voili voilou, suite à un taf demandé par la prof de français, voici la fiche de lecture que j'ai rendu
elle est bien sur Très simplifiée, ou la pauvre dame se perdrait entre les FW190 et les Spits
dsl, les images sont pa passées
LE GRAND CIRQUE
1) Le Grand Cirque
Le livre que je présente ici est paru pour la première fois aux éditions Flammarion en 1948. Il coûtait 350 francs de l’époque. Il n’y a pas d’illustrateur mais l’ouvrage comporte des pages de photos, prises par l’auteur et ses camarades pendant la guerre. On peut s’attendre à un récit de guerre qui nous plonge dans l’histoire plus facilement, étant écrit sur du papier de l’époque. Il existe d’autres éditions plus tardives, notamment en poche, comportant des couvertures en image couleur.
2) Pierre Clostermann
Français, né en Amérique du Sud, en 1921, décédé en 2005, Pierre Clostermann, pilote d’avion de guerre, avait juste 19 ans lorsqu’en juin 1940, il gagna Londres tandis que son père rejoignait les Forces Françaises Libres à Brazzaville.
Il avait déjà volé sur Spitfire (avion anglais) avant d’être affecté au groupe de chasse « Alsace », seul groupe de chasse de la R.A.F uniquement composé de volontaires français. Il devint le Premier Chasseur de France, fut élevé au grade de capitaine et reçut la Légion d’Honneur, la Croix de Guerre et la D.F.C (Distinguished Flying Cross) pour son palmarès époustouflant :
-38 avions allemands abattus en combat aérien
-24 avions allemands détruits au sol
-12 appareils ennemis probablement détruits en combat aérien
-72 locomotives et une centaine de trains attaqués et détruits
-225 camions et voitures allemandes
-5 Panzers (chars allemands)
-2 petits bateaux lances torpilles
-1 sous marin en coopération
Pierre Clostermann comptait 2000 heures de vol, 293 missions offensives, 97 missions d’assaut et de bombardement et 42 missions de chasses défensives à la fin de la guerre. Pendant la guerre, il vola d’abord sur Spitfire, matricule LO-D, puis sur Tempest. Il avait baptisé son appareil « Le Grand Charles ». Après la guerre, il se consacra à la politique. Il fût élu à la seconde Assemblée Constituante comme représentant à Berlin. Il décéda en mars 2005, dans son petit chalet des Pyrénées.
3) Récit
Pierre Clostermann a rejoint les Forces Aériennes Françaises Libres en 1940 et vole pour la première fois au groupe « Alsace » en 1942. Il doit lutter contre les appareils allemands durant la bataille d’Angleterre, ses ennemis étant pour la plupart des Focke-Wulfs 190 A6 et des Messerschmitt BF 109 E, tous portant la croix gammée sur leur gouvernail. Il obtient bientôt ses premières victoires contre un ennemi qui ne cesse de lancer ses bombardiers sur Londres et ses bases aériennes. Après la bataille d’Angleterre, soldée par l’échec des avions nazis, Clostermann (ou Cloclo comme ses camarades le surnomment) est détaché du groupe français « Alsace » pour rejoindre le groupe de chasse n° 602 accompagné de Jacques, son meilleur ami. C’est la dure époque des escortes de bombardiers sur l’Allemagne, tout du moins jusqu'à la côte de la Baltique, le Spitfire n’ayant pas assez d’autonomie pour continuer. Il recevra alors un nouvel appareil, le Tempest, sur lequel il terminera la guerre.
Clostermann doit empêcher les avions allemands de détruire, par leurs bombardements, Londres, puis après le débarquement le 6 juin 1944, il doit aider les troupes alliées de l’Ouest afin de progresser en Allemagne pour permettre la capitulation nazie. Pour cela, il est obligé d’abattre les avions ennemis qui se dresseront sur son chemin et de bombarder tout véhicule allemand aperçu au sol. Il sera aidé dans cette tâche difficile par son escadrille qu’il commandera fin 1943 et surtout par son ami Jacques qui lui sauve la vie à de nombreuses reprises.
4) Critique
Le livre est excellent car il m’a permis de voir le point de vue des deux camps de cette guerre aérienne : ayant lu et présenté l’année dernière à ma classe un récit allemand (Pilote de Stukas de Hans Ulrich Rudel), j’ai pu ainsi approfondir et compléter ma connaissance de la vision allemande et alliée de l’aviation de l’époque à travers un récit français.
