- Marc_91 a écrit:
- Un grand Merci !
Je n'ai pas trouvé de traces de vol ; il a réussi à décoller ?
Votre réponse est dans le texte que j'avais écrit pour une série d'articles pour le TB de la SLHADA, le voici:
"Antonin Proton et son Aéroplane.
Une année s’est écoulée et les infructueux essais de C. Givaudan font maintenant partie du passé. Les Caladois, toujours dans l’attente de voir un aéroplane quitter leur sol, reportent tous leurs espoirs sur un nouveau prétendant au titre de « Premier Aviateur de la Calade ».
Antonin Proton, fils de l’ancien maire de Beauregard, se présente ce dimanche 25 septembre 1910 sur la désormais célèbre prairie de Joux. Il vient, en catimini, expérimenter les premiers roulages et tenter le premier décollage d’une machine de sa conception. Cette machine, fortement inspirée dans ses formes par la « Demoiselle » de Santos Dumont, est propulsée par un bicylindre Dutheil-Chalmers de 30 chevaux (à 1200 tr/min) qui actionne une hélice de marque « Eole ». Pour ce qui est des caractéristiques : l’envergure ressort à 8,80 m, la longueur à 7 m, la surface alaire à 14 m2 et la masse à 210 kg.
Pour l’architecture générale, Antonin n’a pas cherché à innover. Le pilote, suspendu sous l’aile, est assis dans un bâti fait de bois et de tubes d’acier. L’appareil repose sur un train tricycle fait de grandes roues pour une meilleure absorption des inégalités du sol, deux à l’avant et une seule à l’arrière du châssis porteur.
Ce 25 septembre 1910, un vent du Nord très violent, qui balayait la vallée de la Saône depuis quelques jours, a cessé. Il est temps pour Antonin de se lancer dans l’aventure et de faire mieux que Claudius Givaudan. Avant cela, quelques travaux doivent être réalisés pour entreprendre les premiers essais. Le hangar de la ferme de Joux où se trouve la machine n’ayant pas les dimensions requises pour la recevoir assemblée, Antonin et son équipe durent se résoudre à démonter les ailes. La journée commence donc par le réassemblage des plans suivi des réglages nécessaires pour obtenir une machine opérationnelle et sûre.
14h30, Antonin, certainement très ému, lance sa machine dans une longue ligne droite. Le petit parterre d’invités constitué de la famille et de quelques amis, observe en silence. Suivant le souhait d’Antonin, il ne fut fait aucune publicité sur la tenue de cette première expérience. Le caractère secret de ces essais ne manque donc pas de majorer l’intensité du moment … et l’excitation, sentiment extraordinaire qui n’oublie pas d’envahir chacun des invités. Parmi les privilégiés, point de petit Louis! Mais Claudius Givaudan, lui, est là. Observateur averti s’il en est, il est bien le seul à avoir déjà ressenti l’émotion qui étreint Antonin à cet instant. Il se revoit un an plus tôt, sur cette même prairie avec les mêmes espoirs…
Sous l’effort du petit bicylindre pétaradant, Antonin prend de la vitesse et compte fébrilement la distance parcourue, 10, 20, 50, 100 ! A 150 mètres, l’aéroplane, balloté par un coup de vent, pose une roue dans une ornière. Le choc est tel, que cette dernière ne peut résister et plie sous la charge. D’un geste prompt, Antonin ferme les gaz, coupe la magnéto et laisse filer sa machine. Ce premier essai se termine prématurément au goût de tout le monde. Mais l’essentiel est sauf, la machine n’est que peu endommagée et pourra reprendre la suite de ses essais assez rapidement. La roue est redressée sur le pré, puis la machine est ramenée à la Ferme de Joux. L’installation d’une nouvelle roue s’avère nécessaire. En attendant, l’équipe démonte une nouvelle fois la machine et l’installe au sec, à l’abri du vent et des curieux.
Depuis la fin de ce premier essai, il s’est écoulé deux petites semaines. Ces quelques jours ont été mis à profit pour faire venir une nouvelle roue et réaliser les quelques modifications qui s’avèrent nécessaires. Il est 14h00 ce 7 octobre 1910 lorsque débute le remontage de la machine. Une heure et demie plus tard, le moteur est lancé et l’aéroplane roule à nouveau. Antonin étudie prudemment les réactions de sa machine avant de se lancer dans une série de petits bonds sur environ huit cent mètres. Pour finir, il réalise un vol de 600 mètres d’une durée chronométrée de 30 secondes, soit une vitesse de 72 km/h. L’altitude atteinte n’est pas connue, mais elle sera qualifiée d’« appréciable» par le journaliste du Journal de Villefranche. Ce qui nous éclaire assez peu !
À 17h20, Antonin rassuré par le comportement de sa machine se lance pour son deuxième vol. Le décollage est cette fois plus difficile, la machine encaisse de nombreux chocs au point de rompre un tendeur et de voir sa roue arrière reprendre sa liberté. Ne pouvant réparer, c’est sur cet incident que, dépité, Antonin met fin à cette deuxième journée d’essai.
Mais l’essentiel est fait. Antonin a remporté son double challenge. Voler et devenir ainsi le premier aviateur à décoller et « survoler » la Calade, mais aussi prouver que l’appareil qu’il a conçu est capable de décoller."
A la suite de cette campagne d'essais de 1910, plus de trace d'Antonin Proton ni de sa machine.
Le "petit Louis" cité dans le texte est le personnage central et fil rouge de mon récit. C'est une personne qui a beaucoup compté dans l'aviation caladoise, ni cherchez personne de connue sur un plan national.
La Calade = Villefranche sur Saône