"L'état de guerre incite le scientifique à de grands élans d'imagination. Le monde à sa disposition s'élargit soudain dans des proportions insoupçonnées. Cela se traduit notamment par la possibilité de disposer de ressources à un degré dont on ne peut que rêver en temps de paix", écrivit le professeur Solly Zuckerman, un des principaux concepteurs britanniques des bombardements incendiaires sur l'Allemagne.
Durant la 2ème Guerre mondiale, l'Aviation fut une des grandes bénéficiaires de cette véritable explosion des budgets. Des bombardiers transatlantiques aux chasseurs supersoniques, en passant par les ailes en flèche ou les turboréacteurs, plus rien ne semblait impossible. Et les performances s'envolèrent en même temps que les nouveaux avions tout droit sortis des planches à dessins.
Mais comme il fallait s'y attendre, ces "grands élans d'imagination" rendus possibles par la débauche de moyens soudainement mis à leur disposition poussa également les ingénieurs dans des voies sans issue, ou vers de formidables et coûteux échecs qu'une analyse plus sereine des données et des perspectives aurait assurément permis d'éviter.
Tous les pays connurent évidemment semblables mésaventures, mais aucun davantage que l'Allemagne, ce qui n'avait finalement rien que de très logique. Confrontés à des adversaires toujours supérieurs en nombre, et soumis à une dictature qui exigeait des miracles, les ingénieurs allemands n'avaient en vérité d'autre choix que de tenter d'élaborer des "avions miracles", dont les performances proprement extravagantes compenseraient à elles seules l'infériorité numérique permanente de la Luftwaffe.
De fort nombreux projets proposés à cette époque dépassaient de très loin les possibilités techniques du moment. D'autres n'étaient que d'inutiles chimères. Certains enfin relevaient carrément de la folie furieuse.
C'est à une évocation de ces fabuleux oiseaux, dont la plupart ne volèrent jamais.
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