KG200 OPERATION “ZEPPELIN”
En juillet 1944 un responsable de KG200, fut convoqué à Berlin pour une conférence très secrète. Ce genre de convocation était normal car les services du RSHA, demandaient souvent la mise à disposition des moyens aéronautiques de l’unité la plus mystérieuse de la Luftwaffe. Mais en l’occurrence, ce responsable se retrouva devant le grand chef du RSHA, le sinistre Kaltenbrunner. Dans son bureau et sans témoins, il dévoile une partie de l’opération projetée.
Il lui déclare qu’il ne s’agit pas d’une opération banale, mais d’une priorité de la plus haute importance…..et de la plus extrême urgence. En gros KG200 devra préparer une machine capable de volet jusqu’aux environs de Moscou, d’atterrir et de déposer un important chargement sans être repéré, et de plus de déposer une ou deux personnes. « Cette opération projetée est de première importance et peut être même décisive pour l’issue de la guerre ». Cette opération doit être lancée avant que les conditions atmosphériques ne deviennent mauvaises ; en tout cas avant l’automne ou l’hiver. Le point d’atterrissage ne devra pas être éloigné de plus de 100 kilomètres de Moscou.
Le commandant de KG200 demande un peu plus d’informations sur la nature des « colis ». Kaltenbrunner à voix basse l’informe « Votre mission est de déposer un homme qui agira à Moscou même. Cet homme devra accomplir le trajet entre le point d’atterrissage et Moscou avec un véhicule qui sera transporté dans l’avion ». Au fil de cette conversation ultra secrète, il s’avère que les services secrets de la SS préparent l’assassinat de Staline.
Politiquement, les allemands pensent que Staline supprimé, les alliés accepteront la discussion d’un armistice unilatéral, permettant à l’Allemagne de régler le compte des soviétiques, avec toutes leurs forces réunies.
Les acteurs sont un officier (un major) russe déserteur volontaire pour éliminer le « Tsar rouge », et une jeune femme ex lieutenant dans l’armée rouge. L’entraînement est rondement mené, et ce couple va tomber amoureux. Ils vont se marier avant de partir en mission. Du côté de KG 200 on expédie sur le lieu choisi – un terrain plat à proximité de l’autoroute Smolensk-Moscou – à proximité de Rchev un détachement précurseur. Composé d’anciens prisonniers Russes volontaires, ce détachement est parachuté sur le lieu prévu. A noter qu’un aérodrome de secours a été prévu à l’est de Vjasma (à noter que ce terrain est dangereusement prés de Moscou). Les liaisons radio sont immédiatement mises en place avec le PC de l’opération à Riga. Les informations sur la météo et autres sont transmis dans les deux sens sans problème Ces messages sont importants car chaque radio a une « signature » particulière ; il est important de savoir si toute la bande n’a pas été faite prisonnière, et que le radio émet sous la contrainte.
Coté matériel, le véhicule choisi pour les deux agents est une moto side-car soviétique type M72. Dans le side des armes, des explosifs, des vivres et un émetteur radio. KG200 a sélectionné un Arado 232B qui grâce à son train « mille pattes » peut atterrir sur des terrains non préparés. Sa porte de chargement très pratique déposer sans risque et dans le court délai son chargement roulant.
Dans la nuit du 5 au 6 septembre l’Arado décolle du terrain de Riga et se dirige vers sa destination. Le pilote de l’Arado, un lieutenant connaît sa route par cœur. A noter que l’équipage de l’Arado est composé de soldats ordinaires agissant en uniforme allemand. C’est un vol à l’ennemi banal, hormis la nature spéciale de l’atterrissage. L’avion parti et compte tenu du silence radio obligatoire, aucune nouvelle avant cinq heures de temps n’est prévue.
24 heures après, un court message du major : « avion endommagé à l’atterrissage sur terrain de remplacement. Retraite à pied des deux groupes. Au fil des échanges radio il ne fallut pas longtemps aux gens du RSHA, pour s’apercevoir que le radio émettait sous la contrainte. L’opération « ZEPPELIN » était un échec.
Quelques mois plus tard, un autre agent de retour de Russie, put enfin apporter des éclaircissements. Le détachement précurseur avait été fait prisonnier dès son atterrissage, puis le radio contraint de jouer le jeu (les autres avaient été exécutés sur place par le NKVD). Lorsque l’Arado s’était présenté pour attérrir une batterie anti aérienne ouvrit le feu malgré les ordres et chassa l’avion qui se rendit au terrain secondaire pour déposer ses « colis ». Il atterrit, dépose le side-car et les deux agents, puis remet les gaz, une aile heurte un arbre, un moteur est arraché des bâtis et l’aile prend feu. En fait les Russes certains de coincer l’Arado au sol du premier terrain, n’avaient pas gardé le terrain secondaire. Les troupes russes dépêchées sur place découvrent la carcasse de l’avion en feu mais nulle trace de l’équipage. Ils rentrèrent en Allemagne en 1952.
Et les agents ? Roulant à vive allure sur la route de Moscou ils aperçoivent un barrage routier. Le conducteur freine et le side fait un tête à queue. La sentinelle demande les papiers des passagers et de la moto. Tout est en ordre. Le soldat est un type lent. Le major lui dit : « pressez vous je vous prie, nous avons roulé toute la nuit et nous sommes fatigués ». Le soldat sursaute. Deux heures auparavant il a plu à torrents, mais les vêtements des « passagers » et le side sont propres et secs. Le couple est arrêté, interrogé et condamné à mort. Ils ont eu droit à la balle dans la nuque des traîtres.
Si malgré les préparatifs minutieux de cette opération on avait affublé les passagers de vêtements poussiéreux et maculé le side qui était sensé avoir fait une longue route. Les deux agents s’en seraient facilement sortis. Dans l’armée on aime tout ce qui est nickel et paraît sortir du magasin.