils s’obstinaient à tenter de rattraper les 9 autres qui fuyaient pleins gaz, le terrain fut à nouveau bombardé par une autre formation et comme la veille, l’alerte terminée, le génie se mit à l’ouvrage. (…)
Une mission ordonnée à midi envoya 12 Curtiss vers Arlon-Longwy. Elle fut interceptée en route, avant Sedan et nous eûmes affaire pour la 1ère fois à une vingtaine de « 109 » et de « 110 ». (…) Le combat se prolongea pendant une vingtaine de minutes avec des adversaires coriaces qui se contentèrent de passes rapides, sans les poursuivre en combats tournoyants. Deux « 110 » abandonnèrent la lutte, un de leurs moteurs fumant abondamment, mais aucun de nous n’eut la possibilité d’aggraver leurs ennuis car les « 109 » ne nous laissèrent aucun répit. C’est avec soulagement que nous pûmes enfin rompre le combat et nous poser, à court d’essence. ».
Le soir, une quatrième mission consiste en la protection d’un Potez 63.11 de reconaissance sur la Meuse, sans avoir de mauvaise rencontre.
GC II/6 (Chissey – MS. 406) : A l’aube, la 4ème escadrille (Vouarces) et la 3ème effectue un décollage sur alerte pour une couverture du terrain sur Maubeuge. RAS.
A 6h10, le S/C Touret et le S/L de Russé décollent pour prendre la relève. Ils sont rappellés à 6h25, mais un Do 17 survole la piste. A cause de la mauvaise visibilité, les français ne le repèrent que 15 minutes plus tard, grâce à la DCA. Chaque pilote fait 3 passes, mais l’ennemi se cache dans les nuages. Le S/C Tourret, seul, le retrouve et l’abat en 2 passes. Cependant, il reçoit des projectiles sur son moteur. Le dornier sera attribué au sgt-chef Tourret et au S/L Budan de Russé, mais, touché, Touret capote à l’aterissage.
A midi, le terrain de Vouarces est bombardé : le groupe, à Vouarces, a été épargné, mais pas deux Moranes qui y avaient été laissés (l’un incendié, l’autre endommagé)
Décollant à 18h, 18 appareils groupe participent, en coopération avec le III/3, à l’escorte de la mission menée par les 12 LeO 451 des GB I/12 et II/12, composée de 18 chasseurs. Le Cptne Pentz se souvient de la mission : «
Décollage à 18h00. Chacun prend sa place, les Polonais constituent la dernière section, la plus haute, à 1200m. Le raid s’effectue plus bas, à 800m. Le ciel est brumeux, avec de petits nuages à 1200m. L’escorte est menée par le cdt de la 3ème patrouille, le Lt [Albert] Fabre.
Au moment où nous traversons la ligne de front, nous reçevons un feu d’enfer venant du sol. C’est la 1ère fois que je vois ça : il y a tant de lueurs au sol et de fumées au-dessus et devant nous. Cela dure un court instant, puis c’est calme. Le temps s’améliore et peu après nous pouvons voir Maastricht à l’horizon. La large vue se termine et nous sommes à nouveau sous une fine couche de nuages.
Nous rencontrons les premiers appareils allemands (2 Heinkel). Les Morane se jettent sur eux, les autres restent plus haut pour les couvrir.
A ce moment, les Messerchmitt arrivent. 9 d’entre eux et au-dessus. Ils sont….par groupe de 3, en formation très serrée. Le combat commence, et à ce moment les LeO bombardent le pont à Maastricht. Je combats un Boche, d’abord au-dessus d’un nuage, puis sous un autre. J’ai reçu un éclat mais mal placé, alors que je tire 3 fois. Le Messerschmitt rompt le combat et s’échappe en rase-mottes, avec ses collègues. Entre-temps, je vois un Morane qui part en vrille vers le sol….
3 Morane ne reviennent pas, y compris un Tchècoslovaque. »
-le sgt-chef Touret, blessé, doit se poser en Belgique.
-Le Lnt Clostres, à l’appareil très endommagé, se pose près de Naumur mais brise son appareil à l’atterrissage.
-Enfin, l’adj Leclerq et son appareil son portés disparus ; le corps ne sera jamais retrouvé ; peut-être son appareil a-t-il explosé en l’air
-Au retour, l’A/C Gray attaque un Ju 88, sans résultat
-au retour égualement, le S/L Verdier abat un Do 17 (probable)
Le groupe obtient donc 2 victoires probables dans la journée.
