Jours après jours : La drôle de Guerre

1 septembre 1939:
4H34 ; le stukas du lieutenant Bruno Dilley lâche une bombe de 250 kg sur le dispositif de minage polonais d’un pont stratégique par où doivent passer les troupes allemandes. C’est la première bombe de la 2ème guerre mondiale.
4h45 ; les troupes allemandes commencent leur attaque.
Au soir , la situation de l’aviation polonaise est déjà bien compromise. Les vaillants pilotes ont pourtant résisté avec l’energie du désespoir, et beaucoup d’entre eux, à court de munition, n’ont pas hésité à éperonner l’adversaire.
14h00: la 32 ème escadre de bombardement équipée de Bloch 200 a décollé de Chateauroux pour ses terrains d’opération : 1ère et 2 ème escadrille ainsi que l’état major pour Dijon et 3ème et 4ème escadrille pour Chissey (base si secrète qu’elle ne figure pas sur les cartes d’aviation militaire... et que l’on peut trouver sans problème avec une carte michelin!)

3 septembre 1939:
La France déclare la guerre à l’Allemagne
5 septembre 1939:
En début d’après midi, les lieutenant Lacombe, adjudant Vinchon et sergent Dumoulin du GC I/3 ont attaqué avec leurs MS406 des Messerschmitt109 sur le terrain de Sarrebrück.

6 septembre 1939:
Une alerte aérienne a eu lieu dans le ciel de Paris. Notre DCA a longuement tiré sur un appareil qui survolait Villacoublay. Il s’agissait en fait d’un Breguet de notre usine de Villacoublay qui faisait un vol d’essai.Quand le pilote de l’appareil, Mr Hosty, après avoir atterri, appris qu’il avait été le héros de cette première alerte et que pendant près d’une heure tous les canons du coin l’avait pris pour cible, il eut du mal à le croire:
“bien sûr, nous avons pris quelques coups de pompe et observé des petits flocons noirs, mais tout de même!” furent ses paroles.
Depuis, il aime citer notre ami le chansonnier Jean Rigaux : “Nous autres, dans la DCA, l’avion nous sommes contre: c’est l’ennemi, on tire.”

7 septembre 1939:
Le sous-lieutenant Baptizet de l’escadrille des “petits poucets” nous raconte sa première mission de guerre:
“Il sagit d’une mission de protection sur le secteur Altheim-Valschbron: une patrouille simple avec le sous-lieutenant Girard et le sergent Olivier comme équipiers. Je me méfie de la DCA et manoeuvre constamment. Le sous-lieutenant Girard, peut-être insuffisamment entraîné me perd de vue à deux reprises; je suis obligé de lui courrir après.
En essayant mes mitrailleuses, je m’aperçois que mes deux synchros tirent coup par coup; celle du plan droit tire bien, celle de gauche=0.
Je reste cependant sur les lignes. Il n’y a personne en face, et nous rentrons mission terminée.”
In “ICARE” n° 53 (article du lieutenant-colonel Baptizet)

MIKE-89 a écrit:

“Nous autres, dans la DCA, l’avion nous sommes contre: c’est l’ennemi, on tire.”

lol2

Merci pour les récits.

8 septembre 1939:
Un mureaux 115 du GAO 553 , décollant de Saverne dans l’après midi, a pour mission de déterminer l’importance des unités aériennes stationnées à Karlsruhe. Evoluant à 5000 m d’altitude, il est abattu en flamme par la Flak avant d’avoir atteint son objectif. Deux tués : le lieutenant observateur Davier et de sergent pilote Piaccentini ouvrent ainsi la liste des pertes de l’armée de l’air.
Les sergent-chef Casenobe et adjudant Villey du GC II/4 (Curtiss H75) ont abattu deux Me 109 au cour d’une mission de protection d’appareil d’observation.Ce sont les premières victoires françaises.

Comme je serai pas là demain...


