L'ancêtre du Komet, le DFS 194

"...Le RLM transféra Alexander Lippisch de la DFS à la société Messerschmitt AG à Augsbourg. Ce transfert fut effectif le 2 janvier 1939. Il était dû au fait que la DFS n’avait pas les moyens techniques de développer un prototype aussi sophistiqué que le DFS 194, issu des DFS 39d et DFS 40. Devant la nécessité de poursuivre le "Projet X" (nom donné au programme du Me 163 Komet), Lippisch put profiter d’une large autonomie au sein de Messerschmitt A.G. Il fut autorisé à créer son propre département nommé « Abteilung L ». Il put profiter de toutes les facilités offertes à Augsbourg, notamment du tunnel aérodynamique. Enfin, une douzaine de ses plus proches collaborateurs purent quitter la DFS pour rejoindre Lippisch chez Messerschmitt. Toutefois, les relations entre Alexander Lippisch et Willy Messerschmitt furent toujours très tendues. C’est ainsi que ce dernier ne cacha pas son dédain pour les recherches de son confrère qui, à ses yeux, n’avaient aucun avenir.
L’échec du He 176 (voir http://forum.aviation-ancienne.fr/viewtopic.forum?t=735) faillit également condamner le « Projet X » et ainsi donc le DFS 194. Lippisch s’emporta contre Heinkel. Non seulement Heinkel avait outrepassé la mission qui lui avait été confiée : à savoir la fabrication et la livraison d’un fuselage, mais de plus, la contre performance de son appareil faillit tuer l’ensemble du projet. Néanmoins, Lippisch put poursuivre le développement du DFS 194, mais de manière beaucoup plus lente du fait du manque total d’intérêt de la part des autorités et de Willy Messerschmitt."




Le pilote d'essai, Heini Dittmar, s'équipe avant de prendre les commandes du DFS 194. C'est ce même Dittmar qui pulvérisera le record du monde de vitesse, avec 1004.5 km/h sur Me 163A, le 2 octobre 1941. Ce record tiendra jusqu'au vol historique de Chuck Yeager et de son Bell X-1.




Le démarrage du moteur Walter sur le DFS 194.


Décollage du DFS 194.

"Les principaux développements portèrent sur le fuselage en bois qui devait résister à la chaleur de la fusée. Le DFS 194 fut tout de même achevé au début de 1939. Les essais du moteur Walter HWK R.I-203 commencèrent en octobre de la même année à Karlshagen, l’aérodrome d’essais de Peenemünde. Il délivrait une poussée de 400 kg. En février 1940, quatre mois plus tard, le DFS 194 arriva, lui aussi, à Karlshagen. Il y fut testé pour la première fois comme planeur. Il démontra des qualités de vol exceptionnelles, même lorsqu’il fut équipé de poids et de ballasts pour simuler la masse du moteur et des carburants. Au printemps 1940, le DFS 194 fut équipé du Walter R.I-203. Mises à part les nombreuses contraintes résultant de l’emploi des propergols T-Stoff et Z-Stoff, les essais au sol donnèrent toute satisfaction. Le premier vol motorisé eut lieu en août 1940 avec Heini Dittmar aux commandes. Au cours des vols qui suivirent, les résultats furent encourageants. L’avion, qui devait être bridé à 300 km/h, atteignit 549 km/h en vol horizontal, grâce aux 150 secondes de poussée fournies par le Walter. La vitesse ascensionnelle, 1615 mètres par minute, était exceptionnelle.

NB : T-Stoff - 80% de peroxyde d’hydrogène (H2O2) avec de l’oxyquinoline (C9H7NO) ou du phosphate de sodium (H2NaO4P) comme stabilisateur.
Z-Stoff - solution aqueuse de permanganate de calcium (CaMnO4) ou de permanganate de potassium (KMnO4)."


Eh oui, le DFS 194 était tout jaune ! En dessous le Me 163A V3 du record du monde de vitesse.

Souces : Tex Hill