GC III/6 (Chissey – MS. 406) :A 8h37, une patruille double décolle sur alerte, suivie d’une simple à 8h43. Ils enguagent 16 He 111 :
-Le Gloan abat le dernier Heinkel du peloton (« probable »)
-le Lnt Legrand, les S/ Gavaroz et Salaun, l’adj le Gloan ; le sgt-chef Le Guennec, et les Sgts Gabard et de Gervilliers touchent en coopération (avec égualement le sgt-chef Doudiès du II/7) l’ailier gauche, qui s’écarte moteur fumants : il largue ses bombes et se pose train rentré en territoire français
A 18h00, une patrouille légère double (Adj Goujon, S/C Chardonnet, S/L Martin, S/L Colonge) décolle sur alerte ; elle engage 7 He 111 à 7000m à la verticale d’Auxonne :
-les S/L Martin et Colonge mettent les moteurs du dernier en fumée, il déguage rapidement. (il sera attribué comme sûr aux S/L Martin, Colonge, Adj Goujon) Son mitrailleur dorsal réplique :
-l’appareil du lnt Martin est mis en flammes, son pilote saute en parachute indemne.
-L’appareil du S/L Colonge subit le même sort, et son pilote parvient égualement à se parachuter indemme.
-pendant ce temps, l’Adj Goujon endommage sérieusement un autre He 111. Il doit abandonner, à court de munitions et lui-même touché. Il se pose finalement en campagne (cet appareil est considéré comme probable)
En 30 sorties, le groupe revendique 2 victoires, pour 2 morane perdus.
GC II/7 (Luxeuil-les-Bains – MS. 406) : Le terrain est prévenu à 8h25 d’un éventuel bombardement : 21 Moranes sont mis en vol, alors que les bombardiers qui survolent la piste à 5000m ne livrent pas leurs bombes. Une escadrille est laissée alors en couverture du terrain, tandis que les autres poursuivent le dispositif de 18 He 111, qui sont rattrapés vers Dijon. Nowakiewocz raconte cette mission : «
Décollage à 8h. Nous décollons dans le désordre, vraiment nerveux, car un grand raid de bombardement est attendu. Ayant décollé et monté à 2000m, j’ai repéré un certain nombre de points sur Vesoul. D’abord, j’ai cru que c’étaient des tirs de la DCA. J’ai réalisé alors que ce n’était pas des tirs d’artillerie, mais un raid de He 111. Il y en avait 28.
Je les ai poursuivis longtemps, et c’est au-dessus de Dijon que j’ai pu me mettre à bonne distance de tir. Pendant ma première attaque, j’ai vu un français loin devant moi, en piqué. Je suis resté seul avec une équipe d’attaquants.
Après la seconde attaque, j’ai vu un résultat : le Heinkel commençait à fumer mais continuait à voler en formation. Je l’ai donc attaqué plus près, à 100m. Après la 3ème attaque, j’ai déguagé, car il y avait un sérieux tir de la défense.
Il s’est plus tard révélé que le Heinkel s’était écrasé au nord-ouest de Dijon. ».
-Un appareil traîne et sort son train, il est finalement abattu par 16 pilotes qui se succèdent pour l’assault (attribué en coopération au cptne Hugo et au S/L Valentin).
-Mais au retour, le Sgt Lefèvre tombe en panne d’essence et se blesse grièvement en tentant d’aterrir.
La patrouille du S/C Doudiès, qui n’a pas participé à ce combat, est rappellée en guet aérien, alors qu’elle poursuivait 20 bombardiers qui venaient de survoller le terrain. Elle se porte sur Vessoul, où elle tombe sur un autre groupe de Heinkel :
-le Sgt Grimaud (à bout de munitions) et le S/L Krol (armes enrayées après la 1ère rafale) abandonnent le combat, alors qu’un bombardier quitte sa formation (il sera attribué à Doudiès et au sgt Grimaud en coopération, mais il se posera en Allemagne)
-Doudiès, rejoint par une patrouille du III/6, abat avec elle un autre bombardier, qui se pose près de Besançon
Au même moment (11h30), le terrain est à nouveau bombardé et attaqué : 2 Morane et 1 D. 520 d’instruction sont détruits, tandis que les soldats Boulin et Kepa sont tués. La patrouille alors en couverture (S/L Dussard, S/L Mangin, Sgt Boillot). Pierre Boillot nous raconte cet épisode : «
Pendant que nous nous envolons, une bombe de gros calibre s’abat sur le hangar de la 3ème escadrille, pulvérisant notre premier D. 520 en cours de préparation et tuant ou blessant plusieurs mécaniciens. Alertés par la voiture-radio du groupe, nous cherchons en vain l’auteur de ce mauvais coup qui reste introuvable dans un ciel pourtant sans nuage, puis on nous dirige vers Belfort pour intercepter un avion de reconaissance qui remonte la vallée du Doubs.
