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| Entre Ciel et Poésie. | |
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+4Nungesser Tex Hill Fonck Aspirant Grange 8 participants | Auteur | Message |
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Aspirant Grange Adjudant-chef
Nombre de messages : 382 Age : 31 Localisation : Paris Date d'inscription : 15/11/2008
| Sujet: Entre Ciel et Poésie. Mar 24 Fév 2009, 11:28 | |
| Bonjour à vous tous. J'aimerais consacrer un petit sujet aux poésies et aux romans que la passion de l'aviation a inspiré aux membres du forum. | |
| | | Fonck Aspirant
Nombre de messages : 1305 Age : 35 Localisation : Toulon Date d'inscription : 01/09/2005
| Sujet: Re: Entre Ciel et Poésie. Mar 24 Fév 2009, 13:25 | |
| "Les roues puissantes écrasent les cales. Battue par le vent de l'hélice, l'herbe jusqu'à vingt mètres en arrière semble couler. Le pilote, d'un mouvement de son poignet, déchaîne ou retient l'orage..."
Saint Exupéry
"Quand on vole on comprend pourquoi les oiseaux chantent". | |
| | | Aspirant Grange Adjudant-chef
Nombre de messages : 382 Age : 31 Localisation : Paris Date d'inscription : 15/11/2008
| Sujet: Re: Entre Ciel et Poésie. Mer 25 Fév 2009, 11:38 | |
| Un vieux poème que j'ai écrit il y a 5 ans en pensant aux morts inutiles des guerres...
Ce soir je ne reviendrai pas, et déjà quand mourra cette journée, Cent auront vu le jour. Finalement la vie est plus belle qu’on ne le croit souvent, Les heures passées ensemble, plus courtes qu’elles n’auraient dues l’être. Les journées à avoir gardé le secret de mon amour pour toi plus inutiles que je ne le pensais. Ce soir je ne reviendrai pas, et demain, d’autres aussi seront partis. Moi qui voulais mourir jeune après t’avoir une dernière fois embrassé, je comprends aujourd’hui ma bêtise. J’aurais voulu Mourir vieux, et toi j’aurais voulu te voir vieillir à mes côtés. Je ne reverrai plus jamais le ciel, celui seul qui me comprenait, et qui m'abandonna. Adieu S... et que la vie te soit douce. | |
| | | Tex Hill Colonel
Nombre de messages : 8109 Age : 67 Localisation : Cannes Date d'inscription : 20/05/2005
| Sujet: Re: Entre Ciel et Poésie. Jeu 26 Fév 2009, 19:22 | |
| - Aspirant Grange a écrit:
- Un vieux poème que j'ai écrit il y a 5 ans en pensant aux morts inutiles des guerres...
T'as écrit ça à 10 ans ? _________________ | |
| | | Aspirant Grange Adjudant-chef
Nombre de messages : 382 Age : 31 Localisation : Paris Date d'inscription : 15/11/2008
| Sujet: Re: Entre Ciel et Poésie. Jeu 26 Fév 2009, 19:56 | |
| Oui lol mais ce n'est pas mon préféré ! | |
| | | Nungesser Caporal-chef
Nombre de messages : 32 Date d'inscription : 30/01/2009
| Sujet: Re: Entre Ciel et Poésie. Ven 27 Fév 2009, 00:56 | |
| - Fonck a écrit:
- "Quand on vole on comprend pourquoi les oiseaux chantent".
Je ne connaissait pas celle la et je la trouve superbe ! Merci Fonck, je vais m'endormir l'esprit pleins de beaux rêves ! | |
| | | Aspirant Grange Adjudant-chef
Nombre de messages : 382 Age : 31 Localisation : Paris Date d'inscription : 15/11/2008
| Sujet: Re: Entre Ciel et Poésie. Ven 27 Mar 2009, 00:44 | |
| Un Tableau Noir
Ce soir après le dîner, le Lieutenant Boulard fut demandé chez le commandant. Après l’habituel garde à vous, le commandant dit simplement : « Repos Lieutenant… Demain vous partez pour une mission de Reconnaissance sur F., le lieutenant Granger sera votre observateur… Vous pouvez disposer. » Pierre savait bien pourquoi on demandait demandait sa présence. C’est à peine ombrageux qu’il quitta le bureau. Avant de sortir de la salle des opérations, il regardait encore le tableau des missions :
« _Mission de Reconnaissance sur F., Lieutenant Chancrin, Lieutenant Félix : Portés disparus. _Mission de reconnaissance sur F. Sergent Legrand, Aspirant Delanger : Portés disparus. _Mission de reconnaissance sur F. Capitaine Ray, Sous-Lieutenant Morel : Portés disparus. » Il allait quitter la salle quand un opérateur vient marquer sur le tableau : « _Mission de Reconnaissance sur F., Lieutenant Boulard, Lieutenant Granger: »
Toute personne ayant passé une seule journée sur la base, savait bien que voir son nom sur le tableau d’opérations lors d’une mission de reconnaissance sur F., signifiait une mort certaine et cependant, inconnue, impalpable. Personne ne pouvait affirmer que tous ceux qui n’étaient pas rentrés avaient été tués. Et pourtant, tout le monde savait que ces hommes qui avaient vécu, aimé, ri, souffert, espéré, tous ces hommes qui avaient ressenti les mêmes sensations que les autres, n’étaient plus que des noms inscrits sur un tableau noir, avec apposé, la mention « Porté Disparu ». On ne leur accordait pas le bénéfice d’une mort certaine. Ils étaient d’improbables survivants, où d’improbables fantômes là où ils se trouvaient, mais ici, ils n’étaient plus que des noms sur un tableau noir.
