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Sujet: ANF-Les Mureaux 190 & Potez 230 Mer 26 Juin 2024 - 11:32
Bonjour à tous,
Suite au passage sur Ebêê.de d'une nouvelle photo du Potez 230, une petite synthèse sur ces 2 avions, prototypes prometteurs, hélas non développés à temps comme beaucoup, à cause des nationalisations de 1936 ...
D'abord quelques documents que j'avais mis en ligne il y a quelques années dans le Quizz :
Citation :
Prototype de chasseur léger ANF-Les Mureaux 190 C1, qui devait être capable de dépasser les 500 km/h avec seulement 450 CV, tout en étant aussi bien armé qu'un Morane 405 de l'époque : un canon de 20mm et 2 mitrailleuses MAC de 7,5mm.
Exposé au Salon de Paris de Décembre 1936 - Archives du Magazine Flight
L'avion sera trahi par le manque de fiabilité de son moteur et, bien qu'une version avec train rentrant ait été étudiée, elle ne sera jamais construite ...
Néanmoins, la cellule, et particulièrement sa voilure, étaient intéressantes pour l'époque. Leur légèreté est particulièrement mise en évidence par les caractéristiques de l'avion :
Longueur 7m20 x Envergure 8m38 x hauteur 3m00 - Poids à vide 850kg - Maxi 1.29kg Vitesse maxi 420/440 km/h au niveau du sol, 460/520 km/h en altitude (les chiffres diffèrent selon les sources) Plafond 10.500m - Autonomie 800/1.000km
Lors de son exposition au Salon de Paris de 1936, il attira l'attention des soviétiques, lesquels s'empressèrent d'en demander des brochures et des détails techniques, et c'est de cette compilation que j'ai tiré les détails suivants :
Par la suite, du fait des regroupements industriels, le projet sera repris par Potez en tant que Potez 230, mais la structure particulièrement légère de l'aile sera, ainsi que sa forme elliptique pour dégager la vision vers le bas, seront conservés.
Ne bénéficiant que de peu de priorités, l'avion ne volera, hélas, qu'en 1940. Il intéressera aussi les allemands, qui l'emmenèrent chez eux. Il semble qu'il y disparut dans un bombardement.
Moteur Salmson V-12 de 450 CV, dans l'axe duquel devait être monté un canon Hispano de 20mm :
Archives du magazine Flight http://www.flightglobal.com/pdfarchive
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Marc_91 Colonel
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Sujet: Re: ANF-Les Mureaux 190 & Potez 230 Mer 26 Juin 2024 - 11:42
Article de Jean Liron dans Aviation Magazine du 15 Septembre 1963, via Gallica :
ANF-Les Mureaux 190
Courant 1934, l’ingénieur Pineau de la Société Salmson avait dessiné pour la Coupe Deutsch de la Meurthe un moteur de 450 Ch dont la puissance en pointe pouvait développer 750 Ch. Ce moteur, le Salmson 12 Vars, possédait 12 cylindres disposés en V à 60° inversés, une cylindrée de 14 Titres et un régime normal de 3 800 tours/minute pour un poids sec n’excédant pas 360 kg. Salmson ayant refusé le marché qui lui était offert par les Services techniques, acheva son moteur par ses propres moyens. Un devis de poids rapidement dressé montra à M. Brunet, intéressé par ces recherches, qu’un monoplace de chasse léger pouvait être établi autour de ce moteur. S’inspirant des nouvelles techniques mises en lumière par la Coupe Deutsch, André Brunet entreprit, dans les derniers mois de 1935, la réalisation d’un monoplace de chasse métallique destiné à recevoir le Salmson. Cet avion, l’ANF 190, correspondait au même programme que celui auquel répondaient les Morane-Saul- nier 405, Loire 250 et Nieuport 160 de 860 Ch. Mais le Mureaux s’en distinguait par un poids inférieur d’environ 800 kg, et une puissance moitié moindre, tout en transportant le même équipement et le même armement et en atteignant des vitesses égales. Présenté au Salon de 1936, le Mureaux 190 séduisit tous les visiteurs par la simplicité et la pureté de ses lignes, bien que son atterrisseur, par suite du profil très mince de la