C’est un air connu et je suis pour ma part ramené à une vingtaine de jours en arrière. En conséquence je scrute le ciel avec acuité pour m’assurer qu’une bande de « 109 » en maraude ne va pas nous arriver dessus à l’improviste comme la dernière fois.
Pendant cette recherche visuelle, j’aperçois soudain plusieurs avions qui évoluent plus bas que nous au-dessus du terrain de Lure en même temps que je distingue des lueurs d’explosions au sol et que l’on nous signale par radio que ce terrain est bombardé.
Nous avons piqué, les 3 Morane, aussi vite que nous le pouvions et la scène se précise à nos yeux. Ils sont une dizaine de Junkers 88, les récents Stuka bimoteurs de la Luftwaffe, qui s’en donnent à cœur joie sur ce terrain peu défendu où stationne un groupe de reconaissance de la 55ème escadre.
Notre arrivée au milieu d’eux cause un certain émoi. L’un d’eux pourtant qui vient de bombarder remonte sous un angle très fort, sans doute pour renouveller son attaque. Ayant manœuvré comme je l’entends grâce à la vitesse acquise, je remonte encore plus cabré juste au-dessous de lui et bien vite je me trouve à 100m derrière.
Ayant ouvert le feu à très courte distance, je vois les obus et les balles ravager le fuselage et les ailes pendant le temps très court où je reste en position de tir. Je vois aussi très distinctement le mitrailleur arrière qui n’arrête pas de me tirer dessus.
J’ai déguagé au ras de son aile droite ; à peine ais-je eu le temps de le voir très cabré, les moteurs au ralenti, fumant abondamment, que je suis moi-même entouré d’une épaisse fumée blanche.
Le mitrailleur arrière m’a eu. Presque instantannément le détecteur d’incendie fonctionne dans la cabine et je décide de sauter après avoir coupé les contacts et actionné l’extincteur de bord. Je n’ai pas pu quitter l’avion. Celui-ci dont la profondeur était réglée « à piquer » s’est remis en ligne de vol tout seul, sous l’effet de l’autostabilité bien connue du Morane et cela m’a empêché de quitter le cockpit.
Je vole donc encore à l’horizontale et dans le calme relatif de ma cabine où le moteur ne fait plus aucun bruit, je me sens bien. Les traces d’incendie ayant disparu je n’ai plus du tout envie de sauter en parachute. Réussissant à m’attacher de nouveau, mais avec une seule bretelle, j’enteprends d’aterrir en campagne lorsque je réalise que je suis toujours à la verticale du terrain de Lure. Je m’y pose après une prise de terrain hélice calée un peu acrobatique, au cours de laquelle j’évite de justesse le talus qui borde l’aérodrome pour le protéger des innondations du ruisseau local.
Je suis debout à côté de mon avion, me frottant les oreilles, assourdi par le piqué que nous avons fait, quand arrive une ambulance à toute vitesse. Elle stoppe devant moi, une porte s’ouvre, je plonge littéralement dans le véhicule et je suis évacué par un jeune médecin courageux qui n’a pas hésité à venir me chercher en plein bombardement au milieu du terrain. Quelques instants plus tard, je sors de l’abri où j’ai trouvé refuge, pour apprendre que mon junkers s’est abattu au nord de la piste.
(…) Je m’en vais voir mon morane. Je découvre aisément l’impact qui m’a fait atterir : un trou assez gros dans le haut du cylindre avant droit. Je découvre également à ma grande surprise une dizaine d’impacts, faits manifestement par des projectiles qui ont atteint le fuselage plein travers.
Je me demande encore comment le mitrailleur du junkers a pu me toucher de la sorte lorsqu’on me donne la clef de l’énigme. Le terrain, dans le sens où je me suis posé est défendu par deux fusils mitrailleurs installés au ras du sol dans des emplacemnts de tir classiques (…) Ne disposant pas d’une très grande visibilité et me prenant pour un allemand malgré la silhouette caractéristique du Morane qu’ils ont à peine entrevue en jetant un regard par-dessus leut parapet de protection et malgré l’énorme cocarde peinte sur le fuselage, les deux tireurs m’ont canardé copieusement pendant toute la descente, sans me toucher d’ailleurs. Seulement le hasard a voulu qu’une fois posé je passe entre eux en roulant au sol à faible vitesse. Les deux forcenés tiraient encore et ils ne se sont pas arrêtés, après m’avoir sévèrement touché, que lorsque je suis passé dans leur alignement. A cet instant, chacun d’entre eux entendant siffler les balles de l’autre a pris peur, a cessé le tir et s’est mis défitivement à l’abri.