Pierre se sentit soudain libéré d’une sorte de poids pesant. Ce poids, d’autres équipages le ressentaient. C’était l’angoisse de l’attente. Lui qui s’attendait à avoir peur, il n’était plus que songeur, rêveur aussi, il était déjà un nom sur un tableau noir. En regagnant sa chambre, il avait rencontré Granger. Ils avaient croisé leur regard. Celui de Granger était empli de désespoir. Granger, jeune étudiant au moment de la « Catastrophe », s‘était engagé dans une arme qu’il pensait être pacifique. Passionné par l’immensité du ciel, et alimenté par le désir d’être affranchi de ces routes sinueuses qui serpentent en ville et dont il se pensait l’esclave, il avait choisi le corps des observateurs pour s’engager.
Pierre, quant à lui, était aussi étudiant, mais ayant un peu piloté avant la « Catastrophe », on le prit comme tant d’autres pour lui confier un oiseau d’acier. C’était sans grandes espérances qu’il s’était maintenu dans l’attente, comme tant d’autres, avant d’avoir à partir pour F. Les équipages étaient sacrifiés par dizaines, et Pierre était conscient que sa vie importerait peu à ceux qui décidaient de la vie de milliers d’autres. Il avait pourtant durant ces dernières semaines, regagné une lueur d’espoir, que l’on arrêterait ce semblant de lutte entre pays, et que chacun pourrait rentrer, continuer sa vie comme avant la « Catastrophe ». En effet, cela faisait plusieurs semaines qu’on ne parlait plus de ce qui se passait près de la frontière. On parlait des femmes qui attendaient le retour de leurs époux, de leurs fils, ou bien des deux. Maintenant, tout espoir pour Pierre et Granger s’en était allé. Pierre finalement, était content qu’il en fût ainsi. Il n’avait pas de femme qui l’attendait et avec laquelle il aurait aimé faire l’amour. Il n’avait pas de famille chez qui aller raconter son angoisse passée. Il n’avait pas de neveux à porter sur ses genoux pour leur conter le récit de braves camarades morts pour le pays. D’ailleurs pensait-il, il n’y avait pas de braves camarades, ni de « Morts pour la Patrie ». Non, il n’y avait que des hommes morts pour rien. Les autres pilotes disparus n’étaient pas non plus de preux chevaliers du ciel, mais de faibles oiseaux d’acier tombés en flamme.
Une fois arrivé dans sa chambre, Pierre se déshabilla et ne garda que ses sous-vêtements. Il se regarda dans le glace, et pensa, que toute cette chair qui le composait, que toute cette complexité biologique, toutes ces années passées avant d’atteindre l’âge adulte, n’avait été qu’un trop long et trop inutile temps perdu. Dans quelques heures, tout cela ne serait qu’une boule de feu. Cette pensée lui donna un petit coup de chaleur, et il décidait de prendre un bain tiède. Il laissa couler suffisamment d’eau pour être presque complètement immergé - dans le désert, des dizaines d’animaux auraient pu trouver là source de vie -. Il s’installa tranquillement dans son bain, en y espérant trouver un quelconque confort.
