Jules Vilbert est né en 1911, et choisit très vite une carrière dans la Marine, puis dans l'Aéronavale.
A la déclaration de guerre de 1939, l'Enseigne de Vaisseau de 1ère classe Vilbert est l'officier en second de l'AB2, créée en 1938. Mais l'escadrille a été obligée de quitter son porte-avions, le Béarn, car celui-ci est jugé trop lent pour des opérations de guerre. Il sera néanmoins envoyé aux USA, avec le l'or à bord, afin de ramener les avions achetés par la France.
A bord d'anachroniques "avions marins" PL.10 et PL.101 biplans, il assure des patrouilles au-dessus des navires qui amènent en France les soldat du corps expéditionnaire britannique.
Lorsqu'enfin l'escadrille touche des avions "modernes", ceux-ci sont des LN.401 et LN.411, prévus pour la chasse en mer (eh oui, malgré leur moteur Hispano-Suiza 12Xcrs de 690 ch et leur vitesse maximale de 380 km/h) et le bombardement en piqué. Si l'armement de bord est bon (un canon de 20mm et 2 mitrailleuses Darne de 7,5mm), les viseurs et les bombes manquent.
En regardant bien ma photo, vous distinguerez les 2 petites tiges que le pilote avait fait souder devant son pare-brise pour pouvoir, néanmoins, s'entrainer au bombardement en piqué ... Quand aux bombes, si l'avion peut emporter 225kg sous le fuselage, l'escadrille doit se contenter de bombes de 150kg.
En Mai 1940, les escadrilles AB2 et AB4 sont déplacées à Berck, et effectuent des patrouilles de couverture de leur terrain, ainsi que quelques vols et attaques au-dessus de la Hollande.
Le 19 Mai, les 2 escadrilles reçoivent la mission de bombarder un rassemblement de blindés de la 7.Panzerdivisionnen, au carrefour de Berlaimont, sur la Sambre. Les 20 avions décollent en fin d'après-midi, 9 appareils pour l'AB4 et 11 pour l'AB2. Peu après avoir franchi les lignes, ils croisent un Henschel HS-126 de reconnaissance, qui donne l'alerte au FlakRegiment 202, qui défend la position allemande ...
Les 2 premières sections de l'AB4 attaquent en premier et perdent 3 avions, la première section de l'AB4 (sans perte), puis vient le tour de sa section. Il est touché au radiateur lors de son piqué, perdant presqu'instantannément tout son glycol. Il bombarde néanmoins. 2 autres appareils de l'AB2 sont perdus après le sien, dont un abattu par 4 Bf-109 ...
Malgré ses cadrans de température qui s'affolent, il tente de regagner nos ligne, mais hélice s'arrête de tourner peu après sa ressource. Sur son erre, il tente de rejoindre le territoire encore tenu par nos troupes, mais doit se poser, train rentré, à une douzaine de km à l'Ouest. Il est immédiatement fait prisonnier.
2 autres appareils sont encore perdus, dont l'un au-dessus de nos lignes, abattu par erreur par la DCA, à cause de la ressemblance de la voilure de l'avion avec cette du Ju-87 Stuka.
Au vu des pertes subies, les AB2 et AB4 sont regroupées, et n'opéreront plus qu'ensemble. Leur attaque a mis hors de combat de 300 à 400 allemands, et retardé la PanzerDivisionne d'environ 2 jours ...
En 1944, Le Lieutenant de Vaisseau Vilbert commandera brièvement la 1ère Flotille de Chasse, puis rejoindra le GC II/7 où, aux commandes d'un Sptifire Mk.IX, il abattra le 24 Décembre un Fw.190 au-dessus de Fribourg.
Il continuera sa carrière, et ce pilote qui avait dû débarquer du "Béarn" commandera brièvement l'"Arromanches" du 11 Juillet au 19 Décembre 1959, puis le Clémenceau du 20 Décembre 1960 au 7 Avril 1962.
Il nous a quitté début Décembre 2004, avec le grade de
Contre-Amiral Vice-Amiral d'Escadre.
Sources principales :- Article de Lucien Morareau dans Le Fana N°246 : La 4ème Flotille, de la Reconnaissance au Bombardement
- Article d'Arnaud Prudhomme dans AirMag N°43 : Le Loire-Nieuport 401/411 - 1ère partie
- site http://www.netmarine.net - Photos et plans http://www.airwar.ru/enc/bww2/ln411.html