Le premier moment de surprise passé, je suis furieux que ces gens dont la mission est de défendre le terrain ne soient pas capables de reconnaître un avion français à quelques centaines de mètres. »
-le Lt Boillot, appareil endommagé par la défense des bombardiers, doit en effet se poser à Malbouhans
-l’un des Ju 88 est probablement abattu par le S/L Dussart Au retour voit son appareil prendre feu (moteur serré) ; il doit alors se pose d’urgence en campagne à Mélisey, il est légèrement blessé au visage.
Au soir, le groupe ne dispose plus que de 12 appareils en état de vol.
GC III/7 (Vitry-le-François – MS. 406) : A 5h50, le Lt Challe décolle à vue pour intercepter un peloton de He 111 qui attaque le terrain. Les autres pilotes le suivent. Un seul Morane est légèrement endommagé.
La patrouille restée en couverture (Adj Delarue et Sgt Matthieu) est rappelée sur le terrain, où elle accroche 19 autres He 111 :
-L’Adj Delarue attaque l’avion de queue, mais dans le souffle des hélices part en vrille, laissant à son gibier l’occasion de se réfugier dans les nuages
-Le Lt Challe, seul, rejoint un autre peloton de He 111. Il attaque successivement 2 bombardiers, dont un est considéré comme probable. Mais lui-même sérieusement touché, il doit rentrer au terrain, avec plusieurs impacts un peu partout sur l’appareil.
Vers 6h15, les Sgt-chef Moulène et le Sgt Boyer décollent pour intercepter 8 He 111 sur St Dizier, en coopération avec 2 Bloch du I/8 :
-Moulène épuise ses munitions en 6 passes sur un bombardier, qui a un moteur stoppé et descend son train, mais qui lui échappe dans la brume. Un brasier dans un bois sera découvert, si bien que la victoire sera attribue aux S/L Thollon et Flandi du I/8
-Boyer percute l’empennage d’un Heinkel. Il n’a rien. Selon la tradition, il sera mis sur le papier d’homologuation de la victoire de Molène, contrairement à la réalité.
Vers 11h50, une autre patrouille (S/C Littolff, S/L Martin) attaque 2 pelotons de 9 bombardiers chacun. Mais, confrontés à des problèmes d’armement (l’un a son canon éclaté, l’autre ses mitrailleuses enrayées), ils ne peuvent rien contre les bombardiers. Lors de la seconde attaque, le S/L Martin voit son moteur monter en température, et doit se poser en campagne, détruisant son appareil.
A 19h00, 3 appareils, en coopération avec plusieurs autres du III/2, effectuent une mission de couverture. Le dispositif rencontre vers 19h10 une douzaine de Bf 110. Le S/L Rupied endommage un Bf 110, mais il est mis en flammes et doit se parachuter. Au sol, il est acceuilli par des soldats français qui ont peur de la 5ème colonne, mais il réussit à regagner Cambrai dans la soirée.
Cependant, le groupe participe à une victoire contre un Hs 126.
GC I/8 (Velaine-en-Haye – MB 152) : Le groupe effectue une mission de couverture dans la zone Toul-Nancy, et rencontre des He 111 et Do 17. Ils les enguagent, avec 2 appareils du III/7, mais les Bf 109 et 110 de protection interviennent et engagent les chasseurs français.
-Un Bf 110 est abattu dans les combats, peut-être par le sgt Zerovnicky, mais plus probablement par la DCA
-Un bombardier, abattu par Moulène du III/7, est attribué à Thollon et Flandi
-Le lnt Flandi est blessé, il tente de ramener son avion mais percute le sol à St Germain sur Meuse : le pilote meurt dans son appareil, carbonisé.
-L’adjudant Guy est lui aussi abattu, il s’écrase avec son appareil au sol mais il est indemne.
-Enfin, le caporal-chef Spatchek est touché par un Bf 109, il saute en parachute et se pose indemne.
GC II/8 (Calais-Mark – MB 152) : Le S/L Dutey-Harispe raconte :
«
Le [11 mai], nous devons assurer, de l’aube à la nuit, la protection d’un point sensible en Belgique. Le manque d’avions (…) ne permet que de disposer que de patrouilles simples (2 avions), ce qui est dérisoire.
Heureusement, de gros cumulus nous permettent de nous « planquer » quans nous sommes trop attaqués. Les messer sont trop nombreux et nous sommes vraiment des chasseurs chassés ! A ce jeu, je perds très vite mon coéquipier qui ne peut plus suivre.