Le livre de Clostermann comporte des appendices très intéressants sur l’organisation de la chasse dans les deux camps, des documents d’époque, des citations, des notes personnelles de l’auteur sur la mécanique anglaise des avions de la 2ème guerre mondiale et de réelles informations qui ont fait le bonheur des historiens.
L’auteur relate très bien la vie quotidienne à la base ; ces descriptions sont très parlantes même si le vocabulaire est un peu compliqué pour ceux qui ne s’intéressent pas de près aux récits concernant l’aviation durant la seconde guerre mondiale.
Clostermann insiste sur l’esprit de solidarité qui caractérise tous les membres de l’escadrille, aussi bien « rampants » (personnel de l’escadrille qui reste au sol) que pilotes; il décrit aussi très bien les moments de décontraction de l’équipe au bar, après les missions périlleuses, les rares loisirs et permissions, l’accueil des nouveaux arrivés pour remplacer les vides laissés par les disparus, les mauvaises blagues faites aux mécaniciens…bref, la vie à la base aérienne comme si l’on y était !
5) personnage préféré
Mon personnage préféré est…le Tempest de Pierre Clostermann !
Le développement du Hawker Typhoon, commencé dès 1940, se révéla un désappointement pour les ingénieurs, l'avion ayant de pauvres performances pour prendre de l'altitude. Pour remédier au problème, on mit au point une nouvelle aile elliptique plus mince et on déplaça le radiateur vers les ailes. Maintenant équipé d'un moteur Napier Sabre, il fut mis en test en 1942. Avec toutes ces modifications, on changea son nom pour Hawker Tempest. Les différentes versions testées successivement en opération mèneront au Tempest Mk V qui sera mis en escadre dès 1943 à Langley. Le Tempest a l'honneur d'avoir abattu 638 V-1 des 1 773 qui furent lancés par Hitler au dessus de l'Angleterre. Cet avion se révèlera mortel pour les blindés allemands en Normandie et Pierre Clostermann abattra plusieurs avions de la Luftwaffe à son bord et détruira même deux destroyer et un sous-marin. La version ci-dessous est d'ailleurs "Le Grand Charles", surnom donné à son JF-E (matricule de l’appareil).
Cet avion est le dernier appareil sur lequel vola Clostermann en fin 1943. Cloclo ramena son « autobus volant », ainsi surnommé dans la R.A.F par les pilotes des petits chasseurs légers, souvent percé comme une écumoire, ayant été atteint par les chasseurs ennemis et par la redoutable Flak allemande de 88 mm.
L’avion fut baptisé « Le Grand Charles », sans doute en référence à Charles de Gaulle, dont Clostermann était un grand admirateur.
J’ai choisi ce « personnage » car il fut le meilleur chasseur de la R.A.F, très résistant aux impacts directs et pour ses qualités redoutables de chasseur : il suffisait de tirer une rafale de 5 secondes pour arracher l’aile de n’importe quel appareil ennemi en combat aérien…
On peut sentir aussi tout au long du récit que le pilote et son appareil ne font qu’un. Les pilotes affirmaient que le Tempest était facilement maniable. Mis à part de gros dégâts au niveau du moteur, on pouvait quasiment toujours rentrer à la base en urgence ou facilement sauter en parachute. Clostermann avait une confiance absolue dans sa machine.
6) Passage préféré
« …ça et là, dans la formation des forteresses, il y a des vides. De près on distingue des appareils avec un, ou parfois, deux moteurs arrêtés, hélices en drapeau. D'autres ont des empennages déchiquetés, des trous béants dans les fuselages. Des ailes ternies par le feu ou luisantes d'huile noire bavant des moteurs éventrés...Derrière la formation, on voit des traînards, qui, tendus vers le port de salut d'un des aérodromes avancés de l'autre côté de la Manche, ne volent que par un effort sublime de volonté. On devine le sang qui ruisselle sur des masses de douilles vides dans la carlingue, le pilote couvant ses moteurs valides, et suivant anxieusement du regard la longue traînée blanche de l'essence qui s'échappe de ses réservoirs criblés.