Soudain, le silence harmonieux fut brisé par le bruit des fines gouttes de pluie qui venait achever leur folle course contre la fenêtre. Il se souvint alors d’une lettre qu’il avait destinée il y a bien longtemps, à une jeune femme qui trouvait en ces légères percussions que font les gouttes sur une vitre, un son délicat :
« A…, Tu es tu resteras la seule femme de ma vie, et pourtant, ce soir, moi qui me plaît à la poésie, je me vois sans plume pour écrire, sans mots pour parler de toi, car devant la simplicité de ce que je ressens, rien ne saurait mieux exprimer ce soir mes sentiments pour toi, qu’un simple « Je t’aime ». La phrase en est devenue banale à force d’être répéter et reprise inutilement. Et pourtant ce soir, au rythme de l’onde qui vient se poser sur mon balcon, ce « Je t’aime » reprend toute sa beauté classique. Tout ce qu’a ressenti celui qui eut la chance de prononcer ces sept lettres pour la première fois, ce soir, je le ressens aussi. Il y a certes, des façons plus élaborées de te dire ce que mon âme toute entière éprouve pour toi. Mais ce soir, tous ces artifices me semblent vains, puisqu’à avec ce simple « je t’aime », j’en dit ô combien plus, qu’avec le plus beau des poèmes. »
Bien entendu, il ne l’avait jamais remise. Et ce que pendant douze ans il avait eu peur de dévoiler, lui vint le plus naturellement du monde à l’esprit. Il regrettait de ne pas lui avoir donné ces quelques lignes, derniers souvenirs d’une adolescence rêveuse.
Pierre finalement accorda peu d’importance à sa fatigue, après tout pensait-il, à la veille de sa mort, on ne peut pas être fatigué. La perspective de la mort lui sembla beaucoup plus facile alors. Il ne partait pas en laissant des êtres chers derrière lui. Il partait seul. Tout ce qui resterait de lui demain, ce serait un nom sur un tableau noir. Et ce n’était pas cette mort anonyme qui lui faisait peur. C’était l’impression de ne pas avoir vécu sa vie. Il avait connu l’immensité céleste, il avait connu le froid et la solitude du pilote. Il se souvenait de ces nuits passées dans le désert, où tout n’est que sable et étoiles. Il aimait voler de nuit et parcourir pendant des heures, cette mer silencieuse, où d’innombrables rezzous étaient en route vers des campements français, et où d’improbables bédouins préparaient la caravane qui devait traverser cette étendue majestueuse. Le désert pensa-t-il alors, cette esthétique mystique, c’est le lieu du divin. Tout n’est qu’espérance dans le désert. C’est un lieu où l’on retrouve une noblesse originelle, la noblesse du sable, du silence. Il aurait voulu se trouver dans le désert à cet instant.
Soudain, il se souvint de cette femme voilée qu’il observait à chaque vol d’entraînement. Savait-elle que le pilote qu’elle se plaisait à contempler, allait une dernière fois, s’envoler pour un pays lointain, inconnu, froid, menaçant. Cela faisait longtemps qu’il ne l’avait plus vu cette femme. D’ailleurs, l’avait-il un jour réellement aperçue ? Volant plus rapidement que les vents du désert, cette femme n’était pour lui qu’une silhouette, aux formes cachées par ce voile, et qui semblait tomber gracieusement le long de son corps, de telle sorte, que sous le drapé, les formes féminines se laissait deviner.
Il quitta son bain.
La pluie avait cessé et Pierre se décida à aller se promener sous le ciel étoilé. Il semblait maintenant que les astres - infinies lueurs que le marin et le pilote considèrent comme leur Saint-Patron – l’appelaient comme si, dès le soir suivant, lui aussi deviendrait l’un d’eux. Voilà donc à quoi servirait sa mort : Sauver les vivants perdus dans ce vaste monde. Il sera une étoile, et son seul but sera de guider ceux qui ne savent où la vie se situe.
« Ah si seulement ils savaient que pour vivre il faut suivre le chemin que leur indique un mort ! »
Cette pensée au fond, semblait bien lui correspondre. La seule femme qu’il avait aimée - A…- il avait fait tout pour qu’elle ne ressente plus rien que le mépris et le dégoût en le voyant. Il eut ce besoin nécessaire de se sentir détesté par elle, afin que dans son amour propre, il commença à s’aimer un peu plus. Et voilà que maintenant tout cela devenait absurde. Cet univers qu’il s’était construit durant tout ce temps s’écroula soudainement ce soir. Il ne la reverrait plus. Elle avait sans doute épousé un homme bon, un homme qui serait capable de la chérir, de lui dire à l’oreille des mots doux.
Il se rappelait de cette journée de l’arrière automne 1935, quant il lui avait révélé sa passion. Elle n’avait rien dit, mais un petit air d’agacement s’affichait sur ses lèvres, et Pierre comprit qu’il était vain d’espérer que ce qu’il ressentait pour elle fut réciproque. Ils étaient restés ensemble quelques minutes, ébahis.
« J’aurais dû l’embrasser… » Pensa-t-il.
L’aube déjà se laissait deviner derrière la forêt qui bordait la piste. Les premiers mécaniciens apparaissaient sur le terrain et marchaient péniblement vers les hangars.