La patrouille qui vient me relever m’autorise à prendre le chemin du retour vers Calais et je décide de longer la côte à très basse altitude. A la hauteur de Nieuport environ, j’apperçois un bombardier allemand qui se traîne, car il doit être durement touché. J’en profite, avec mes canons, pour le tirer de près et, il fait plouf…
Victoire certaine, mais qui ne peut être prise en compte, faute de preuve (…). ».
GB I/12 et II/12 (Soissons-Saconin et Persan-Beaumont – LeO 451) : 12 appareils effectuent une attaque sur les ponts restés intacts sur le canal Albert. Mais, le rendez-vous avec la chasse ayant été manquée, la mission est reportée.
Finalement, les appareils redécollent à 17 heures, avec un dispositif composé de 6 appareils de chaque groupe, escortés par 18 M.S 406 du GC III/3 et II/6. Lors de l’attaque, la flak touche deux appareils :
-un appareil du II/2 (dont 1 membre d’équipage saute en parachute et est fait prisonnier, un autre fait de même mais il est tué car son parachute s’est mis en torche. Le pilote est gravement brûlé ; il décédera L’Hôpital quelques jours plus tard, le dernier membre périt carbonisé dans l’appareil)
-un autre du même groupe (laissant son équipage indemne).
4 autres appareils rentrent à leur terrain malmenés, dont deux qui doivent être ferraillés : un mitrailleur est tué, un radio blessé et fait prisonnier.
Dans la soirée, une seconde attaque est lançée, avec 6 LeO ; 3 n’en reviennent pas du fait de la flak.
Si les objectifs ont été touchés, ils n’ont pas été détruits, et l’avance allemande continue.
GB I/15 (Reims-Courcy – Farman 222) :Lors du mouvement du groupe sur Saint-Yan, un appareil est touché par la D.C.A. française et s’écrase en tentant d’atterrir, laissant son équipage indemne.
GB I/34 et II/34 (Montdidier et Roye-Amy – Amiot 143):Mouvement sur La Ferté-Gaucher et Nangis.
GB I/38 et II/38 (Troyes-Barberey et Chaumont-Semouliers – Amiot 143) :2 appareils de reconnaissance sont envoyés peu avant la tombée de la nuit. Tous deux observent, chacun dans leur région, des colonnes allemandes roulant tous feux allumés, mais ce n’est que le lendemain que les appareils de reconnaissance seront autorisés à emporter des bombes. Mais les renseignements n’arrivent pas à être transmis au PC de la 1ère DA.
9 autres amiot 143 sont envoyés bombarder le terrain de Bohn-Hangelar, mais le bombardement n’est pas très efficace.
GBA I/54 ( ? – Br. 693) :18 appareils du Grpt 18 harcèlent les blindés dans le quadrilatère Hasselt-St Trond-Liège-Maestricht, mais, leur escorte (18 MS. 406 du GC III/3) n’étant pas au rendez-vous, ils se font décimer par la Flak et le groupe perd 10 avions sur les 11 engagés.
GAR II/52 ( ? – Potez 63.11) :Au cours d’une mission, un appareil est touché par la flak, puis s’écrase au sol : le pilote est indemne, mais l’observateur et le mitrailleur sont gravement blessés.
GAO 501 (Fort-Mardyck – Potez 63.11) :Le groupe effectue des missions de liaison à Anves et Saint-Omer.
GAO 548 (Epinal-Dogneville – Potez 63.11) :Le terrain est attaqué vers 17h par 6 Bf 109 en vol rasant, si bien que 3 mécaniciens sont blessés et un appareil est détruit à la suite de l’attaque.
GAO 2/551 (Tournes-Belval – Potez 63.11) : 2 des 3 Potez 63.11 du GAO 502 détachés en renfort du GAO II/551 sont égualement détruits.
GAO 3/551 ( ? – Potez 63.11) :Un appareil est gravement touché lors d’une mission.
AB 1 (Hyères - ?) :Mouvement sur Boulogne.
F1C (Calais-Marck – Potez 631) :Les potez effectuent des missions de protection des convois sur Flessingue et Walcheren.
Jean Graignic se souvient : «
Le début de la journée du 11 mai se passe sans accrochage : les patroilles qui se succèdent en protection de convoi rentrent sans avoir vu d’avion ennemi.
En fin d’après-midi, je fais partie d’une patrouille triple : le cdt Jozan leader et le second maître Samery (…)
Nous décollons vers 17h30. Pour une fois, ma radio marche et le téléphone de bord égualement. Le temps est toujours le même : soleil radieux et brume sèche au sol qui s’est à peine levée. La visibilité n’est pas très bonne. En faisant route sur Walcheren, le cdt Jozan monte à 2000m et chaque patrouille s’étage de 500m par rapport à l’autre.