Ces forteresses isolées sont la proie favorite des Focke Wulfs ; aussi les squadrons détachent-ils deux ou trois paires de Spitfires chargés de ramener chacune d'elles à bon port : travail épuisant, car ces forteresses endommagées se traînent souvent à un tiers de leur puissance totale, et cela mène ceux qui les escortent à la limite extrême de l'endurance... Aujourd'hui, Ken nous envoie, Carpenter et moi, pour escorter un "Liberator" qui ne tient l'air que par miracle. Son moteur n°3 est complètement arraché du bâti, et pend, masse de ferraille inerte, sur son bord d'attaque. Le moteur n°1 est en feu, les flammes grignotent lentement le longeron et la fumée s'échappe des tôles d'aluminium de l'extrados, gondolées par la chaleur. Par les déchirures du fuselage, les survivants jettent par-dessus bord tout équipement superflu - mitrailleuses, bandes de munitions, radios, plaques de blindage... Afin d'alléger l'appareil qui perd lentement de l'altitude. Pour comble de malheur, une des canalisation hydrauliques éclate, libérant l'une des roues du train d'atterrissage qui, pendante, augmente encore la résistance à l'avancement. A 1800 tours minute et moins de 2 boost, 320 Km/h, nous devons zigzaguer pour nous maintenir à sa hauteur. Il y a plus de deux heures que nous sommes recroquevillés dans nos cockpits inconfortables et nous nous trouvons encore au-dessus de la France, à vingt kilomètres de la formation principale. Une dizaine de Focke Wulfs commencent à marauder autour de nous, se tenant à distance respectueuse, comme soupçonnant un piège... Inquiets, Carp et moi, nous nous efforçons de les suivre du regard. Soudain, ils attaquent, deux par deux. A court d'essence comme nous le sommes, nous ne pouvons faire face à chaque passe par un 180° très sec, tirer une courte rafale dans la direction approximative du boche, et reprendre immédiatement notre position par un autre rapide 180°. Le manège se répète une dizaine de fois, mais nous réussissons à maintenir à distance les Focke Wulfs qui finissent par se lasser - du moins le croyons-nous... Au dessus de Dieppe, les chasseurs boches cèdent la place à la Flak. Nous volons à 3000 mètres environ. La DCA allemande ouvre le feu avec une furie invraisemblable. Une véritable pyramide de flocons noirs chargés d'éclairs apparaît en une fraction de seconde. Violemment secoués par quelques fusants bien ajustés, nous nous séparons, Carp et moi, et prenons de la hauteur aussi vite que le permet notre maigre réserve d'essence... Le pauvre "Liberator" incapable de fournir la moindre manoeuvre violente est bientôt encadré. Cependant, alors qu'après quelques secondes angoissantes, nous le croyons hors de portée, une explosion se produit, et, coupé en deux, le gros quadrimoteur disparaît soudain dans une nappe de feu. Trois parachutes seulement s'ouvrent... Le cercueil d'aluminium incandescent s'écrase à quelques centaines de mètres des falaises, entraînant dans la gerbe d'écume les huit membres restant de l'équipage... »
Cet extrait est mon passage préféré car il est très poignant, dramatique et rempli de suspens. Les descriptions sont très riches. Il nous montre la dure tâche que représentait l’escorte des formations de bombardiers sur l’Allemagne, en particulier les appareils endommagés, ayant un moteur ou deux en panne.
On peut aussi voir que les appareils de bombardements alliés endossaient des pertes colossales : sur environ 700 ou 600 bombardiers, 100, 150 ne revenaient pas. Et quand on sait que dans les appareils, il pouvait y avoir jusqu'à 14 hommes par équipage, on imagine la tristesse des familles américaines. Les bombardiers anglais ont perdu plus d’hommes que le nombre d’officiers tués au cours de la 1ère Guerre Mondiale. C’était vraiment effrayant.
7) Thème développé
Ce récit est d’une très grande richesse. Il y a de nombreux domaines de connaissances qui peuvent séduire un large public de lecteurs : connaissances historiques, mécaniques, aéronautiques, stratégiques… Par ailleurs, la description des caractères humains, de la psychologie des personnages dans un climat de peur, de tension, de folie est très bien relatée par l’auteur.
J’ai beaucoup appris sur l’évolution des techniques aéronautiques durant la seconde guerre mondiale. Des progrès colossaux ont été réalisés durant un très court laps de temps aussi bien dans un camp que dans l’autre. Par exemple, l’évolution chez les Allemands de la motorisation des appareils. Les progrès techniques développés par les scientifiques et les ingénieurs du IIIème Reich font passer les avions de l’hélice au réacteur. Cette innovation conduira aussi à l’invention des terribles V1 et V2, lancés depuis le sol français et qui firent près de 1000 morts à Londres. Le récit de Pierre Clostermann m’a montré comment les chasseurs alliés essayaient de détruire ces redoutables engins de mort, soit en tirant à bout portant, soit en modifiant leur trajectoire d’un léger coup d’aile !!!