voilure, soit demeuré fixe. N’excédant pas 8,50 mètres d’envergure, l’aile, qui possédait en plan une forme elliptique, était raccordée au fuselage par de simples congés. Le fuselage coque portait une cabine fermée disposée, pour des impératifs de visibilité vers le sol, en arrière du bord de fuite de la voilure. Disposant de 185 litres d’essence, l’avion, à 450 km/h, pouvait tenir l’air pendant une heure 20 minutes. Le Mureaux 190, arrivé fin juillet 1936 à Villacoublay, reçut l’exemplaire prototype du Salmson 12 Vars. Après un premier point fixe le mercredi 22 juillet, Desjobert profita, le samedi suivant, du ralentissement des activités de l'aérodrome pour faire quitter le sol à l’avion. Le 30 septembre, il confiait l'appareil à Guignard pour la continuation des essais. Entre temps, le Mureaux avait été équipé du moteur définitif, moteur prévu pour recevoir un canon à travers le moyeu de l'hélice, arme qui compléterait le reste du système défensif prévu, en l’occurrence deux mitrailleuses de voilure. Au seuil de l'année 1937, le Mureaux 190 effectua encore quelques vols à Villacoublay, mais dut être abandonné par suite des qualités du moteur jugées incertaines, qualités qui feront que l’Hanriot 220 qui devait recevoir ce même type de moteur volera finalement avec des Gnome en étoile. Disparaissant peu à peu sous la poussière, au fond d’un hangar de Villacoublay, l’ANF 190 ne volera plus jamais.
Potez 230
Le Potez 230, qui avait été conçu comme chasseur léger par André Brunet au sein de la SNCAN, était, à travers l’ANF 191, un dérivé lointain du Mureaux 190. Pris en mains à la fin de 1938 par le chef pilote de la SNCAN Georges Détré, pour les lignes droites préliminaires, le premier vol du Potez 230 eut lieu en janvier 1940 après certaines modifications. Ce monoplan possédait une voilure basse de forme elliptique sur laquelle reposait un fuselage trapu dont la partie arrière était renforcée. Un revêtement épais et une construction en caisson de la voilure constituaient deux innovations propres à la SNCAN. Le moteur était le classique His- pano 12 Xcrs de 690 Ch, moteur qui avait depuis longtemps fait ses preuves sur un ^rand nombre d’avions et aussi sur le Mureaux 180. Dépassant 440 km/h au niveau du sol, la vitesse du Potez 230 s’élevait à 560 km à 5 000 mètres. L’hélice utilisée était une tripale métallique Ratier à changement de pas automatique, l’hélice prévue (à changement de pas commandée) n’ayant pu être livrée en temps utile, et l'armement allait consister en supplément du canon Hispano de 20 mm tirant dans le moyeu de l’hélice, en quatre mitrailleuses Châtellerault de 7,5 mm. Sa charge alaire, qui ne s’élevait qu’à 162 kg au m², permettait de retrouver la légèreté de construction des avions Mureaux. N’ayant pas été sabordé quand le 15 juin 1940 les Allemands envahirent l’aérodrome de Villacoublay, le seul exemplaire produit du Potez 230 fut capturé intact, démonté et envoyé en Allemagne où son nouveau procédé de construction intéressa sérieusement les techniciens d’outre-Rhin. Un dérivé plus lourd, appelé Potez 231, avait été dessiné autour d’un moteur Hispano 12 Y 51 de 1 100 Ch, puissance qui lui aurait permis, s’il avait été construit, d’atteindre 630 km/h à 5 000 mètres.
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Marc_91 Colonel
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Sujet: Re: ANF-Les Mureaux 190 & Potez 230 Mer 26 Juin 2024 - 11:57
Article de Jean Noël, paru dans le courrier des lecteurs d'Aviation Magazine International du 1er Décembre 1982 :
Avant la nationalisation des usines des Mureaux, intervenue le 1er mars 1937, qui seront englobées dans la SNCA du Nord, cette firme avait produit une série de chasseurs monoplaces légers types ANF Les Mureaux 170, 180 et 190. Ce dernier, pourvu d’un moteur Salmson 12 Vars de 450 ch apparaissait en 1936.