Pendant quelques minutes, nous patrouillons un peu à l’est des bateaux dans un calme parfait, puis nous voyons en-dessous de nous quelques éclatement de DCA et un bimoteur isolé qui fait cap à l’ouest. Nous descendons pour l’identifier, c’est un Bleinheim.
Nous avons à peine le temps de remonter qu’apparaît une importante formation de bimoteurs à la suite du Bleiheim et sensiblement à la même altitude. Cette fois-ci, pas d’hésitation, nous reconaissons des Heinkel. Il y en a une nuée en formation assez lâche.Un rapide coup d’œil dans le ciel, il n’y a pas de chasse allemande en protection. ».
-C’est Jozan qui attaque le premier : «
Je tombe sur un groupe de 2 Heinkel et j’attaque par l’arrière l’appareil de queue qui, touché, se détache de son chef. Avant ma seconde passe, j’apperçois dans le collimateur le 3ème appareil, à la traîne, d’une autre section ; je suis dans le soleil, invisible, et je le tire à hauteur par l’avant de son travers babord. Certainement touché et gravement, un moteur crachant une fuée grise, il vire brusquement et se met en descente cap au NNE en passant sur l’île de Beveland. Je n’ai donc pas de maneouvre à faire pour le tirer par l’arrière et dans l’axe. La réaction des mitrailleurs arrière est très forte. Je vois son deuxième moteur, le droit, qui commence à fumer et cette poursuite à très grande vitesse m’éloignant du convoi, j’abandonne en déguageant en virage à droite ». En déguageant, Jozan s’offre au tir du mitrailleur arrière qui le touche, sans gravité. Il attaque ensuite un He 111 isolé, mais il doit abandonner la partie faute de munitions.
-Le Lnt de vaisseau Folliot, de son côté, « poivre » un Heinkel, suivi du maître Billotet : «
Je vois l’avion attaqué par Mr Folliot abandonner la section et perdre de l’altitude. Au cours de cette première passe, le moteur droit du Heinkel visé se met à fumer et l’avion se détache de son chef. Je ne l’ai pas suivi, d’autres groupes ennemis étant en meilleure position pour être attaqués par moi. J’attaque par l’arrière et en piqué sur un autre groupe de Heinkel et je vois l’avion visé partir en piqué jusqu’à l’eau qu’il percute. » Folliot suit cependant sa victime : « Au moment où j’arrive à 150m de l’axe, un Potez 63 que je ne peux identifier me passe au-dessus à 4 ou 5m et tire le même appareil. Je reste derrière en attadant qu’il déguage. Sitôt cet appareil dégagé, je mets plein gaz et remonte l’Allemand. Dès les premières salves, son moteur droit prend feu et je vois les morçeaux d’appareil se détacher. L’appareil abandonne le vol de groupe et se met à piquer. Je le suis en vidant mes chargeurs de mitrailleuse et de canon. L’appareil disparaît dans la couche de nuages vers 1000m. Je le perds à ce moment. »
-L’enseigne de vaisseau Graignic, de son côté, suit le premier maître Dupont qui plonge sur la formation : «
Les appareils douteux étaient des Heinkel que le premier maître Dupont reconnaît un peu tard. Il manque son attaque ; mieux placé que lui, je fais un retournement et me retrouve dans la queue de l’appareil de droite de la formation ennemie. (…)
Je choisis un Heinkel qui ne réagit pas. Sans doute me prend t-il pour un messerschmitt 110 qui devait assurer la protection. Je tire d’abord sur un moteur qui prend feu, puis sur l’autre qui se met à fumer. L’appareil largue ses bombes n’importe où et perd de l’altitude. Je vide mon chargeur de canon dans son fuselage et il va s’abîmer en mer, non loin des bateaux, ainsi que ceux descendus par mes camarades. Il ne me reste que quelques cartouches de 7,5mm et j’ai moi-même perdu de l’altitude. Je dégage et commence à remonter.
La formation des Heinkel est complètement dispersée. Les survivants disparaissent à l’horizon. Je ne vois aucun Potez, pas même Samery qui, je le suppose, a dû choisir une autre victime.
Continuant à monter, j’aperçois, un peu plus haut que moi, 5 petits bimoteurs qui semblent défiler comme à la parade. J’allais les prendre pour mes 5 camarades, quand, tout à coup, je vois assez loins de moi un 6ème appareil qui manœuvre pour se mettre dans ma queue. Je fais un virage serré et transforme la passe par l’arrière en une passe par l’avant ; ni l’un ni l’autre n’arrivons en position de tir.