« Voilà donc venir le jour de ma mort. ».
Il regarda une dernière fois la photographie de cette femme qu’il avait aimée. Il se remémora ses lèvres pulpeuses qu’il imaginait sucrées une fois encore, et se leva.
Il partait, fantôme de lui-même. Plus jamais on ne le reverrait, il n’était plus qu’un nom sur un tableau noir. | |
| | | Marc_91 Colonel
Nombre de messages : 8664 Age : 62 Localisation : Sud de l'Essonne Date d'inscription : 05/12/2006
| Sujet: Re: Entre Ciel et Poésie. Ven 27 Mar 2009, 07:03 | |
| C'est dur, mais c'est très bien écrit !!! | |
| | | Aspirant Grange Adjudant-chef
Nombre de messages : 382 Age : 31 Localisation : Paris Date d'inscription : 15/11/2008
| Sujet: Re: Entre Ciel et Poésie. Ven 27 Mar 2009, 17:04 | |
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| | | JLT-93 Sergent
Nombre de messages : 51 Age : 64 Localisation : Neuilly-sur-Marne Date d'inscription : 07/11/2008
| Sujet: Re: Entre Ciel et Poésie. Ven 27 Mar 2009, 17:10 | |
| ils vont peut-être revenir... | |
| | | Aspirant Grange Adjudant-chef
Nombre de messages : 382 Age : 31 Localisation : Paris Date d'inscription : 15/11/2008
| Sujet: Re: Entre Ciel et Poésie. Ven 27 Mar 2009, 17:17 | |
| Non, je ne pense pas, le lieutenant Pierre Boulard qui était un observateur en réalité, n'est pas revenu... D'ailleurs, le thème du concours pour lequel j'ai écrit cette nouvelle étant "Une Journée Particulière", et là, il se trouve que c'est le dernier jour de la vie d'un homme... | |
| | | thud Lieutenant
Nombre de messages : 3661 Age : 49 Localisation : les fourgs (doubs) LFSP Date d'inscription : 03/04/2006
| Sujet: Re: Entre Ciel et Poésie. Ven 27 Mar 2009, 22:12 | |
| tres tres beau aspirant, j'ai "apprecie" _________________ VF-84 JOLLY ROGER
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| | | Gretsch Sous-lieutenant
Nombre de messages : 2773 Age : 62 Localisation : La Réunion Date d'inscription : 23/01/2008
| Sujet: Re: Entre Ciel et Poésie. Ven 27 Mar 2009, 23:13 | |
| Tu as un réel talent ! En littérature, ce n'est pas si fréquent... Mais qu'est-ce que c'est triste, ce que tu écris... A ton âge, c'est assez normal, remarque. C'est en vieillissant qu'on devient joyeux ! | |
| | | Aspirant Grange Adjudant-chef
Nombre de messages : 382 Age : 31 Localisation : Paris Date d'inscription : 15/11/2008
| Sujet: Re: Entre Ciel et Poésie. Sam 28 Mar 2009, 00:34 | |
| Ah mais cette tristesse, c'est celle d'une adolescence rêveuse, et d'une femme qui me tue d'un rhume de coeur...
Merci beaucoup mais je crois que vous me surestimez beaucoup ! | |
| | | Aspirant Grange Adjudant-chef
Nombre de messages : 382 Age : 31 Localisation : Paris Date d'inscription : 15/11/2008
| Sujet: Re: Entre Ciel et Poésie. Jeu 04 Juin 2009, 21:42 | |
| J'ai obtenu le 4ème prix du concours de nouvelle !!! | |
| | | Gretsch Sous-lieutenant
Nombre de messages : 2773 Age : 62 Localisation : La Réunion Date d'inscription : 23/01/2008
| Sujet: Re: Entre Ciel et Poésie. Jeu 04 Juin 2009, 22:35 | |
| Qui surestimait qui ? Bravo ! | |
| | | thud Lieutenant
Nombre de messages : 3661 Age : 49 Localisation : les fourgs (doubs) LFSP Date d'inscription : 03/04/2006
| Sujet: Re: Entre Ciel et Poésie. Jeu 04 Juin 2009, 22:36 | |
| joli aspirant, felicitations _________________ VF-84 JOLLY ROGER
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| | | Aspirant Grange Adjudant-chef
Nombre de messages : 382 Age : 31 Localisation : Paris Date d'inscription : 15/11/2008
| Sujet: Re: Entre Ciel et Poésie. Jeu 04 Juin 2009, 23:06 | |
| Merci beaucoup Gretsch et Thud ! | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Entre Ciel et Poésie. | |
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