Bonjour,
Je viens vous parler d'une lecture toute récente :
Batailles dans le ciel, de Marcel Migéo, un ouvrage édité en 1943.
Il s'agit d'un livre destiné à répondre à l'argument "le ciel était vide", comme on en trouve beaucoup publiés à cette époque, car les aviateurs avaient alors besoin d'être réhabilités aux yeux des Français. Un ouvrage précédent de cet auteur,
Les rogneurs d'ailes, avait fait le procès des "vrais" responsables de la défaite : l'état-major, les dirigeants politiques et autres industriels (je ne l'ai pas lu, celui-là, mais la préface qui le mentionne est éloquente).
Donc,
Batailles dans le ciel raconte, en trois parties, la situation difficile des escadres de bombardement françaises avant et pendant la guerre (entendez : la bataille de France).
La première partie aborde la transformation de la 12ème escadre sur LéO.45, abandonnant les Bloch MB.210, suivie de l'entraînement intensif sur ce nouvel avion, notamment au bombardement de nuit.
La deuxième partie raconte la Drôle de guerre du point de vue de la 38ème escadre, en particulier les raids d'Amiot 143 sur l'Allemagne pour lancer des tracts. L'aspect état d'esprit est largement abordé, avec quelques anecdotes (des membres d'équipage qui chargeaient quelques pierres pour balancer quelque chose d'autre que du papier, à défaut de bombes).
La troisième partie revient à la 12ème escadre, cette fois en opérations, sous forme de journal. L'utilisation du LéO.45 en attaque au sol à une altitude de 500 m est largement dénoncée, résultats et drames à l'appui. Rappelons que cet avion avait été conçu pour le bombardement de nuit en altitude (5000 m)... Cette partie peut être lue - c'est très intéressant - en parallèle avec le journal de l'adjudant Camus évoqué dans les
Carnets de patrouille de Roland Tessier, qui aborde exactement les mêmes faits.
Voilà ! J'aime bien lire ce genre de bouquin. Il faut juste garder à l'esprit que ce sont des ouvrages "à thèse", conçus et publiés dans un but précis, au moment où l'armée de l'Air n'était plus que l'ombre d'elle-même, s'était depuis battue contre les alliés d'hier, pour finir dissoute en novembre 1942...
Un atout ,de taille, dans ce titre particulier : les illustrations magnifiques de Géo Hamm, grand artiste de la vitesse !