Pendant ce temps, les 5 autres appareils, ce sont des Messerschmitt 110, piquent sur moi. J’adopte la même tactique, je fais face une fois de plus, ni les uns ni les autres ne peuvent tirer. En un éclair, je réalise la folie d’un combat alors que je n’ai plus de munitions de canon. Les Messerschmitt, entraînés par leur vitesse, sont en virage mais assez loin de moi, j’en profite pour partir en retournement et je pique à la verticale vers la mince couche de brume salvatrice.
Je ne vais pas pour autant retrouver ma sérénité, parce qu’en me tordant le cou, je distingue un bimoteur derrière moi. Naturellement, le téléphone de bord ne marche plus et le fidèle Minier ne tire pas sur les ficelles. Je me demande même s’il n’est pas blessé, car je ne le vois pas bouger.
Je prends la décision de tenter le tout pour le tout. J’estime que les allemands sont presque tous de jeunes pilotes qui doivent se laisser prendre à un piège assez grossier. Brutalement, je réduis les gaz à fond et cabre à la verticale. Normalement, un Messerschmitt plus rapide aurait dû me passer devant. Mais je n’avais affaire ni à un Messerschmitt ni à un jeune pilote, mais au commandant Jozan, qui, voyant ma manœuvre, réduit à fond puis, reconaissant l’un des siens, s’arrête à ma hauteur. Je me mets en patrouille avec lui et, quelques 20 minutes plus tard, nous aterissions à Marck, très inquiets de n’être que 2. Un peu après, 2 autres potez aterissent, mais Samery ne devait jamais rentrer. Folliot, égualement descendu, avait pu sauter en parachute au-dessus de la Belgique, ainsi que son radio, le maître Frey qui, lui, était grièvement blessé. ».
-Mais la plupart des Potez ont épuisé leurs munitions, et subissent à présent le choc des Bf 110 d’escorte, comme on l’a vu avec Graignic. Folliot, comme l’a dit Graignic, en fait l’expérience, car il est accaparé par un He 111 qui ne l’a pas vu arriver : «
Je préviens [le maître-radio volant Frey] d’être prêt à tirer dès que nous l’aurons dépassé. Frey vide son chargeur et touche l’appareil à son moteur droit d’où part une grosse fumée noire. L’appareil allemand se met en poqué et Frey le perd de vue. A ce moment, en levant la tête, il apperçoit 6 Messerschmitt 110 qui nous piquent dessus par l’arrière et légèrement par la gauche. Il me prévient ; mais à l’instant même où j’amorce mon virage à gauche, je reçois un choc formidable ; le moteur droit prend feu, un morçeau de l’aile droite se détache et l’appareil me semble désemparé. Je dis à Frey de sauter et je réussis à évacuer l’appreil une quizaine de secondes après ; sitôt en parachute, j’apperçois légèrement plus haut un autre parachute, celui de Frey (…) Je n’étais pas blessé, mais Frey était assez grièvement blessé aux deux jambes et au bras droit. »
Quant au reste de la patrouille :
-Jozan, Graignic et Billotet parviennent à s’échapper
-le maître Samery et son mitrailleur, le quartier-maître Le Maresquier sont portés disparus
-Billotet sera crédité d’un He 111 sûr (officieusement), Jozan et Folliot de deux probables chacun et Graignic d’une probable.
Escadrille non créée officiellement (Lanvéoc-Poulmic – Farman NC. 223) :Paul Comet nous raconte :
«
Le 11 mai (…), ce fut notre première mission de guerre.
Elle avait pour objectif non pas Berlin, mais le pont de Maastricht, au retour d’Aix-la-Chapelle, où ous étions allés bombarder la gare. (…)
La nuit était magnifique, la pleine lune éclairait en grand. Nous volions à 400m en suivant tranquillement la voie ferrée, lorsque, soudain, alors que nous allions arriver à la gare, 1min, ou peut-être 30s avant l’objectif, nous fûmes pris dans un centaine de projecteurs.
Avec sa peinture aluminium, on n’avait pas eu le temps de le camoufler, le « Jules Vernes » était clairment visible. Le pilote, [le maître principal] Queugnet, descendit au ras des toits et fit une série de virages à gauche et à droite. Mais, outre ces évolutions, nous avions l’avantage de pouvoir dérouter encore la DCA par des variations de vitesse considérables de 210 à 310 ou 320 Km/h.
Nous venons de passer au-dessus de la gare, au milieu d’une « Flak » absolument infernale. Je me retournai pour vérifier que le voyant vert indinquant « bombes larguées » était bien allumé : il ne l’était pas !
-Mais…commandant, les bombes sont encore là !
-Je sais, me répondit tranquillement Daillière, plein de sang-froid. Je ne les ai pas lâchées. Avec ces sacrés projecteurs, je n’ai pas bien vu l’objectif.