9 septembre :
Un Bloch 200 de la 4ème escadrille de la 32ème escadre de bombardement a réalisé une mission près de Trève : le lieutenant observateur a ainsi pu faire un croquis à main levée de la voie ferrée entre Kontz et Merzig ( démontrant par là que les appareils photographiques sont de bien peu d’utilité).Malheureusement, sur les huit autres appareils envoyés sans escorte en mission ce jours, sept ont été détruits par la chasse allemande, entrainant dans la mort un colonel , un commandant de groupe , et quelques commandants d’escadrille.
Un Bloch 131 de la deuxième escadrille du 14ème GAR a été abattu par 6 Mersserschmitt peu après le franchissement des lignes.Seul rescapé et blessé lui aussi, le mitrailleur parvient à sauter avant l’écrasement fatal.Dès l’ouverture de son parachute, il est gratifié par l’un des vainqueurs d’une nouvelle rafale aux jambes.
Le lieutenant Lacombe du GC I/3 a reçu une engueulade maison de la part du général Bouscat commandant la ZOAE pour avoir, avec sa patrouille de 3 MS 406 mitraillé sans ordres et ... détruit 3 avions allemands sur le terrain avancé de Saint-Arnual, près de Sarrebruck.
Le sous-lieutenant Petit du GAO I/520 actuellement basé à Delme-Morhange nous raconte sa première rencontre avec la DCA allemande:
“je pilotais le Mureau n°106, avec le capitaine Varret comme observateur.Au cours de la mission la DCA allemande nous a tiré dessus et nous sommes revenus avec un éclat dans le fuselage. Au cours de cette première alerte, un “effet de souffle” m’ayant fait perdre brusquement quelques mètres d’altitude, je me retourne pour voir comment se comporte mon observateur.Il me regarde de haut, de très haut, sorti de sa tourelle jusqu’à mi-cuisses.Heureusement, il reprend aussitôt sa place normale à bord. Mais il doit tout de même se demander si je n’ai pas voulu me débarrasser de lui...”


PS merçi à toi tex pour ton encouragement hello

Désolé Mike89, je n'ai pas pris le temps de t'en remercier, mais je lis attentivement ces infos que tu nous distilles chaque jour sur le forum.

Pas de problème Vespa,
;)

Alors continuez cher lieutenant.

Merci Mike pour ces rapports jours après jours, c'est vraiment une mine d'or! Où trouve tu ces renseignements ?

Vivement la suite excellent.

Tres bonne idée Mike excellent continue ton reportage au jour le jour, a quand des photos illustrant tes articles?

C'est vraiment trés interressant Mike merci hello

MIKE-89 a écrit:

pendant près d’une heure tous les canons du coin l’avait pris pour cible”

euh y avait un viseur sur les canons?
excellent pour tes rapports

Voilà! je n'aurai pas dû être là ce soir, mais le service d'urgence.... et je me retrouve avec vous à 23h!

N'en jettez plus! Je me fait plaisir avec ce "jours après jours" et il est fort probable que vous ne pourrez plus le voir en peinture début mai prochain, mais c'est pas grave.
Mes infos viennent pour l'essentiel de la revue Icare et le reste de nombreux livres trouvés en chinant.
Pour les photos, j'y travaille...

à demain

10 septembre:
Deux Mureaux 115 du GAB I/250 de Delme, en mission de réglage d’artillerie sont abattus par des Me 109 : le premier à Auerschmacher, ses deux membres d’équipage parviennent à rejoindre les lignes françaises ; le second tombe à Grosbliederstroff avec le lieutenant observateur Potié et le sergent pilote Tacquart tués.

Le sous-lieutenant Petit a effectué une mission de jalonnement de deux heures avec le capitaine Varret , qui , cette fois s’était attaché!

MIKE-89 a écrit:

6 septembre 1939:
Depuis, il aime citer notre ami le chansonnier Jean Rigaux : “Nous autres, dans la DCA, l’avion nous sommes contre: c’est l’ennemi, on tire.”