Après l’absorption des Ateliers du Nord de la France et des Mureaux. MM. Brunet, chef du bureau d’études de la défunte société, Lemaître et Hubert, continueront le développement des chasseurs légers Mureaux à Sartrouville, auprès des usines Potez-C AMS. également rattachées à la SNCAN depuis janvier 1937.
Ainsi, en automne 1938, l’étude du Potez 230 était lancée, l’appareil représentant un prolongement du Mureaux 190, mais comportant toutefois quelques améliorations dont la principale était un train d’atterrissage escamotable Messier. Il répondait au programme technique A-23 diffusé le 12 janvier 1937 réclamant un monoplace de chasse CL Le 3 juin suivant, un amendement faisait appel à des chasseurs monoplaces (Cl) légers et moins puissants. Le Potez 230 répondait à cette nouvelle spécification en concurrence avec les Bloch 700, Roussel R-30 et Caudron- Renault 760, 770 et 780. Aucun de ces avions ne dépassa le stade du prototype. Et ce fut peut-être mieux pour nos pilotes car. selon l’expression de l’un de nos éminents collaborateurs : « A la guerre, c’est le plus « fort » qui gagne !... ». Les essais en vol du P-230 commençérent à Villacoublay en décembre 1939 ou janvier 1940. Des troubles mineurs apparaîtront au cours des premiers vols. Cependant, après avoir remédié aux défauts de la machine, il atteignait 560 km/h à l’altitude de rétablissement de 500 mètres au mois de mai 1940. Il était propulsé par un Hispano-Suiza 12 Xcrs de 670 ch entraînant une hélice triplace Ratier. Une proposition d’installer un Hispano-Suiza 12Y aurait amené l’avion (Potez 231) jusqu’à 630 km h à 5 000 m. Lorsque le terrain de Villacoublay fut occupé par les forces allemandes le 15 juin 1940, le Potez 230 n°01 y était, intact. Il fut démonté et expédié vers un centre d’études, en Allemagne, afin que les vainqueurs du moment puissent en désosser de prés la structure de l’aile qui comportait des innovations susceptibles d’intéresser un constructeur. Cette voilure était, en effet, à revêtement épais et à structure en caissons. L’armement proposé comprenait un canon de 20 mm His- pano Suiza HS-404 monté entre les cylindres du moteur et quatre mitrailleuses d’aile MAC M-1934 M-39 de 7,5 mm. Caractéristiques : Envergure : 8,74 m - Longueur : 7,57 m - Hauteur : 2,18 m - Surface portante : 10,97 m² - Masse totale : 1 800 kg. Performances : Vitesse maximale : 400 km/h à 0m - 560 km/h à 5.000m - Autonomie : 1h 30mn.
Le Potez 230 C1 termina ses jours outre-Rhin. Il n'y laissa aucune trace, si même les Allemands ne l'ont jamais déballé de ses caisses.
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Marc_91 Colonel
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Sujet: Re: ANF-Les Mureaux 190 & Potez 230 Mer 26 Juin 2024 - 12:07
Un article anonyme sur le Potez 230, paru dans Aviation - Magazine de l'espace d'Avril 1961
Enfin, le Potez 230 résulta du développement, par l'usine de Sartrouville, des travaux du bureau d’études de la firme A.N.F. Les Mureaux, Ce monoplace de chasse avait une voilure elliptique issue de celle du Mureaux 190, mais c’est à peu près tout ce qu’il est possible de retrouver de ce chasseur sur le Potez 230. Celui-ci recélait un procédé de construction de la voilure en caisson pur à revêtement épais, le premier du genre ayant effectivement volé. Un moteur Hispano-Suiza 12 Xcrs de 670 ch entraînait le Potez 230 à 440 km/h au sol et à 560 km/h à 5.000 mètres. C'est Georges Détré qui décolla le prototype pour la première fois en janvier 1940, quelques modifications de détail étant dictées par les premiers vols, Selon les estimations du bureau d’études, le montage d’un moteur Hispano-Suiza 12 Y de 1.100 ch aurait donné à l'appareil une vitesse de 630 km/h.