-Vous pourriez les lâcher, maintenant, commandant. L’avion serait plus maniable, ensuite.
-Non. Je ne veux pas bombarder la ville. Ce n’est pas mon objectif.
-Alors, on y retourne ?
-Non. Nous allons chercher notre deuxième objectif.
Ce 2ème objectif était un nœud de voies ferrées près de St Omer. Une concentration de chars avait été signalée dans cette forêt. Nous prîmes les 3 ou 4 minutes nécessaires pour y lâcher nos bombes et ce furent de longues, de très longues minutes… ».
Aux Pays-Bas :Bombardier Vliegtuig Afdeling (Schiphol – Fokker T. V):3 appareils, protégés par des D. XXI, tentent de bombarder à nouveau les ponts de Rotterdam, mais ils manquent leur cible.
Ils retentent leur mission dans l’après-midi, mais trouvent sur place des Bf 110. Un T.V, 1 D. XXI sont perdus pour le compte d’un Bf 110 revendiqué. Un pilote de D. XXI, touché par des tirs « amis », doit se parachuter.
En Belgique :1./I/1. Aé (Deurne – Fairey Fox) :D’après Léon Paulet, «
Le Lnt Wauters abat, avec sa section de canons 40mm, un He 111 qui bombardait le pont de Tamise. (…)
Vers 16h, nous recevons la visite ininterrompue des Renard 31 de la 11-V-1Aé. (…) Ils ont dû évacuer Hannut d’urgence. (…) Cette décision inoportune va permettre à l’ennemi de déceler notre repaire où des niches ne sont prévues que pour 12 appareils. Malgré le bel esprit de corps et de camaraderie qui règne dans l’armée, je regrette de devoir écrire que nous les recevons avec une certaine froideur. (…) Heureusement, vers 19h30, ils gagnent le terrain de Peutie, près de Vilvorde.
Ce même jour, un Hurricane britannique, criblé de balles, atterit sur notre terrain. Son pilote, blessé, est conduit par nos soins à Wevelghem.
La nuit, nous sommes continuellement alertés par des survols avec larguage de fusées éclairantes. Nos sections de mitrailleuses ouvrent un feu d’enfer, se croyant attaquées. Le pilote Gudnkauf, officier de garde, est blessé en essayant de garder les esprits. Nous devons l’évacuer à Anvers. ».
I./2. Aé (Beauvechain – Gloster Gladiator) : Le groupe est chargé de protéger l’attaque des ponts par les Fairey Battle du III./3. Aé. Les appareils sont interceptés par des Bf 109, qui abattent 4 des 6 appareils. Les deux restants doivent sauter en parachute, non sans avoir pu obtenir une victoire revendiquée, pour l’un d’eux.
En début d’après-midi, le terrain est attaqué par des Bf 109, qui détruisent 7 Gladiator. A 16H30, d’autres messerschmitt viennent finir le travail, en abattant ce qui reste de Gloster et Hurricane.
I./3. Aé (Neerhespen – Fairey Fox) : L’attaque, dans l’après-midi, des Ju 87, ne laisse intact qu’un seul appareil, qui sera détruit peu après lors du ravitaillement de la base.
II./1. Aé (Glabbeek – Fairey Fox) : Un appareil, effectuant une reconnaissance sur la Hollande, et revient au bercail sans avoir été attaqué, protégé par des appareils du III./2. Aé.
II./2. Aé (Brustem – Fiat CR. 42): Les appareils viennent de quitter le terrain lorsque les bombardiers allemands le bombardent. Ils peuvent alors se réfugier à Nieuwkerken-Waas.
III./2. Aé (Vissenaken – Fairey Fox) :Le terrain est attaqué dans l’après-midi par des Ju 87, qui détruisent 5 appareils. Le groupe évacue alors vers Moerbeke. Plusieurs appareils effectuent par ailleurs une mission de protection d’un appareil de reconnaissance du II./1. Aé.
III./3. Aé (Belsele – Fairey Battle et Fox) :A midi, 3 pelotons de 3 Fairey Battle sont chargés de détruire les ponts du canal Albert. Les appareils, confrontés à des problèmes dûs aux chargement de bombes, décollent tardivement, si bien qu’arrivés sur place, leur escorte (1./I./2. Aé) est abattue. Dans le premier peloton, c’est l’hécatombe face à la chasse : seul un appareil réussit à bombarder l’objectif. Le deuxième arrive au pont, mais perd 3 avions du fait de la flak.
D'autre part, un Fairey Fox est abattu par erreur par un MS. 406 du GC III/2.
La Luftwaffe revendique 300 avions abattus.