Ah ! le Stampe…
Allez, quelques petites anecdotes locales.
De 1954 à 1958, les parachutistes du Centre Inter Club de l’Ile de France venaient sauter à Gisy-les-Nobles sur l’aérodrome de Pont-sur-Yonne, dans l’Yonne. On comptait à cette époque huit centres de parachutisme en France (Lille, Avignon, Chalon, Gisy, Nancy, Limoges, Nantes et Caen).
Ce Centre Inter Club était un nid de champions et surtout de championnes, comme Odette Rousseau, Colette Duval et d’autres.
Les sauts étaient effectués à partir de Caudron C.440 Goëland ou de DH.89B Dominie, mais aussi du S.V.4C 4-Pei N° 449 F-BCXO illustré ci-dessus. Les parachutistes étaient équipés de parachutes T4 ou T5 Pioneer réformés qui se déchiraient régulièrement, modifiés pour ouverture retardée.
On essaiera de s’imaginer la sortie de l’habitacle avant, équipé d’un parachute ventral et d’un dorsal bien encombrants, ainsi que la phase de saut toujours délicate à partir de cet appareil.
Ont également volé sur cet aérodrome, le N°81 F-BBCU et le N°438 F-BCXD.
Mais évoquons rapidement aussi le N°322 ʺné con, mais devenu bonʺ, comme tout le monde se plaisait à l’appeler, parce qu’immatriculé F-BCON au début de sa vie de 1947 à 1955. Nous le voyons ici piloté par Maurice Hetzel, instructeur à cette époque à Pont-sur-Yonne :
Il fut réimmatriculé F-BBON en 1964, échangeant comme bien d’autres son 4-PO3 pour un 4-PO5, et connut une belle carrière pour voler aujourd’hui au sein du Conservatoire de l’Air et de l’Espace d’Aquitaine.
http://tagazous.free.fr/affichage.php?immat=F-BBON
https://www.facebook.com/groups/303302773088465/
Pour ma part, j’ai connu sur cette plateforme le N°56 F-BMMD, qui, en compagnie du DH 82 A Tiger Moth N°DE-995 F-BKFL, remorquait les planeurs jusqu’à l’hiver 1971-1972, attendant que je commence à piloter pour arrêter leur carrière locale !... Et voilà, la page était tournée et je n’ai plus jamais eu l’occasion de goûter du Stampe, même si le MMD a continué à voler ailleurs, maintenant immatriculé OO-MMD.
Parenthèse (largement soulignée dans le très bel ouvrage de R.Jouhaud http://www.aerostories.org/~aerobiblio/article2242.html) concernant le calvaire vécu par les quelques 80 Stampe utilisés comme remorqueurs à un moment ou à un autre de leur carrière :
Le crochet de remorquage était fixé sur la ferrure gauche de l’étambot, et les à-coups pendant le remorquage fatiguaient et déformaient rapidement les fuselages en bois.
De plus, les pilotes remorqueurs malmenant ces avions, la voilure se détendait très vite et restait longtemps dérèglée par faute de mécaniciens compétents sur place.
En ce qui concerne le moteur 4-P, le remorquage de planeurs fit consommer des centaines de culasses. Le 4-P, comme tous les moteurs en ligne chauffait dans la montée, et refroidissait très inégalement dans les descentes que les pilotes faisaient tout réduit et très souvent d’une façon acrobatique. De 750 heures de potentiel normal, les moteurs descendaient la plupart du temps à 100 heures ! Les cylindres se desserraient, les sièges de culasse sautaient, les soupapes grippaient.
Ceux qui ont survécu ont tous dû subir de longues restaurations.