Le Potez 230 fut découvert intact par les Allemands en juin 1940 et convoyé aussitôt en Allemagne où une liasse de dessins fut reconstituée à l'aide du prototype. Le procédé de construction intéressa particulièrement les techniciens allemands qui en tirèrent parti pour leurs propres productions…
Ce prototype apparaît au second plan d'une photo prise par un allemand à Villacoublay, et actuellement en vente sur Ebêê.de :
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Sujet: Re: ANF-Les Mureaux 190 & Potez 230 Jeu 27 Juin 2024 - 17:00
Le plan d'ensemble ci-dessous a été beaucoup diffusé mais semble approximatif :
Dans le blog "l'aviation selon Drix", l'auteur insiste sur cette occasion manquée du faity des nationalisations de 1936/37, et livre également beaucoup d'informations intéressantes sur cet avion aux ailes elliptiques, comme le Spitfire :
dans le Blog https://aviadrix.blogspot.com/2016/04/ il y a écrit:
[.../...] Les vitesses maximales furent : 440 km/h au niveau de la mer, 560 km/h à 5 000 m (atteints au CEMA le 8 Mai 1940).
La vitesse ascensionnelle, comme le plafond, ne sont pas publiés, mais ils avaient toutes les chances d’être excellents.
Le temps de patrouille à 95% de la puissance maximale était de 1 heure 30 minutes.
Cette vitesse de croisière, vraiment très rapide, atteignait donc environ 550 km/h et la distance franchissable passait à 825 km (considérablement plus que celle des Messerschmitt 109 E qui ne devait pas passer plus de 5 minutes au-dessus de 530 km/h. Elle était même supérieure à celle des Bf 109 F).
Il va de soi que la distance de convoyage, en utilisant un régime plus lent, dépassait clairement les 1 000 km.
En usage normal, le Potez 230 employait 3 réservoirs lui assurant 275 l d’essence, mais pour des vols de longue durée (type convoyage), il disposait de la capacité d’employer un quatrième réservoir de 80 litres. Dans tous les cas, l'essence de ce quatrième réservoir devait évidemment être consommée en premier.
Les performances de cet avion étant exceptionnelles, on pensa encore les améliorer en montant le moteur HS 12 Y 31 de l’Arsenal VG 33 à la place du 12 X. Un calcul brut suggère alors une vitesse de l’ordre de 602 km/h.
Comme on y associe dans la littérature une vitesse de 630 km/h, cela signifie plus probablement l'emploi d'un moteur 12 Y 51 de 1 000 Cv (mécaniquement, le calcul donne alors 634 km/h).
Mais la masse à vide eut été supérieure d’environ 100 kg et la traînée du radiateur eut été plus forte, ce qui aurait probablement limité le gain de vitesse.
Cela aurait quand même donné un avion équivalent au Bf 109 F 2 !
Il était malheureusement trop tard et, dans la panique des derniers jours de liberté de la région parisienne, personne ne pensa à évacuer ce chasseur si évolué vers des cieux plus libres.
Il tomba donc entre les mains des nazis qui l’emmenèrent chez eux et apprirent sûrement beaucoup, en particulier de la boite de torsion qui assurait la liaison entre les ailes et le fuselage…
Sur le plan tactique, le Potez 230 se serait retrouvé dans une situation encore plus favorable que le Mureaux 190 face aux mêmes ennemis (le train escamotable l'aurait rendu quasiment non identifiable).
Il aurait été confronté à des Bf 109 F vers l’Été 1941.
Les poursuites auraient été compliquées, mais la différence de maniabilité aurait été de même nature qu'avec le Mureaux 190.
L'expérience de la Seconde Guerre Mondiale a montré que les avions qui frôlaient les 600 km/h (Macchi MC 202, Yak I, Kawanishi N1K1 Shiden) pouvaient rester dans le coup jusqu'à la fin de la Guerre, à condition, toutefois, d'adapter leur tactique aux adversaires qu'ils attaquaient. [.../...]