Encore un inventeur aux moyens limités, dont le projet ne put aboutir sérieusement, faute de disposer du moteur souhaité, certes, mais est-ce la seule raison ?
Voici un oiseau dont la construction fut entreprise à Cleburne en 1926 par le texan immigré allemand Adolf Schad https://ancestors.familysearch.org/en/LKTP-X55/adolph--robert-schad-sr-1891-1971, avec l’aide technique et financière de cinq collègues. Mettant à profit son expérience de la réparation d’automobiles et plus tard de locomotives (!) il entreprit la construction d’un appareil qui se voulait performant et sécurisant.
L’appareil était construit en duralumin dont les ailes étaient constituées d’une coque intrados et une coque extrados réunies entre elles par des rivets traversants d’un modèle particulier, avec une forme générale m’évoquant irrésistiblement quelque chose de l’aile de Willard Custer, déjà évoquée ici … Mais à l’envers !
Si ces gars avaient pu se rencontrer (sans considérer la vingtaine d’années d’écart de conception), leurs discussions auraient pu être amusantes !
Les références sont assez rares :
https://texashistory.unt.edu/ark:/67531/metapth391539/m1/10/
http://www.aerofiles.com/schad.jpg
http://www.aerofiles.com/schad-patent.jpg
http://www.aerofiles.com/_sa.html
Adolf Schad aurait souhaité motoriser son appareil avec un Wright Whirlwind de 223 ch comme celui du Spirit of St-Louis, mais celui-ci coûtait quelques 1000$ et il dut se contenter, au moins provisoirement d’un Le Rhone rotatif de 80 ch à 200$, largement disponible (on admirera au passage l’interprétation ʺLa Rhomeʺ de ce moteur dans le lien texashistory ci-dessus)
Il put à cette occasion découvrir à ses dépens les délices des projections d’huile des moteurs rotatifs.
Avec ce procédé de fabrication, foin de longerons, nervures, et autres goussets, et quant au profil de l’aile, il y avait visiblement de quoi prendre peur.
Pourtant, ça a volé, ou ʺvoletéʺ peut-être !
L’appareil fut transporté au Blue-Bonnet Golf Course, près de Cleburne pour des essais menés par le courageux pilote d’essais Cal Murray qui ne put que constater qu’il était sous-motorisé et instable. Il fut effectivement endommagé, queue cassée lors de son deuxième vol.
A coup sûr, la stabilité en roulis devait être détestable, le décrochage et l’autorotation très méchants, voire irrécupérables, et les performances douteuses. Et quant à la visibilité vers l’avant, entre le mât vertical et les projections d’huile du moteur rotatif, ça ne devait pas être la fête pour le pilote !
Qui plus est le moteur Le Rhône était beaucoup plus léger que le Wright Whirlwind, nécessitant au minimum une correction importante du centrage par allongement du nez, ce qui ne parait pas avoir été effectué, si on se fie aux photos.
Sur les conseils de Red Robbins, lui-même pilote d’essais, la réparation aurait dû être l’occasion d’augmenter l’envergure de son appareil et de lui offrir enfin le moteur souhaité, mais la crise de 1929 est venue mettre fin à ses espoirs…
L’appareil fut finalement démantelé et seul restait à Schad un brevet obtenu le 17 septembre 1929 que l’US Government lui demanda d’ailleurs de libérer durant la seconde guerre mondiale, espérant peut-être mener à bout ces recherches sur des procédés de fabrication dignes d’une locomotive, sans la vapeur, tout de même !
https://books.google.fr/books?id=GTWgAAAAMAAJ&pg=PA682&lpg=PA682&dq=Adolph+R+Schad&source=bl&ots=O-iJmiWqGA&sig=ACfU3U0SXAj3G-8Y-xyeX95Dsno71qsMoA&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjhi6CgoK_1AhUSERQKHQZEA9AQ6AF6BAgSEAM#v=onepage&q=Adolph%20R%20Schad&f=false
