601ème & 602ème Groupe d'Infanterie de l'Air : Paras 1935-40

L'idée d'utiliser des avions pour emmener des saboteurs sur les arrières de l'ennemu remonte aux débuts de la Grande Guerre. Ils s'agissait des "Missions Spéciales", confiées à des pilotes qui étaient bien sovuent des pionniers de l'aviation. Un des plus connu est Jules Védrines, que vous voyez ici vec son avion, qu'il avait baptisé d'un nom prédestiné ... :

A l'automne 1918, un commando de 8 hommes fut entrainé par le commandant Evrard pour sauter et effectuer une mission dans les Ardennes, mais la fin de la Grande Guerre empêcha la réalisation de cette mission.

Mais l'idée restait dans l'esprit des militaires, notemment avec l'aérotransportation (voir Dyle & Bacalan), pour laquelle des expériences et des manoeuvres furent menées en 1931 et 35.

Ce furent les manoeuvres soviétiques d'Ukraine en 1935 qui convainquirent les français ; 3 officiers furent envoyés en Russie : les capitaines Geille et Durieu de l'Armée de l'Air, accompagnés du capitaine Charley-Durieu de l'Armée de Terre. Les 2 premiers obtiendront leur brevet de parachutiste russe en Mai 1935.

A leur retour en France, le capitaine Geille obtient du ministre Denain la création en Septembre 1935 d'une unité d'entrainement à Istres, puis d'une unité d'entrainement à Avignon-Pujaut. Les sauts s'effectueront depuis des LeO-20 de transport, semblables à celui-ci :

C'est le 1er Avril 1937 que seront crées les 2 premières unités parachutiste françaises :
- 601ème Groupe d'Infanterie de l'Air à Reims sous les ordres du commandant Arsac,
- 602ème Groupe d'Infanterie de l'Air à Baraki (près d'Alger) sous ceux du commandant Michel.
En sus de l'état-majour, chacune de ces unités comprend 8 officiers et 200 hommes dont 25 sous-officiers ; elles emportent également chacune 1 canon de 37mm, des mitrailleuses et des fusils-mitrailleurs M24/29.

Vous trouverez sur la photo ci-dessous prise au Musée de la Base Aérienne 112 de Reims les insignes de ces 2 unités, ainsi qu'un programme de 1937 ou 38 d'une de leur démonstration, portant la publicité du premier modèle de parachute utilisé :

Le transport de ces hommes est assuré par les biplans LeO, qui sont remplacés peu à peu par des Potez 540 tels celui-ci :

Puis par une quinzaine de Potez 650, qui en gardent les ailes et les moteurs, mais dont des fuselages plus spacieux permettent d'emporter 14 parachutistes équipés :

Le 601ème GIA touche également des Farman 224 (refusés par Air France), qui permettent l'emport de 40 parachutistes :

Les 2 GIA participent avec succès à de nombreuses manoeuvres et défilèrent même sur les Champs Elysées ; voici une vareuse et une casquette de sortie de soldat, au Musée de la BA 112 (maintenant fermée) :

En Février 1939, le 601ème GIA est envoyé en Afrique du Nord.
A la déclaration de guerre, le 2 GIA sont rapatriés en France : le 601ème GIA à Avigon-Pujaut et le 602ème à Montélimar.
En Novembre, ils sont regroupés et stationnés à Calais : on envisage de les faire sauter sur Walcheren, à l'Ouest des Pays-Bas ...

Mais rien ne sera entrepris.
En Février 1940, les 2 unités sont regroupées en une unité de Marche et en groupe francs, au Sud des Vosges.
Elle n'effectueront que des missions de surveillance, assurant la garde du PC du général Vuillemin, et couvrira la retraite d'autres unités sur la Loire près de Montargis.
Le 23 Juin 1940, les hommes embarquent pour l'Algérie, où les unités seront dissoutes le 25 Août.

Les hommes ne seront regroupés à nouveau qu'en 1943 pour créer le 1er RCP ... Mais celà est une autre histoire !!!

Une arme dévoloppée spécifiquement pour ces hommes : fusil MAS 36 CR 39 de 7,5mm à crosse repliable en Alu, exposé au Musée des Invalides :


Quelques liens :
- http://paras.forumsactifs.net/t464-naissance-des-paras
- http://commando-air-forum.forum2discussion.com/t2037-origine-du-parachutisme-militaire-en-france
- http://www.airtalk.org/centre-de-pujaut-avec-les-parachutistes-militaires-1936-vt14631.html
- http://www.traditions-air.fr/texte/GIA_601_602.html
- http://www.camps-parachutistes.org/t1589-le-capitaine-geille-fonde-le-centre-d-instruction-parachutiste-d-avignon-pujaut

Très intéressant, merci Marc!