Jean Rigaux (suite) : Muté dans la D.C.A., Jean Rigaux fut marqué par la forte personnalité d'un adjudant dont l'aphorisme favori était : " L'obus part et ne revient jamais."
hello

11 septembre 1939:
Le gouvernement vous informe:
Un nouveau programme technique de monoplace de chasse a été soumis, ce jours, aux avionneurs. L’objectif de ce programme est de pouvoir opposer à la Luftwaffe, le plus rapidement possible, des chasseurs français de performances largement supérieure à celles du messerschmitt 109.
L’accent a été mis sur la vitesse horizontale, qui est exigée au moins égale à 650km/h à l’altitude d’adaptation sans toutefois être inférieure à 600km/h pour toutes les altitudes comprises entre 3.000 et 7.000 mètres. La montée à 8.000 m doit s’effectuer en moins de 11 mn . La charge de combustible, enfermée dans des réservoirs protégés, doit être suffisante pour:
- franchir 1.500 km par vent nul, à l’altitude de 1.000 m.
- effectuer, non compris les temps de montée et de descente, un pallier de une heure à 4.000 m, à la vitesse de 580 km/h.
- voler pendant 2 h 30 à 4.000 m, à la vitesse économique de 325 km/h environ.
L’armement doit consister en un canon de 20 mm, avec 60 (ou 120) obus, et six mitrailleuses de 7,5 mm avec 800 coups par arme ou - pour les avions non équipés d’un moteur canon Hispano-Suiza - 2 canons et 4 mitrailleuses.
( in “L’aviation de chasse Française 1918-1940” .Docavia n°2)
Les avionneurs interressés sont priés de se faire connaître auprès des services concernés.

hello Comme il y avait un délai de 3 années entre les spécifications et la construction en série, ces appareils n'auraient été disponibles que fin 42.
On aurait pu voir des avions comme les Dewoitine 550 et M.580 apparaître au même moment que les Spit MK.IX, les FW 190A et les Bf 109G.

A demain !

Eh oui! De toute évidence, la France n'avait vraiment pas prévu une déculottée aussi rapide.

oui mais le pire c est que certain comme DE Gaulle le savait

et puis tt le monde sait que les chasseurs francais etait d excellents pilotes
et ils l ont prouve puisque ils ont abattu un chiffre considerable d appareils allemands malgre leur inferiorite materielle

12 septembre 1939:
Aucune nouvelle importante en provenance de nos escadrilles.
Nous ne sommes pas seuls!
Nos alliers Anglais sont en France. Depuis le 2 de ce mois, la RAF a dépéché en Champagne l’A.A.S.F ( Advanced Air Striking Force) composée de 160 bombardiers monomoteurs Fairey “Battle”, dont 120 en première ligne, des 10 escadrons du n°1 group. Huit escadrons de bimoteurs “Bleiheim” du n°2 group doivent les rejoindre pour constituer un second echelon de L’AASF.
Est présente aussi l’Air Component, composée de 4 escadrons de Lysander de coopération, basée dans la Somme avec 4 escadrons de Bleinheim de reconnaissance et les deux escadrons de chasseurs Hurricane stationnés dans la région Lilloise.
Depuis quelques jours les “Battle” de l’AASF participent à des opérations de reconnaissance au dessus de la ligne Ziegfreid.

15 septembre 1939:
Voilà 3 jours qu'il pleut et que les avions sont collés au sol. Aujourd'hui, le ciel s'est un peu dégagé au dessus du terrain du I/56.

Baptême du feu pour le sergent Muselli, dernier arrivé au I/5: Suivant les ordres du capitaine Accart , notre sergent a effectué quelques mitraillages d’entrainement sur le centre du terrain avec brio. Ce qu’il ne savait pas, c’est qu’un des poste de DCA n’avait pas été prévenu. Le chef de poste a vidé trois bandes de cartouches dans la direction du Curtiss du sergent avant qu’on ait eu le temps de le prévenir! Ce soldat a été sérieusement sermonné , non pas pour le fait de n’avoir pas respecté les cocardes, mais bien parce que l’avion ne portait aucune trace de balles.
( in “Chasseurs du ciel” par capitaine Accart)

Son co-équipier n'a pas été touché, lui non plus ?