Merci pour cette info que je ne connaissais pas

Bonjour,

Je m'intéresse au GIA 1/601 ou a été affecté le 2/09/1939 le Sergent Noël Gardenier décédé dans le Farman 224 N° 5 abattu par la chasse allemande en Juin 1940 Une réhabilitation de la mémoire de cet aviateur est en cours avec le Souvenir Français
Les GIA 1/601 et 1/602 faisaient parti de la 33ème Escadrille
Le GIA 1/601 était basé à Reims, le 22/02/1939 Noël Gardenier est affecté au Bataillon de l'Air 122
Le GIA 1/601 a reçu les 6 Farman 224 qu'Air-France a refusé, le 3/11/1939 sur le terrain d'Avignon-Pujaut, lieu de création en 1935 des GIA.

Quelqu'un connait t'il la composition de la 33ème Escadrille à cette époque ?
En quoi consistait le Bataillon 122 par rapport au GIA 601 ?
Merci d'avance pour votre aide

Re-re-re, Gilles

Tu es sur que le Farman 224 TT N°5 a été abattu par la chasse allemande ??? ... Voilà ce qui est dans le Fana N°463 :

Roland de Narbonne a écrit:

En Mai 1938, [.../...] le Ministère de l'Air s'avise que les six F 224 sont disponibles et feraient bien son affaire. Ils repassent donc à Toussus pour être militarisés, c'est-à-dire, pour l'essentiel, équipés pour le transport de 39 parachutistes, peints des couleurs de camouflage standard et dotés en arrière du poste de pilotage d'une tourelle abritant une mitrailleuse de 7,5 mm. Aucune modification mécanique n'est apportée : le n° 1 (ex 01) garde ses G&R K14 Kdr de 800 ch, le n° 2 ses Hispano 12Y de 920 ch, et les quatre autres leurs G&N 14N de 825 ch. Arrivé d'Algérie à l'automne 1939, puis stationné sur le terrain d'Avignon-Pujaut, le GIA 1/601 est le seul à être doté de F 224 entre novembre 1939 et mai 1940. Il s'en faut de peu que les avions déjà livrés connaissent une action opérationnelle le 11 novembre 1939 lorsqu'ils sont envoyés à Calais en perspective d'une opération aéroportée visant à contrôler l'isthme de Flessingue. L'opération est finalement annulée quelques jours plus tard, avec pour seul résultat l'attaque de l'un des appareils par la DCA anglaise ! Le 25 août 1940, le GIA 1/601 est dissous et ses avions stockés en Afrique du Nord en attendant des jours meilleurs. Finalement, quatre au moins sont réactivés dans l'armée de l'Air de Vichy au sein du GT1/15 et seront utilisés notamment lors des événements de Syrie. Trois seront réformés en juin 1941 à Oran-La Senia, et deux détruits au sol en novembre 1942 lors du débarquement allié en Afrique du Nord. Quant au dernier, son sort demeure incertain puisque réputé abattu au-dessus de la forêt de Rambouillet en juin 1940, il a été pourtant recensé à Avignon en juillet 1940... Il est vrai qu'en cette période agitée les informations étaient hasardeuses.

Quand à la fiche du SGA de cet homme elle me laisse penser qu'il été victime des combats désespérés de la Loire :

Marc, tu pourras informer Alain de Narbonne que le Farman 224 N° 5 immatriculé L-236 a été abattu le 12/06/1940 sur la commune de Sonchamp en forêt de Rambouillet et ne pouvais être recensé à Avignon !!!
Gardenier Noël était le mécanicien de cet appareil il a été blessé à la tête et a été transféré à l'hôpital d'Orléans ou il y est décédé 4 jours après.
Tu trouveras le détail concernant ce Farman sur le site France Crash 1939-1945 Fiche 1972 :
http://francecrashes39-45.net/
Bonne soirée

Bonsoir,

Un petit lien pour avancer sur tes compagnies et bataillons de l'air
http://atf40.forumculture.net/t588-les-compagnies-de-l-air
Les compagnies de l'air sont donc des subdivisions des bataillons de l'air, ici probablement la 13 ème compagnie du bataillon 122 ? comme dit sur ce lien les tâches étaient de cet ordre :
Assurer la vie du materiel roulant
Le logement du personnel des unités volante
Prévision du ravitaillement en essence et munitions
La garde et la défense de la plate forme et des installations
L'éclairage et le balisage du terrain....

Par rapport au GIA 601, le bataillon de l'air 122 probablement chargé d'assurer le bon fonctionnement de l'infrastructure au sol et le ravitaillement de l'unité .

Didier

Merci Didier pour ces explications et ces liens des différents sigles que l'on trouve dans les états signalétiques ou de campagne de nos aviateurs

Voilà ce qu'a écrit Christian-Jacques Ehrengardt dans le N°15 de son AéroJournal fin 2000 :

Merci Didier, j'ai eu ce document de la part du président du Souvenir Français, je t'adresserais une copie du discours que je prononcerais Vendredi à Rambouillet sur le lieu de ce crash, une nouvelle plaque souvenir rehabilitera le Sergent-Chef Noel Gardenier decede avec ses deux camarades dans le Farman 224 N°5.

Tu pourras nous mettre une (ou des) photo(s) ?